Bibliothèques non équipées, des programmes inachevés, paresse et dégoût de lecture chez les élèves, telles sont quelques causes qui sont à l’origine de la régression du niveau du français dans les écoles secondaires de la mairie de Bujumbura.
Tel est le constat fait au moment où les rideaux tombent sur les cérémonies marquant la célébration de la Journée internationale de la francophonie, le 20 mars de chaque année.
« Le niveau du français continue à régresser chez les élèves tant à l’oral qu’à l’écrit », constatent avec regret certains responsables éducatifs, enseignants, parents et élèves rencontrés dans certaines écoles en mairie de Bujumbura. Les enseignants, les parents et les élèves se rejettent la responsabilité.
« Le niveau du français est très bas dans nos écoles », se lamente Chantal Keza, directrice du lycée municipal de Nyakabiga. Selon lui, la cause serait le fait qu’on ne favorise pas l’enseignement du français dans les premières années à l’école primaire. Et d’ajouter que c’est en bas âge que l’enfant à la facilité d’apprendre et de bien utiliser une langue.
Par ailleurs, poursuit-elle, il y a une certaine paresse chez les élèves. «Actuellement, on voit rarement un élève qui demande un livre de lecture ».
En outre, fait-elle observer, cette régression du niveau du français a une incidence sur d’autres disciplines. « L’impact est grand sur d’autres disciplines qui sont enseignées en français. Quand un professeur pose une question et que l’élève ne parvient pas à la comprendre, il tombe hors-sujet ».
Même constat du côté de Hatungimana Félicien, préfet des études au lycée municipal Gikungu. « La régression est là. Cela se remarque dans les réponses que les élèves donnent, dans la prise des notes. Quand on dicte les notes, les élèves sont incapables de suivre et de prendre notes ».
Selon lui, certains élèves montent dans le 4e cycle de l’école fondamentale sans avoir maîtrisé les notions basiques de la langue française.
Rémy Habonimana, professeur de français au lycée municipal Gikungu, 14 ans d’expérience, épingle le dégoût de la lecture qui se développe de plus en plus chez les élèves. Selon lui, très peu d’élèves maîtrisent la conjugaison. « Dans le 4e cycle de l’école fondamentale, on nous oblige de tout écrire au tableau ».
La responsabilité est partagée
Du côté de certains parents, le constat est amer. Ils reconnaissent la régression du niveau du français de leurs enfants. Pour eux, la responsabilité est partagée. D’un côté, ils fustigent le manque de bibliothèques. De l’autre, ils indexent certains enseignants dont le niveau de formation laisse à désirer. Et de faire observer. « Comment voulez- vous que l’élève soit performant au moment où son enseignant a un niveau faible ? L’on donne ce que l’on a ».
Les élèves, quant à eux, reconnaissent cette régression. Ingabire Bella, élève en 2e lettre moderne au lycée municipal de Nyakabiga, évoque la paresse de certains élèves qui ne veulent pas se documenter. D’autres ont peur d’utiliser le français dans leur conversation. « Il y a des élèves qui ne parlent pas français de peur que leurs collègues ne se moquent d’eux».
Il faut des solutions
M. Keza demande aux enseignants de faire aimer leurs apprenants la lecture. « Il faut que les enseignants poussent les élèves à faire la lecture et faire des exposés en classe. Il faut les initier à déclamer des poèmes pour développer leur expression orale ».
M. Hatungimana abonde dans le même sens. Pour lui, il faut des réformes allant dans le sens de rehausser le niveau des élèves. « Il faut restaurer les dictées et dicter aussi les notes. Il faut initier les élèves à faire des compositions ».
Rémy Habonimana lui emboîte le pas. Pour lui, il faut inciter les élèves à parler la langue française que ce soit à l’école et à la maison. Il suggère aussi une continuité des programmes entre l’Ecofo et l’École post-fondamentale.
Lameck Hatungimana, du lycée Scheppers de Nyakabiga, fait savoir que le faible niveau de français commence dès l’école primaire. Il recommande une réforme du français dès l’école primaire.
Même recommandation du côté de Bonnidée Ndayisenga, de la 4e pédagogique au lycée Scheppers de Nyakabiga. Il suggère de doter les bibliothèques de livres suffisants et variés.
Signalons que le français a été introduit au Burundi en 1916. Il est en même temps une discipline enseignée et langue d’enseignement.
Quid de la francophonie ?
La Francophonie désigne l’ensemble des personnes et des institutions qui utilisent le français comme langue de première socialisation, langue d’usage, langue administrative, langue d’enseignement ou langue choisie.
Pour rappel, la date du 20 mars a été retenue en commémoration de la signature, le 20 mars 1970, à Niamey (Niger), du Traité portant création de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT), première institution intergouvernementale de la Francophonie devenue en 1988, l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF). L’Agence est l’opérateur principal de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
F.H.
A l’heure où la Chine est en passe de devenir la première puissance mondiale, ne serait-il pas pertinent de substituer directement le chinois (c.à.d. le cantonais) au français sans avoir à investir dans l’anglais préalablement ?
Bel opportunisme!
Uwu niwo mwanya mwiza kugira ngo ikirundi c’Iwacu kigire imizi ikomeye. Biratangaje cane ukuntu ururimi rw’ikirundi ruriko rurabohwa n’iyi ngengo yitwa « globalisation. »
Effectivement; c’est une occasion en or, de rendre sa grandeur à la langue de Ntare.
Commencer à traduire tous les cours: maths, physique, histoire , géographie, biologie, etc , dans la langue maternelle. Et celui qui voudrait apprendre les langues étrangères n’aura qu’à les choisir en option.