« Rumuri », le flambeau. C’est ce nom élogieux que l’on donne à un universitaire. Tout un symbole. Pour les Burundais, un universitaire devrait être un modèle de la société, un éclaireur de ses petits frères et parents laissés à la colline. Il est supposé avoir une formation, des compétences et une largeur de vue et surtout de la hauteur qui le démarquent du reste de la population.
Cependant, l’intolérance politique qui s’installe dans les campus ces derniers temps suscite des doutes quant à leur mission d’éclaireur. Au campus Mutanga des tracts menaçants ont été trouvés en début de semaine. On pouvait lire notamment : « Des irréductibles sont très nombreux à l’Université du Burundi. Nous allons vous redresser quoi que vous fassiez. Celui qui ne veut pas s’aligner n’a pas de place ici.»
Pour les étudiants qui ont trouvé ces tracts devant leurs portes, les commanditaires seraient des jeunes étudiants affiliés au parti au pouvoir. «Ceux qui ont écrit ces tracts seraient du Cndd-Fdd dans le but d’intimider ceux qui n’adhèrent pas à leurs idéaux ». Deux camps s’opposent donc dans un même campus.
Certes, les étudiants ont le droit d’appartenir aux formations politiques de leur choix. Partout au monde, l’université est le lieu par excelle pour le combat des idées.
Le Burundi a opté pour la démocratie comme système de gouvernance. Celle-ci est fondée sur l’acceptation et le respect d’autrui. La tolérance des droits fondamentaux et les libertés de ceux dont on ne partage pas les points de vue. Du reste, un adversaire politique n’est pas un ennemi. Il est triste que des étudiants, ces « éclaireurs » ne comprennent pas ou ignorent sciemment ces principes de base de toute démocratie.
Les responsables politiques doivent aller vers ces étudiants pour leur expliquer qu’ils ont l’obligation de pratiquer la tolérance dans leurs propos et dans leurs actes.
Les autorités universitaires, elles, ont l’obligation de décourager la politisation malsaine de cette institution. La diversité, le pluralisme politique ne représentent ni une menace, ni un danger. Ainsi, elles auront joué réellement leur rôle de former des élites qui portent le flambeau qui éclaire et non la torche qui incendie.