Lundi 28 avril 2025

Sécurité

Le journaliste Willy Kwizera tabassé par des présumés Imbonerakure au campus Mutanga

28/04/2025 0
Le journaliste Willy Kwizera tabassé par des présumés Imbonerakure au campus Mutanga
Willy Kwizera : « Ils m’ont plaqué au sol à la ’’George Floyd’’ »

Ce reporter de la radio Bonesha FM n’a pas de chance, après son arrestation par des policiers dans la matinée de lundi dernier au moment où il couvrait une manifestation et après avoir passé toute une journée au commissariat, accusé de ’’collaborer avec un groupe d’insurgés en vue de perturber les élections’’, Willy Kwizera a été arrêté, séquestré et passé à tabac par des ’’étudiants Imbonerakure’’ dans la matinée de ce lundi 28 avril.

Ces jeunes militants du parti au pouvoir se disent chargés de la sécurité au campus Mutanga à l’Université du Burundi.
Comme il est prévu une synergie des médias ce mercredi sur les conditions de vie des étudiants de l’Université du Burundi, raconte-t-il, je me suis rendu au campus Mutanga dans les homes pour m’enquérir de la situation.

Quand j’ai franchi un des portails du campus attenant au quartier Nyakabiga, relate ce reporter, j’ai rencontré ma première source : un étudiant qui se rendant dans ce quartier pour faire quelques achats.
« Je vais chercher un petit quelque chose à manger, l’unique repas de la journée, et du papier mais tout est devenu cher avec notre maigre prêt-bourse, difficile de joindre les deux bouts sans nous endetter avec les risques de se retrouver insolvables », a-t-il confié.

Mais ce reporter n’est pas allé loin. Quand j’ai voulu poser quelques questions au deuxième étudiant qui a bien voulu me parler de la vie au campus, révèle-t-il, je ne savais pas que je venais de tomber sur une balance.

Au lieu de répondre à mes questions, indique-t-il, il m’a proposé d’aller chez le représentant des étudiants pour une interview, ce qui tombait d’ailleurs bien, je comptais le rencontrer avant de chercher les responsables des autres services de l’Université du Burundi.

« Mais je venais de me faire avoir, et j’ai vite feint de n’avoir pas compris leur jeu et j’ai dit que j’allais d’abord prendre du thé dans la cafétéria du campus mais ils m’ont vite suivi en courant », fait savoir ce reporter.

« Plaqué au sol à la ’’George Floyd’’ »

Il poursuit son récit : « Et c’est là qu’ils m’ont arrêté. Avant de m’amener dans le bureau du représentant des étudiants, très redouté par la plupart des étudiants, et de me maltraiter, ces présumés Imbonerakure m’ont pris mon matériel, ma carte d’identité, le peu d’argent que j’avais sur moi, pas grand-chose, mes cartes dont ma carte bancaire de la CRDB et ma carte de presse ».

Selon lui, ils lui reprochaient de vouloir ternir l’image du pays, perturber les élections en envoyant des infos à des activistes burundais en exil dont Pacifique Nininahazwe, le président de l’association Focode (Forum pour la conscience et le développement), très critique envers le gouvernement burundais, initiateur du réseau Ndondeza qui répertorie tous les cas de disparitions forcées, de torture et d’assassinats impliquant les forces de l’ordre.

Ils ont fermé à double tour ce bureau du représentant des étudiants situé au Pavillon IX au premier niveau et ils n’arrêtaient pas de l’accuser de collaborer avec cet activiste et ils ont vite demandé à ce reporter de se mettre à plat ventre et les coups de matraque ont commencé à pleuvoir quand il n’a pas voulu signer un PV mentionnant qu’il était venu au campus pour perturber la sécurité et ternir l’image du pays.

Quand j’ai commencé crier à l’aide et me tordre de douleur, relate-t-il, mes tortionnaires, m’ont plaqué au sol, franchement à la ’’George Floyd’’ : « L’un d’eux a mis son genou ou son pied sur mon cou et les autres me rouaient de coups surtout au niveau des côtes et des hanches. Ils m’ont même menacé de mort me disant qu’ils pouvaient même me tuer et m’enterrer ou jeter mon cadavre quelque part. Là j’ai eu peur. L’un d’eux, le plus virulent, m’a même dit qu’il n’était pas étudiant mais en mission ».

Ils n’ont arrêté de le rosser que quand il a accepté de signer le PV et de demander pardon pour son ’’intrusion au campus pour perturber la sécurité’’. « Ils sont sortis de ce bureau et ils ont fait une sorte de délibération et par après ils m’ont remis tout ce qu’ils m’avaient pris, ils n’ont même pas voulu que je passe par le grand portail du campus Mutanga mais par des portes de derrière vers le quartier de Nyakabiga ».

Avant de partir et de rejoindre ma rédaction en boitant, trainant mes jambes et souffrant atrocement au dos, confie-t-il, ils m’ont demandé si j’étais traumatisé, j’ai répondu par l’affirmative et ils m’ont expressément intimé l’ordre de ne piper mot sur ce qui venait de se passer.
« Si nous entendons quoi que ce soit sur Bonesha FM ou ailleurs sur d’autres médias, tu auras des problèmes ». Et dire que nous sommes à l’avant-veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse …

Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu

Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.

Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.