Le troisième sommet de Dar Es Salaam sur la crise burundaise semble avoir déçu l’opposition burundaise encore plus que le précédent sommet. La partie gouvernementale, quant à elle, fidèle à son autisme habituel, n’y a vu que du feu. Elle pense avoir gagné la partie, avoir ridiculisé les adversaires politiques et avoir conquis la sympathie ou tout au moins le respect de la plupart des dirigeants de la sous-région sinon davantage.
Pourtant, la déclaration finale de la rencontre des deux seuls chefs d’Etat présents, Jakaya Kikwete de la République Unie de Tanzanie et Yoweri Museveni de l’Ouganda, est bien loin de satisfaire une quelconque des parties en conflit au Burundi. Contrairement à la logique du roi Salomon qui favorisait la vérité et l’objectivité en traquant là où résident l’ignominie et le mensonge, ici il s’est agi de couper la poire en deux sinon les cheveux en quatre ! Ici, foin de rigueur logique ; foin d’observance stricte de l’esprit et de la lettre des textes de référence. Il s’agissait de marchander, louvoyer, s’atteler vainement à satisfaire des positions inconciliables…
Pour les deux chefs d’Etat, il fallait éviter d’enfoncer un pair déjà humilié par ses propres frasques. Il s’agissait de ne pas totalement s’immiscer dans les affaires intérieures d’un état en émettant un avis péremptoire sur la validité ou non de la candidature du président sortant. Mais ces mêmes dirigeants de la sous-région savent que la situation est explosive politiquement. Ils ont appris que le contexte économique du Burundi va s’aggravant de jour en jour au point que bientôt peu d’employés seront payés dans les mois qui viennent. Peu d’entreprises seront à même de contribuer à des rentrées fiscales conséquentes. Ils savent que les prix flambent et que le pouvoir d’achat chute de façon vertigineuse. Ils sont au courant que la misère avance à grands pas dans tout le pays. Ils sont loin d’ignorer que le marasme économique n’est plus une vision de l’esprit, mais une réalité cruelle à peine supportable pour tous les Burundais. Kikwete et Museveni s’inquiètent tout autant, sinon plus, de la résurgence d’une rébellion dont on sait comment elle commence, jamais comment elle s’achève…
Mais, comme souvent en Afrique, les deux présidents ont ignoré les textes pour uniquement coller de manière irrationnelle aux turpitudes du moment. En fin de compte les recommandations du sommet piègent toute la dynamique de paix. On le sait, rien de ce qui est demandé ne sera satisfait. Même le plus simple, comme le report des élections présidentielles est motif à ergoter, à ratiociner en solitaire. Aucun désarmement ne sera fait, aucune ouverture médiatique ne verra le début d’un commencement ; aucune mesure sérieuse qui ramène la paix et la confiance dans le pays ne sera prise.
Là où le roi Salomon a fait appel à une maïeutique extraordinaire qui a permis de démasquer la femme qui voulait la mort de l’enfant de sa rivale[1] , nos présidents ont procédé à un jugement qui a consisté à jeter l’eau sale avec le bébé.
Les conséquences d’une telle légèreté sont grosses d’une tragédie incommensurable pour le Burundi et peut-être pour la sous-région entière dans un proche avenir.
______
[1] Cfr le premier livre des Rois (3, 16-28)
@Can AM
Je te cite » Si Nkurunziza s’entête à garder le pouvoir pour 5 ans, l’Opposition, l’Église catholique et la société civile préfèrent BRULER le pays pour que tout le monde le perde. Où est la sagesse? Qui est meilleur que l’autre? A chacun de déterminer c’est quoi le moindre MAL. » C’est une calmonie sans nom que toute personne qui se sent injuriee, accusee gratuitement et jugee injustement devrait gutera ivyatsi yivuye inyuma. L’opposition et la societe civile sont habituees a l’accusation de tous les maux et c’est plus choquant quand tu impliques l’Eglise Catholique dans la destruction du pays pour avoir dit la verite rien que la verite. Uwugutuka ntagutorera. Ton affirmation fausse laisse comprendre que toute personne qui est contre le 3eme mandat n’a aucun droit ni de le dire ni de revendiquer quoi que ce soit, elle ne vise qu’a bruler le pays. Pour toi tu veux que les gens te repondent que la sagesse, le moindre mal c’est de laisser Nkurunziza briguer le 3eme mandat illegal parce que tous les droits sont a lui seul. En plus, tu ajoute ceci « les Burundais apparaissent de plus en plus comme des MENTEURS avec une philosophie de « Tout ou rien » tu es un bon exemple des MENTEURS.
Tu as bien complimente Mr Ngendahayo, mais je suis sur que son niveau intellecutuelle, sa capaciter de voir les choses ne peuvent pas soutenir que » l’Opposition, l’Église catholique et la société civile préfèrent BRULER le pays pour que tout le monde le perde. » Puuuuh.
Il ne faut pas comparer l’incomparable.Aucun roi ou chef d’état n’a jamais égalé le roi Salomon nanti d’une foi et de sagesse divine.
De près comme de fort loin, gouvernants et princes accouraient de toutes parts boire à la fontaine de sagesse qui coulait intarissablement de ses lèvres. Et leur contact avec lui était pour eux un enrichissement tel qu’ils lui prodiguaient en retour les cadeaux les plus somptueux, où l’or et l’argent se mêlaient à l’éclat des pierres précieuses les plus rares.Le monde politique actuel est certes démocratique mais un monde impitoyable en son sein.Il s’agit donc d’un univers dépourvue de foi .
Cher Jambo,
Comparer l’incomparable dites-vous? Alors vous ne connaissez pas le roi Salomon. Il était un homme avec des qualités et des faiblesses. Homme d’Etat, il a assassiné ou fait assassiné; il s’est adonné à la luxure… Il était loin d’être un saint et c’est peut-être pour cela que son exemple est intéressant. Ces gestes magnifiques sont à notre portée car c’est un homme. Et l’important n’est pas de tombé, mais de se relever comme disait l’Autre…
Fraternellement
Monsieur Ngendahayo,
le monde apprécie ton intelligence et ton engagement dans la politique burundaise, surtout depuis ta prise de position pour le FRODEBU dans la période sombre du temps de Buyoya.
Tu en sais quelque chose parce que tu as été victime, jusque à être poussé à l’exil due à la chasse engagée contre toute personne considérée proche de ce qui était alors pris pour une abomination : le FRODEBU.
Vous avez été un témoin privilégié de tous les mensonges et tractations qui ont entouré le remplacement de feu Ndadaye et, plus tard feu Ntaryamira.
Condamner les chefs d’états de l’EAC pour n’avoir pas su trancher pour un camp ou un autre est un peu malhonnête. Les Burundais ont toujours crié au loup et, le monde (EAC compris) a toujours payé et continue à ramasser les pots cassés. Trop c’est trop. Si les Burundais pensent que le Monde devrait AIMER le Burundi plus qu’eux-mêmes, alors il y a un problème.
Pour revenir au bébé du roi Salomon, on peut se demander vraiment à qui il appartient réellement et, qui l’aime. Si Nkurunziza s’entête à garder le pouvoir pour 5 ans, l’Opposition, l’Église catholique et la société civile préfèrent BRULER le pays pour que tout le monde le perde. Où est la sagesse? Qui est meilleur que l’autre? A chacun de déterminer c’est quoi le moindre MAL.
Je crois a la médiation mais, comme disait Camus, « Il n y a de dialogue possible qu’entre les gens qui sont ceux qu’ils sont et qui parlent vrai ». Or, les Burundais apparaissent de plus en plus comme des MENTEURS avec une philosophie de « Tout ou rien ». S’il vous plait, messieurs les politiciens, apprenez a PRENDRE et à DONNER.
Cela prend des gens intelligents pour voir l’évidence et, l’évidence est que le Burundi s’en va lentement mais surement dans l’ENFER. Ce qui est certain est que tous les camps seront responsables du MALHEUR qui va en découler.
Cher Kana AM,
Se lever et resister contre l’oppression n’est pas détruire un pays ou un people. Les vrais membres du CNDD-FDD qui ont fait ce combat le savent bien.
Opprimer les autres et mettre la main sur le coeur en étant horrifié qu’on s’oppose à l’injustice, à l’assassinat des libertés et des êtres humains est hypocrite et cynique.
Permettez que je cite un long passage d’un livre de Han Suyin intitulé « L’Arbre blessé » dans sa version française:
« Je m’engageai donc sur la route que suivent les indifférents, les timorés, les résignés, ceux qui acceptant n’importe quelle tyrannie en prenant comme excuse qu’ils ‘haïssent la haine’ et ‘détestent la violence’ et qu’ils croient à l’amour universel. (…)
Je devais apprendre un jour que cette acceptation tacite de la tyrannie est le rampart le plus sûr de la tyrannie, et que l’apathie, la crainte et l’indifférence sont les véritables meurtriers des libertés de l’homme ». (Han Suyin, « L’Arbre blessé », Paris, Stock, 1965, p 146 – 147
Cher Monsieur,
Au rythme des prises de positionnement des uns et des autres et la multiplication des experts sur la question burundaise, à force de cultiver le mensonge et le flou, le monde libre que nous ne cessons d’appeler au secours risque de ne rien comprendre….Il nous faudra alors des années et des années pour « reconstruire nos dignités », apprendre à nos enfants que le mensonge n’a jamais été une valeur et qu’il ne le sera jamais… Pour dire qu’aujourd’hui, il y autant de vérité et de mensonge qu’il y a autant d’âmes en âge de raison dans mon pays. Avec ce constat, bonjour les dégâts!
À Jean-Pierre Ayuhu,
Chapeau!
Mr Ayuhu, vous dites :apprendre à nos enfants que le mensonge n a jamais été une valeur. C est très vrai. Le mensonge est un grand fléau qui gangrène la société Burundaise et qui la conduira à son suicide. Plus un homme ment ,plus il est considéré comme intelligent, plus il tue plus il est érudit. Quant à reconstruire nos dignités :n oublions pas que 1972 et 1993 nous avons déjà absorbé deux génocides. Personne n’a jamais faire pire. Dignité? N est ce pas un gros mot?