Lundi 04 novembre 2024

Culture

Le festival ’’Buja Sans Tabou’’ suspendu pour ’’non-respect du tambour sacré’’

09/02/2022 8
Le festival ’’Buja Sans Tabou’’ suspendu pour ’’non-respect du tambour sacré’’
Des tambourinaires du club culturel Amagaba en costume de ville, tambours bien posés sur la tête

N’ayant pas respecté les principes sacrés de la ’’danse d’Umurisho w’ingoma’’, le ministre chargé de la Culture et de la Jeunesse a suspendu le festival Buja Sans Tabou organisé depuis le 7 février. Arguments avancés : protéger ce patrimoine culturel burundais.

A l’occasion du festival Buja Sans Tabou, les tambourinaires du club culturel Amagaba ont joué au tambour sans le port de leur tenue traditionnelle habituelle du tambourinaire burundais.
Ces artistes portaient des costumes : veste, chemise cravate et souliers. C’était dans l’après-midi de ce 8 février 2022. Leurs images ont fait le buzz sur les réseaux sociaux et suscité de nombreuses réactions dans des groupes WhatsApp et sur Twitter.

Les commentaires sont allés dans tous les sens. Il y en a qui y trouve de l’innovation, de la créativité, de l’imagination foisonnante, d’une certaine touche citadine, d’une évolution arguant que feu président Nkurunziza a battu le tambour en costume

Mais c’est au moment où d’autres internautes parlent carrément de sacrilège. « C’est une désacralisation ce n’est pas du sans tabou. Il faut plus de balises en ce qui concerne ce patrimoine immatériel de l’UNESCO », a réagi un internaute.
Et un autre de renchérir : « Il faut les punir sérieusement. » Un autre internaute demande au club Amagaba de demander plutôt pardon. Pour lui, ce club ne peut pas faire une chose pareille sachant qu’elle est contraire à la tradition burundaise.

Dénonciation sur dénonciation

Pour un autre inconditionnel de WhatsApp, c’est incompréhensible que les membres d’un club culturel jouent au tambour en costume alors que même le président de la République se met en tenue traditionnelle avant de battre le tambour. « En tout cas, ils ne pourront pas avoir des explications », ajoute un autre.

Les réactions fusent. « C’est de l’ignorance et de la désacralisation du tambour burundais. », estime un professeur d’université avisé sur la culture burundaise.

Dans l’après-midi du 8 février, le ministre chargé de la Culture décidera de suspendre immédiatement l’événement Buja Sans Tabou suite à ce ’’comportement ne respectant pas les principes sacrés de la danse emblématique, ’’Umurisho w’ingoma’’.
« Les tambourinaires se sont autorisés de s’exhiber en tenue de ville », accuse le ministre burundais chargé de la Culture et de la Jeunesse, Ezéchiel Nibigira dans une correspondance adressée au représentant de Buja Sans Tabou.
Le festival, motive encore le ministre, est suspendu dans le cadre de la protection, la préservation et la sauvegarde du patrimoine culturel burundais.

Dans son communiqué, Buja Sans Tabou a tenu présenter ses excuses au public, mais aussi aux autorités ayant dans leurs attributions la culture. « Les costumes a heurté certaines sensibilités », reconnaît l’équipe de Buja Sans Tabou.
Elle se justifie : « Cette scène de célébration d’ouverture des rideaux de la 5ème édition du festival de théâtre « Buja Sans Tabou » n’était que pour illustrer ce grand contraste d’une culture qui entre dans une autre, car en effet, cette 5e édition est avant tout une recherche sur soi aussi bien artistique que personnelle ».

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. JIGOU MATORE

    Moi je trouve qu’il n’y a pas péril en la demeure. Bon l’art c’est l’art, c’est une expression artistique qui peut être féconde en imagination pour plaire aux spectateurs. Il faudrait demander aux danseurs ce qu’ils ont voulu exprimer. Peut être le mariage et le mixage culturel. Disons que c’est une autre danse, une innovation inspirée de la danse traditionnelle d’umurisho w’ingoma. C’est donc deux danses différentes.
    N’exagérons rien, moi je trouve que ce n’est rien. La danse « ingoma traditionnelle  » reste ce qu’elle est.

    • Gacece

      @ JIGOU MATORE
      Mais c’est aussi la meilleure façon de perdre une culture! Si vous demandez à un jeune d’aujourd’hui, ou même des gens de moins de 60 ans, ils vous diront qu’ils ne savent rien du culte et des rites traditionnels comme « kubandwa », « kwatira », etc.).

      Pourquoi? À cause d’un laisser-faire comme celui que vous voulez qu’on adopte, mais aussi parce que si la colonisation n’a pas interdit certaines pratiques traditionnelles, elles les a carrément remplacées ou transformées pour les dénaturer.

      Nous devons protéger nos traditions et notre patrimoine! Au moins pour ce qui en reste.

    • Stan Siyomana

      @Jigou Matore
      1. Vous écrivez: « Peut être le mariage et le mixage culturel… »
      2.Mon commentaire
      a). Il y a tellement d’acrobatie du danseur et de mouvements brusques du batteur du tambour qu’une tenue relaxée qui permet l’aération du corps est nécessaire.
      Jewe mbona gufata singlet, ukagerekako ishati y’amaboko maremare, ukarenzako n’ikoti ryirabura, ugashirako na cravate sous la température de Bujumbura hanyuma ngo ugiye gusimbagurika pendant 20-30 minutes vyoshobora kugira ingaruka mbi ku muntu.
      b). Le « Retroussons les manches » (au Burundi), le « Kaunda suit » en Zambie et en Tanzanie et l’ « Abacost » (en République Démocratique du Congo-RDC) ont leur signification culturelle et historique.
      « L’abacost, abréviation de « à bas le costume », est une doctrine vestimentaire imposée par Mobutu en vigueur au Zaïre entre 1972 et 1990…
      Afin d’affranchir la population de la culture coloniale, elle interdisait le port du costume et de la cravate, au profit d’un veston d’homme, lui-même appelé « abacost » sans col, taillé dans un tissu léger et généralement à manches courtes … »
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Abacost

    • SAKINDI

      Faut appeler un chat un chat. C’est un sacrilège jouer du tambour en costume. Je suis un ancien tambourinaire ayant joué même dans les climats les plus froids en plein hiver. Loin du Burundi, jamais il n’a été question de jouer en chaussures ou en avec d’autres tenues que la tenue traditionnelle. Sachant ce qu’il en est du tambour actuel! c’est condamnable. une journée de travaux d’intérêt général pour rappel à l’ordre.

  2. Manirakiza

    Ces jeunes auraient dû demander conseil. Il y a des limites à ne pas dépasser même quand on veut briser les tabous. Ne pas oublier que cette culture est inscrite au patrimoine mondial. Nous Barundi, devons être les premiers à la respecter et la protéger.

  3. Jereve

    Buja sans tabou? C’est dans le titre: il fallait s’attendre à ce que certains tabous soient violés.

  4. Sebarazingiza

    Ibara k’umutemere!
    Ingoma y’uBurundi muri costume y’abazungu; abakoloni!

    Abo bantu ntibaze basubire gukora kungoma, baravanze ibitavangwa! Barahumanye!

    • Yan

      Gutamba ingoma muri costumes y’abakoloni ni ibara ku mutemere. Iyo bazitambana baskets gusa hoho nari kuvyumva gatoyi pour une question de confort minimal.

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