Samedi 23 novembre 2024

Économie

Le Kargasok revient en force

Pourtant prohibé, le « thé de Kargasok » se vend dans les boutiques de Bujumbura et de l’intérieur du pays.

L’emballage du « Fungus Tea » dans une fabrique  au quartier Industriel de Bujumbura   ©Iwacu
L’emballage du « Fungus Tea » dans une fabrique au quartier Industriel de Bujumbura ©Iwacu

Passé une année d’interdiction à la suite d’une requête du ministère de la Santé Publique, le Kargasok revient en force sur le marché. Contrairement aux anciens fabriquants, les nouveaux promoteurs jouent sur la présentation de l’emballage du produit.

En effet, le « Best Kombucha » (Kargasok fabriqué au Rwanda) se commercialise emballé dans des bouteilles en plastique. L’étiquette est attrayante. Sur elle sont mentionnées six vertus de la boisson.
Le « Funfus Tea » (Kargasok burundais), quant à lui, se commercialise dans des bouteilles de 33 cl. Les étiquettes ne sont pas moins attrayantes.

Cette présentation extérieure apporte une valeur ajoutée. Si dans le temps, une bouteille de 65 cl se vendait entre 800 et 1000 Fbu, le prix du « Best Komboucha » vacille entre 1500 et 2000Fbu. La bouteille de 33cl du « Fungus Tea » s’achète 800Fbu contre 500 Fbu pour les anciennes marques.

Les prix apparemment élevés ne dissuadent pas les mordus du Kargasok (des jeunes entre 20 et 30 ans, pour la plupart) de mettre la main à la poche. Ils sont surtout attirés par les « vertus aphrodisiaques » du produit.

Une boisson toujours prohibée

A Muyinga et à Ngozi, les vendeurs livrent le produit emballé dans un sachet noir. La consommation ne se fait pas sur place. Et pour cause, les vendeurs savent que le produit reste prohibé et que de surcroît, c’est un produit de fraude. L’OBR confirme ce dernier aspect.

Au ministère de la Santé, le directeur du Département de la Promotion de la Santé, Hygiène et Assainissement (DPSHA) souligne que le produit reste toujours prohibé. Une des raisons avancées est que les vertus thérapeutiques inscrites sur les étiquettes ne sont pas encore confirmées par la médecine moderne. Et de plaider pour que l’administration et la police découragent la consommation de cette boisson sous toutes ses marques commerciales.
Au ministère du Commerce, Damien Nakobedetse, directeur du Bureau Burundais de Normalisation et de contrôle de la qualité (BBN) dit que ses services n’ont pas encore terminé toutes les analyses microbiologiques.

Une visite dans la fabrique du « Fungus Tea » montre que l’hygiène des locaux, des matières premières, l’état des équipements et de tout le processus de fabrication de cette boisson est appréciable. Toutefois, comme pour la plupart des unités agro-alimentaires burundaises, la part des activités faites à la machine reste faible.

Toutefois, il signale que le Kargasok est un produit qui est consommé depuis longtemps aux quatre coins du globe, surtout en Chine et en Russie. Mais il avoue avoir des appréhensions sur l’hygiène des locaux qui abritent les distilleries, les matières premières, l’état des équipements et tout le processus de fabrication de cette boisson.
Son ministère de tutelle dit attendre les résultats des analyses du BBN et l’avis du ministère de la Santé Publique pour délivrer une autorisation d’implantation d’une unité de production.

Enfin, au ministère de l’Intérieur, Gérard Nyandwi, Secrétaire permanent, admet que le ministère ne sait pas grand-chose de l’ampleur de la situation sur la fabrication, la consommation et la commercialisation de ce produit.

Signalons que la fabrique du « Fungus Tea » est située au quartier Industriel de la commune urbaine de Ngangara, à une centaine de mètres du quartier général de la police nationale du Burundi.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Bera

    La loi est ici divisee en deux from 1 meme texte: quand il s’agit des puissants (politiciens je veux dire), son application est difficile a comprendre, pour le reste des citoyens , l’application de la loi est meme exageree, le cas deja cite de la stevia est l’exemple fragrant; meme le gouverneur qui confessait ignorer la stevia faisait tout pour la detruire….

  2. Ruzi

    Prohiber!

    Allez y et c’est bien pour le peuple; plus de taxes, plus de douanes et plus d’Al Capone’s!
    L’Occident a choisi, il y a longtemps de prohiber la drogue, ca n’a pas aidé le monde!
    Prohiber c’est violé le fondement même des « droits de l’homme »: LA LIBERTÉ ».

    J’aime un petit verre de whisky une fois par moi et je ne suis pas du tout dependant!

    A votre santé!!!

    • Murembwe

      Ruzi, wisky itemba ija hehe nkayivugutira umuti nitwahura? Soma rusose ariko ntuyigire umugenzi. Ntukayirahire yokugusesera agatabi.

      Il coute cher en frais hospitaliers, perte de productivite, charges familiales, etc.
      Je comprend votre point de vue mais si nos freres que je vois sur la photo avaient d’autres moyens plus saints de se la couler douce, ca serait preferable.

  3. Video

    « Toutefois, il signale que le Kargasok est un produit qui est consommé depuis longtemps aux quatre coins du globe, surtout en Chine et en Russie ». …en Chine et en Russie: Tout est dit!

  4. Nzobandora

    On dit qu’il s’agit d’une boisson prohibée puis pas d’action malgré que l’adresse de la maison qui fabrique ce poison soit connue par tous.
    La même barbarie administrative et policière pour déraciner la stévia aurait largement suffit pour en finir avec cette boisson et maintenant il faudrait connaitre de connaitre qui couvre cette fabrication et commercialisation.

    On a encore rien vu avec cette course généralisée et presque légalisée derrière les dessous de tables et commissions partout et dans n’importe quoi.

  5. ninde

    Iwacu bandanya musemerera nintambara muzindi izo nzoga zizokwica abantu ariko ntawupfa kabiri

  6. Honest

    Merci

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Question à un million

Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ? Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un (…)

Online Users

Total 2 008 users online