Plusieurs bureaux administratifs et résidences de certains dignitaires sont des locations. Et Le budget alloué à ces locations augmente d’année en année. L’Olucome (Observatoire de Lutte contre les Malversations Economiques) y voit une sorte de malversation économique et un signe de mauvaise gouvernance.
<doc2959|left>«Le budget pour l’exercice 2012 prévoit 7.628.963.000 Fbu pour la location des bureaux administratifs et 10.504.860.000 Fbu pour la location des résidences. » explique avec regret Gabriel Rufyiri, le président de l’Olucome.
Des chiffres qui donnent le vertige : le budget affecté à la location des bureaux administratifs et résidences des dignitaires n’a cessé d’augmenter depuis 2004 à 2012. « Il est passé de 5 milliards de Fbu à près de 18 milliards de Fbu» déplore encore le militant anti-corruption.
Même les bureaux de la présidence et le palais présidentiel sont loués. : Le palais présidentiel est une propriété de l’ancien président Michel Micombero. L’Etat privilégie la location au lieu de penser à la construction de ses propres infrastructures. D’après nos enquêtes, les bâtiments loués sont très chers. Olucome voit rouge : « Ce n’est pas logique que l’immeuble sis à Makamba, abritant les bureaux des services de l’OBR puisse couter près de 7.000.000 FBU par mois ! C’est un simple bâtiment ! Même le building où travaille l’Olucome, un bâtiment plus grand, ne peut pas aller jusqu’à 9.000.000Fbu/mois alors qu’il est à Bujumbura où les maisons sont très chères » [ {L’Olucome n’occupe pas seule un immeuble à 9.000.000 Fbu mais il est parmi d’autres locataires qui paient ce montant, au total pour toute la location du bâtiment} – NDLR ]
Les heureux propriétaires sont les dignitaires
Les gens qui sont capables de construire ces maisons louées par le gouvernement sont en grande partie des dignitaires : « Plus de 80% des constructions se trouvant dans le pays reçoivent des marchés. Et ce sont les dignitaires qui construisent ces maisons en location.» Le représentant de l’Olucome n’hésite pas à citer quelques immeubles loués par l’Etat et qui appartiennent à des hautes autorités. Parmi ces derniers, « Emmaüs » abritant le siège de l’OBR, à Kigobe, appartient au Premier vice président de la République ; un autre bureau du même office qui est à Makamba est une propriété d’un député du nom de Ntasano, les exemples sont nombreux .
<doc2960|left>Le contrat de location est signé avec qui de droit
Le ministère des travaux publics dit octroyer des marchés de location dans la légalité : « Des gens ayant des maisons à louer nous apportent des lettres de manifestation d’intérêt. Et s’il y a un service demandeur, nous consultons les lettres reçues pour voir celle qui pourrait répondre aux services voulus », fait savoir Nkurikiye Ramadhan, directeur de la planification et de la gestion immobilière au ministère des Travaux Publics. Selon ce directeur, ceux qui disent que l’Etat utilise des maisons très chères n’ont pas du tout raison. Il précise qu’il y a une commission interministérielle chargée de la négociation, de la surveillance et du suivi des loyers versés et ou perçus par l’Etat : « C’est cette commission qui va négocier le loyer avec le propriétaire parce qu’il n y a pas de réglementation fixant le montant. Au centre ville de Bujumbura le coût d’un immeuble de l’Etat ne peut pas dépasser 6955Fbu/m2 or, les privés dépensent plus de 10.000Fbu/m2», précise-t-il.
L’espoir y est
La location des bâtiments de l’Etat n’est pas le meilleur choix, pour M.Nkurikiye : «Nous avons entamé certaines constructions et des études pour d’autres projets sont encours. » Parmi les bâtiments administratifs déjà construits ou en cours, le directeur de planification cite la construction des bureaux provinciaux pour les provinces de Bururi, Ngozi et Mwaro : « Nous sommes en train de bâtir un immeuble pour le ministère des Finances. Bientôt on construira la présidence et le palais présidentiel. Si le processus continue, nous espérons pouvoir surmonter le problème de location dans 15ans. »