Dans la cadre de la commémoration des 31 ans de l’assassinat de Melchior Ndadaye, le premier président démocratiquement élu au Burundi, son parti, Sahwanya Frodebu critique la gestion des élections de 2025 par la CENI et en appelle à l’unité des partis pour un scrutin transparent en 2025.
Dans son message livré ce vendredi 18 octobre, le président du Frodebu Patrick Nkurunziza n’y est pas allé avec le dos de la cuillère : « Nous sommes dans un contexte où les Burundais sont confrontés à de graves problèmes politiques, économiques et liés aux droits de l’Homme. Le pays est dans un état critique », a-t-il déclaré.
Et de tirer à boulets rouges sur la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qu’il accuse de travailler pour le compte du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, en vue des élections de 2025 : « La CENI sert uniquement les intérêts du CNDD-FDD, au détriment des Burundais ».
Le président du parti Sahwanya Frodebu demande l’abandon du dépôt des candidatures pour les législatives en décembre, qu’il considère comme « précipité et perturbateur ».
Léonce Ngendakumana, figure de proue du Frodebu et ancien proche de Melchior Ndadaye, s’est prêté à l’exercice de dresser un bilan des « 46 propositions » de l’ancien président.
Selon lui, certaines de ces propositions ont été mises en œuvre, tandis que d’autres restent inachevées. « Cinq propositions clés de feu Ndadaye demeurent d’une grande importance, il s’agit de l’éradication de la dictature militaire, la sacralisation des droits de l’Homme, l’instauration d’un État démocratique, la modernisation du monde rural et la valorisation du travail ».
Pour ce ténor du Frodebu, si les 46 propositions de Ndadaye étaient appliquées, elles conduiraient au développement du pays. « Il nous manque des hommes dévoués à l’intérêt du pays et de la population. La mise en application de ces propositions est essentielle pour notre développement », insiste-t-il.
Léonce Ngendakumana dénonce ce qu’il qualifie de « parodie de justice » dans le traitement judiciaire de l’assassinat de feu Président Melchior Ndadaye et exhorte les autorités à rouvrir le dossier pour rendre justice à cet ancien chef de l’État.
Que tous les citoyens aspirant au changement s’unissent
Pour ce militant de première ligne du Frodebu, il faut un retour aux Accords d’Arusha et à la Constitution de 2005, jugés essentiels pour la stabilité du pays.
L’ancien président Sylvestre Ntibantunganya appelle, quant à lui, les membres du Frodebu et ceux des partis issus de cette formation politique à l’unité. « Il est primordial voire crucial de nous rassembler pour faire face aux défis à venir », a-t-il martelé.
Le président du parti Sahwanya Frodebu, Patrick Nkurunziza s’est exprimé sur communiqué conjoint avec le parti Codebu de Kefa Nibizi, formé également d’anciens membres du Frodebu. « Nous avons uni nos voix pour rejeter catégoriquement le calendrier électoral proposé par la CENI. Nous sommes les héritiers de Melchior Ndadaye et nous ne pouvons accepter de telles manipulations », a-t-il affirmé.
Il rappelle que le Frodebu ne dispose que d’une représentation minimale au sein des organes électoraux, avec un membre dans une CEPI et quatre au niveau des CECI, soulignant ainsi l’injustice du processus.
Patrick Nkurunziza fait quelques confidences en évoquant des discussions en cours au sein du Frodebu pour rassembler les membres dispersés : « Nous avons discuté avec l’organe exécutif du parti Sahwanya Frodebu et nous sommes décidés à nous unir en tant qu’Inziraguhemuka, qu’ils soient encore dans le parti, qu’ils en aient été chassés ou qu’ils se soient joints à d’autres formations politiques. Nous y travaillons encore, nous sommes sur la bonne voie, et même si cela échoue, nous continuerons à collaborer en bonne intelligence à l’avenir ».
Le président du Frodebu réaffirme également que son parti est à l’origine de la création du CNDD-FDD, aujourd’hui au pouvoir. Il appelle ses partisans à la vigilance lors des élections de 2025, évoquant des « rumeurs de fraudes déjà planifiées par certains membres du CNDD-FDD à Bwiza ».
Patrick Nkurunziza exhorte le gouvernement « à libérer les prisonniers politiques et à permettre le retour des réfugiés burundais ».
Enfin, il a lancé un appel à l’unité des partis politiques et des citoyens désireux de changement pour garantir des élections transparentes et lutter contre la corruption et les malversations économiques.
I have a dream:
Voir tous les partis de l’opposition se coaliser pour un même pari ! L’Uprona (et tout ce qui en dérive), le Frodebu (et tout ce qui en dérive), le FNL/CNL (du moins ce qui en reste) et les autres UPD, MSD, … tous contre le CNDD-FDD lors des prochaines élections de 2025/2027. Evidemment, cela suppose que tous les leaders de ces partis acceptent de sortir de leurs egos individualistes. Les deux Nkurunziza, Olivier et Patrick, au côté d’autres leaders de l’opposition, ensemble pour une vision politique, même simplement électoraliste. Après tout, il y a beaucoup de pays où ce sont des coalitions qui gouvernent. Voyez l’Italie de Meloni, voyez l’Espagne de Sanchez. Pourquoi pas le Burundi?
Ce n’est qu’un rêve. I have a dream. Et qui sait! Yes we can !