Le récent geste d’intimidation à l’encontre du correspondant de la radio publique africaine(RPA) à Gitega, Gérard Nibigira, a inspiré la formule-choc au rédacteur en chef de la radio nationale du Burundi, Jacques Bukuru, selon laquelle « le journaliste n’a de loyauté qu’envers le citoyen », quoi qu’il arrive ! Le correspondant s’est réveillé récemment en trouvant les pourtours de la maison familiale immaculés de sang d’origine inconnu. Pour le correspondant de la RPA et l’opinion publique, il s’agit de la manifestation d’une main hostile au travail de Gérard Nibigira.
De l’avis encore de Jacques Bu kuru, « il faut néanmoins prendre l’affaire au sérieux car le problème qui est posé est celui de la sécurité des journalistes. Les rédactions en chef doivent en tenir compte, surtout en ce qui concerne les correspondants des différents médias qui travaillent sur le terrain ».
Pour André Palice Ndimurukundo, journaliste à la RPA, « le geste est destiné à empêcher les professionnels des médias d’exercer leur métier en toute liberté. Cependant, il ne faut pas céder à la panique car il en sera toujours ainsi lorsque les intérêts des puissants seront menacés ».
Du point de vue de Hugue Nkengurutse, journaliste à la télévision Renaissance, « le message est on ne peut plus clair : bientôt c’est votre sang qui sera versé. Le Conseil national de la communication (CNC) a condamné le geste. Les autres institutions du pays se devaient également de réagir de manière énergique. Il faut aussi craindre pour les deux ans à venir qui risquent d’être extrêmement difficiles pour les journalistes du fait des enjeux électoraux. L’enjeu est donc de faire comprendre à la population que son opinion compte pour défendre son droit à l’information. Il faut aussi une solidarité professionnelle. Le nouveau projet de loi sur la presse devrait trouver des solutions à ce genre de problèmes. « Notre métier est en danger. Il faut se battre pour notre liberté », martèle-t-il.
Pierre Claver Nsengiyumva, journaliste au groupe de presse Iwacu, estime qu’il y a une mauvaise interprétation du travail de journaliste : « Le journaliste n’invente rien. Il rapporte les faits. » Selon lui, celui qui est lésé a toujours la possibilité de se faire réhabiliter dans ses droits auprès des autorités compétentes. « Quelque chose d’horrible s’est passée. Ses enfants ont été traumatisés. Au rythme où vont les choses, demain on risque d’assister à pire », souligne-t-il.