La fonction politique varie selon qu’on ait été élu ou nommé à un poste. Parmi ceux qui sont nommés figurent les gouverneurs de province, délégués du pouvoir exécutif au niveau des provinces. Ils sont des mandataires publiques.
Les gouverneurs des provinces, tels que prévus par la constitution du Burundi dans ses articles 138 et 139, sont des délégués du pouvoir exécutif au niveau des provinces. Ils sont chargés de coordonner les services de l’administration œuvrant dans la province, en exerçant les pouvoirs que les lois et les règlements leur attribuent. La Constitution précise que ces gouverneurs doivent être des civils burundais, natifs et établis ou ressortissants de l’entité territoriale qu’ils sont appelés à administrer. Ils sont de plus nommés par le Président de la République, après consultation avec les Vice-présidents de la République, et confirmés par le Sénat.
Un responsable nommé peut être révoqué de sa fonction par celui qui l’a nommé, d’où la différence avec les institutions démocratiques. Les mandataires élus sont plus libres dans leurs actes et dans leurs paroles pour mieux représenter le peuple, car ils ont une légitimité populaire. Quant aux mandataires publiques, ils rendent des comptes à l’Etat et doivent se conformer à ses directives. Cependant les élus et les nommés sont tous au service du peuple qui les suit, et aucun d’eux ne devrait se prévaloir de sa fonction pour dépasser ses prérogatives ou les confondre, surtout lorsqu’il s’agit de rendre compte de ses actes.
Entre déconcentration et décentralisation
La fonction de gouverneur est différente de celle d’administrateur des communes qui constituent la province, même s’ils collaborent souvent. En effet, le gouverneur symbolise la déconcentration, alors que la commune est le symbole de la décentralisation.
La déconcentration est une technique d’organisation des administrations qui consiste à distribuer les agents et les compétences au sein d’une même personne morale, depuis une administration centrale vers ses services déconcentrés. Elle a pour but de décongestionner l’administration centrale et ainsi d’accélérer les prises de décisions au niveau local. Quant à la décentralisation, elle délègue vers des collectivités territoriales possédant une personnalité morale propre.
Ainsi donc, les gouverneurs des provinces se voient accorder des compétences et des pouvoirs au nom de l’Etat. Par exemple, ils vont pouvoir décider pour leur circonscription, sans attendre le feu vert des ministres. Ils disposent d’une compétence discrétionnaire d’appréciation.
Les collectivités territoriales, en l’occurrence les communes, bénéficient d’une certaine autonomie de décision et de leur propre budget (principe de libre administration) sous la surveillance d’un représentant de l’État (l’autorité de tutelle : le gouverneur).
L’ombre de l’Etat
Ce n’est pas un supérieur hiérarchique, il veille simplement à la légalité des actes émis par les collectivités territoriales. Ce contrôle est la contrepartie nécessaire du principe de libre administration des collectivités et rappelle le caractère unitaire de l’État.
Ainsi donc, les administrateurs communaux soumettent des rapports au gouverneur de province. Pour la prévision budgétaire, le gouverneur fait l’approbation à priori et à posteriori.
Cependant, pour des raisons d’appartenance politique, il arrive que le gouverneur ne soit pas en bons termes avec l’un ou l’autre administrateur. Ce qui risque d’engendrer un mauvais fonctionnement de la commune.
Une plus grande visibilité est nécessaire
Hélène Ndimwizinga de Karuzi en commune Shombo ne connaît rien du rôle d’un gouverneur. Pourtant, elle souhaite que le gouverneur intervienne dans toutes les questions cruciales qui hantent la population de sa province, en l’occurrence les conflits fonciers. B Nahayo, de la colline Bukirasazi et Josélyne Hatungimana, tous deux conseillers collinaires, indiquent que le gouverneur organise de temps en temps des réunions au niveau des communes pour échanger avec les élus locaux sur les projets de développement et même trouver ensemble des solutions à certains problèmes.
Et, en effet, le lundi 29 août, le gouverneur de la province de Ruyigi s’était déplacé vers la colline Nyarurambi, de la commune Butaganzwa, pour rencontrer la population de cette localité et échanger sur différentes questions et surtout celle en rapport avec la sécurité.
En commune Giheta, de la province de Gitega, Salvator ,de la colline Kibande, reconnait le rôle joué par l’ancien gouverneur de cette province, Selemani Mossi, dans la réclamation de l’indemnisation sur les biens endommagés suite à la route macadamisée reliant les provinces de Gitega et de Muyinga.selon. Félicité Banderembako, de la même commune, connaît le gouverneur à travers les appels qu’il ne cesse de lancer à la population de s’atteler au travail pour développer la province. Quant à Nadine Manirakiza, de Nyabibuye, elle souhaite que le gouverneur organise des réunions avec la population pour qu’elle puisse soumettre ses préoccupations.
Toutes les personnes qui se sont exprimées souhaitent cependant que les gouverneurs de province puissent organiser plus de descentes dans les collines pour s’enquérir des préoccupations de la population. Elles reconnaissent néanmoins que ces gouverneurs réservent des accueils bienséants à ceux qui vont soumettre leurs doléances.