Lundi 23 décembre 2024

Politique

« Le langage polarisant n’a pas de place »

17/12/2019 Commentaires fermés sur « Le langage polarisant n’a pas de place »
« Le langage polarisant n’a pas de place »

Un langage polarisant utilisé notamment en période électorale porte préjudice à la cohésion sociale et partant peut conduire à la violence de masse. L’historien Eric Ndayisaba, enseignant-chercheur à l’Ecole normale supérieur, rappelle aux politiciens leur responsabilité devant la société et l’histoire.

Que peut-on comprendre par langage polarisant ?

Un langage polarisant est une communication violente utilisée par les membres de groupes, notamment les Eglises, les associations, les catégories sociales et plus particulièrement les partis politiques. Il consiste en des  paroles blessantes, insultes, préjugés et stéréotypes, des accusations, etc. Tout cela porte atteinte à la dignité humaine. Des paroles qui sont adressées aux  membres d’un groupe ou d’une catégorie sociale.

Un groupe se croit être seul patriote, détenteur de la vérité et considère les autres comme des ennemis du pays, des traîtres.  Chacun campe sur sa position. Ce langage  évolue dans un contexte d’une société basée généralement sur l’oralité et soumise à la hiérarchie. Là où la parole d’un leader revêt une importance capitale.

Pourquoi un groupe fabrique son ennemi ?

Un groupe a besoin d’un ennemi pour consolider son unité, quand il y a   manque d’arguments. C’est un langage cher aux politiciens, lors des compétions politiques. L’objectif étant la discréditation, la diabolisation et la disqualification de  l’adversaire. On l’a vécu dans la région des Grands-Lacs et le processus électoral de 1993 en est une illustration. Les adversaires politiques n’hésitaient pas à se considérer mutuellement comme des animaux, des corbeaux, des grenouilles etc. C’est la déshumanisation.

Que peuvent être les conséquences d’un tel langage dans la société ?

Nous sommes dans une société communautariste où l’individu compte beaucoup sur son groupe d’appartenance. Toucher son groupe, c’est toucher son cœur. Ce langage porte préjudice à la cohésion sociale. Il mûrit une frustration chez les  membres du groupe indexé. Ces derniers ne peuvent pas baisser les bras. Ils inventent des stratégies pour se redonner de la dignité car la violence appelle la violence. Ils se mettent dans une situation de défense et peuvent attaquer. On passe de la violence symbolique à la violence physique. C’est la violence de masse qui s’invite.

Nous sommes en période électorale. Que doit être le comportement des acteurs politiques pour prévenir de telles conséquences?

Les gens vivent dans la  psychose et n’ont pas besoin d’autres blessures. Il faut que les leaders politiques comprennent cette fragilité de la société. Avoir de l’empathie et tenir des discours constructifs. La compétition politique doit être franche. Pouvoir gérer la victoire et la défaite est important. Après les élections, la vie continue. Qu’ils sachentqu’ils ont une responsabilité devant l’histoire. Car la société les observe et l’histoire les jugera.

Pour les militants, il faut savoir décortiquer les messages allant dans le sens de la polarisation. Eviter la manipulation politicienne, faire preuve de moins de fanatisme pour construire une société juste. Parce qu’ils ont aussi une responsabilité devant la société et l’histoire.

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