Grâce au soutien de la Wallonie-Bruxelles, l’un des projets phares de la Politique Culturelle du Burundi, publiée il y a quatre ans débute. Un bon rendez-vous sonore et esthétique au Stade de Gitega.
<doc3160|left>Il faudra que la station météo à l’entrée de la ville de Gitega rassure, et que les tympans des visiteurs soient solides. Dans les tribunes de ce vétuste stade de Gitega, les tambours, autrefois réservés uniquement au roi, gronderont encore et encore pour les illustres visiteurs venus de Belgique, de Bujumbura, des environs et les âmes de nos aïeux dormant, par exemple, à Gishora, une dizaine de kilomètres plus loin. Ce sera ce 3 mars, un samedi, à partir de 10h30, juste après les travaux communautaires effectués sur le chantier de l’Université de Gitega, en construction à Tankoma.
La veille, à 17h, affaires oblige, les entrepreneurs belges rencontreront les investisseurs locaux au Cercle de l’Alliance Franco-burundaise de Gitega. Puis, une heure après, suivra le vernissage de l’exposition-photo titrée Fata ingoma mfate ifoto – Prends ton tambour et moi la photo, offerte par Teddy Mazina (après l’IFB au mois de février), Kristof Degrauwe et Marie-Andrée Robert.
Mais dès l’après-midi du 3 mars, il y aura eu foule au Musée de Gitega, où, avec l’appui de la Wallonie-Bruxelles, le Ministère en charge de la Culture offre depuis deux semaines une exposition sur le Tambour et les Danses traditionnelles burundaises. Où les visiteurs pourront découvrir comment on fabrique le tambour, ses différentes parties, des seins ({amabere}) aux {imirisho} (sexe adverse) en passant par le nombril ({umukondo})…
Où l’on croisera les planches qui expliquent les costume des danseurs Intore, coiffés de leurs {imigara} (herbes portées sur la tête par ces guerriers du Roi pour se camoufler).
A l’origine, un Festival International de la percussion
Dans le document de la Politique Culturelle du Burundi présentée en 2008 sur base d’une étude réalisée par le Professeur Emile Mworoha (Université du Burundi), on y écrivait : « L’art de la percussion (ingoma) constitue le volet le plus prestigieux du patrimoine culturel burundais, enraciné dans l’histoire, la culture et la politique du pays. A la faveur de la colonisation, le tambour sera désacralisé et l’art royal deviendra populaire, célèbre… »
Dans l’objectif de préserver cet héritage culturel unique, le Gouvernement du Burundi s’était donné comme mission de « créer un festival international de l’art et de la percussion, d’inscrire l’art de l’ingoma au patrimoine mondial de l’humanité et, enfin, d’élaborer une stratégie culturelle d’exportation du spectacle des {ingoma} du Burundi ». Par ailleurs, « l’exhibition des tambourinaires devrait faire objet d’une réglementation appropriée afin que le label du tambour garde toute son authenticité »… Même s’il n’en a pas l’envergure, la tenue du Festival des tambours de Gitega est un pas vers un rendez-vous avec l’ambition de la Politique Culturelle. A condition qu’il y ait une bonne organisation. Et de l’ambition.