Le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés en visite au Burundi appelle le gouvernement burundais et ses partenaires à inclure le volet de réintégration des rapatriés dans leurs programmes de développement. Dans ce cadre, l’Union européenne annonce la mobilisation de 40 millions d’euros pour la gestion des réfugiés et rapatriés burundais.
« Il y a les défis de la réintégration. Pour ceux qui ont passé beaucoup des années en exil, la réintégration est complexe et demande une assistance spécifique », indique Filippo Grandi, Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, dans une conférence de presse animée ce 9 février.
Il rappelle que les rapatriés jouissent d’une assistance alimentaire spéciale de trois mois fournis par le Programme alimentaire mondiale (PAM), en plus d’une assistance financière : « Ces dernières années, le PAM a eu des coupures dans l’approvisionnement des vivres à cause des difficultés financières, de sous-financement ». Selon lui, les injections de financements supplémentaires de la part des Etats-Unis ont permis de terminer l’année 2022 sans trop de coupures.
Filippo Grandi demande aux autorités burundaises d’inclure dans la politique de développement la composante de réintégration des rapatriés : « Les rapatriés n’ont pas de statut de réfugié. Ils sont des citoyens dans leurs pays. Mais, ils ont des besoins très spécifiques. Il faut être sensible à ces besoins et essayer de les aider ».
Selon lui, il est important qu’on appuie aussi les communautés d’accueil : « Il ne faut pas oublier que les rapatriés rentrent dans des communautés ayant aussi des besoins. Il faut faire une assistance qui couvre toute la communauté d’accueil ». Et d’appeler les bailleurs à faire des appuis supplémentaires pour la réintégration effective des rapatriés.
Il souligne que le HCR n’est pas une agence de développement. Pour la réintégration des réfugiés, il appelle les partenaires au développement à prendre la relève.
Concernant les réfugiés congolais se trouvant au Burundi, Filippo Grandi soutient qu’il faut que ces derniers aient accès aux activités génératrices de revenus pour ne pas beaucoup dépendre de l’aide humanitaire. Suite à la crise qui continue à l’est de la République démocratique du Congo, il rappelle que les pays voisins doivent toujours se préparer à recevoir plus de réfugiés.
Filippo Grandi salue l’ouverture du Burundi qui continue d’accueillir les réfugiés provenant de la RDC et autres pays, malgré les défis surtout économiques auxquels il fait face.
Quid de la sécurité des réfugiés burundais en Tanzanie ?
Selon Filippo Grandi, il y a encore environ 130 mille réfugiés burundais en Tanzanie. Il fait savoir que le HCR est prêt à les accompagner s’ils décident de rentrer : « On va légèrement augmenter l’appui financier qu’on offre aux gens qui retournent pour mieux couvrir les besoins des premiers mois d’intégration ».
Concernant la sécurité des réfugiés burundais en Tanzanie, il rassure que la situation s’est bien améliorée depuis ces dernières années : « Lors de ma dernière visite en Tanzanie, j’ai discuté avec la présidente de la Tanzanie. Il y a un engagement de sa part de continuer à héberger de manière correcte les réfugiés qui se trouvent sur le sol tanzanien ».
Cependant, le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés confie que la majorité des réfugiés burundais en Tanzanie n’ont plus de souci sécuritaire : « Il y a quelques années, les réfugiés ne voulaient pas rentrer en avançant des soucis sécuritaires. Les derniers sondages montrent que, pour le moment, beaucoup ont des soucis économiques. Ils sont sérieux, mais avec les appuis bien ciblés, on peut facilement aider ».
Sur le cas des 6 anciens réfugiés burundais en Tanzanie arrêtés par la police tanzanienne en 2020 et extradés au Burundi, le HCR dit qu’ils n’ont pas été abandonnés : « Nous avons des avocats qui sont en train de suivre le cas. Ils ne sont pas abandonnés. Il y en a qui ont été relâchés et qui se sont réintégré parce qu’ils ne veulent plus partir en Tanzanie ».
Un programme pour répondre aux besoins des réfugiés et rapatriés burundais
« Suivant l’approche régionale du HCR et d’ECHO (Protection Civile et Opérations d’Aide Humanitaire Européennes) pour la gestion des déplacements forcés, l’Union européenne a intensifié son action avec la mobilisation de fonds régionaux de 40 millions d’euros visant à apporter des solutions durables pour les réfugiés et les rapatriés burundais dans la région des Grands Lacs », a fait savoir Claude Bochu, Chef de la délégation de l’Union européenne au Burundi.
Selon lui, ce programme s’attachera à répondre aux besoins essentiels des réfugiés burundais dans les pays d’asile en matière de protection et de résilience et contribuera, pour ceux qui le souhaitent, à leur intégration dans les pays d’accueil à travers des projets spécifiques qui bénéficieront en même temps aux réfugiés et aux communautés hôtes.
« Il contribuera à créer les conditions propices pour un retour durable au Burundi en répondant aux défis entravant la réinsertion socio-économique des rapatriés ».
Selon Claude Bochu, ce nouvel appui de l’Union européenne vise à fournir une réponse globale et multisectorielle aux rapatriés et à leurs communautés de retour : « Une réintégration durable des rapatriés constitue un facteur de stabilité. L’Union européenne augmente donc son appui aux autorités burundaises dans leurs efforts de stabilisation de la sous-région ».
Et d’expliquer que le même programme facilitera le dialogue, l’apprentissage, le partage d’expériences sur la gouvernance des déplacements forcés et les solutions durables au niveau régional.
Il apprécie que depuis l’appel au retour lancé par le président burundais en 2020, 118 100 Burundais ont regagné leur pays. Pour lui, ces retours sont le signe positif d’une amélioration de la situation politique et sécuritaire dans le pays.