Le constat a été dégagé de façon unanime par les invités au club de la presse qui donne l’occasion aux professionnels des médias de parler, entres autres, de leur métier et de décortiquer l’actualité dominante aussi bien sur le plan national qu’international. Les invités ont émis une série de recommandations, notamment, la spécialisation des journalistes sur les questions économiques.
Jérémie Sindayigwanya, secrétaire exécutif du Réseau des journalistes pour le développement durable, a estimé qu’il est très difficile de faire une différenciation nette entre les questions politiques et économiques : « La politique, c’est aussi l’art de répartir des richesses nationales. » Les hommes et femmes des médias reconnaissent une certaine faiblesse dans le traitement des informations relatives aux questions économiques. Quand au prétexte de manque de documentation, il suffit, selon lui, d’aller sur internet pour la trouver.
L’autre axe, c’est la spécialisation. Le choix d’un angle de travail à l’instar de la RPA quand il s’est agit de la campagne contre la vie chère. « Il faut une spécialisation thématique et non linguistique. Cela ne nécessite pas beaucoup d’efforts », a-t-il souligné.
Pour Eric Manirakiza, directeur de la radio publique africaine(RPA), c’est une question de choix. « On ne peut pas parler de développement durable lorsque l’environnement ne le permet pas. Il faut d’abord assainir l’environnement socio-politique et sécuritaire», indique-t-il.
Selon lui, la RPA est l’une des radios qui a le mieux couvert la campagne contre la vie chère. Et d’expliquer : « Il y a eu une stratégie d’alerte de tout le monde. Les résultats ont été probants. L’autorité a apporté une partie de la réponse. » Bien évidemment, poursuit-il, il faut former des journalistes économiques et repenser la stratégie de travail.
Jacques Bukuru, rédacteur en chef à la radio nationale du Burundi, pense que le problème réside dans l’organisation des médias : « A la radio nationale, nous n’avons pas de sections thématiques. Les questions d’ordre économiques sont rarement programmées. Nous couvrons ces questions généralement sur commande et nous suivons moutonnement. » Par ailleurs, affirme-t-il, la rédaction se renouvelle continuellement et on ne sait pas garder longtemps des journalistes spécialisés. « On a, par contre, des spécialistes du sport », précise-t-il.
M. Bukuru estime que c’est aussi un problème de management : « J’en parle régulièrement avec les autorités de la Radio télévision nationale(RTNB). Même la politique n’est pas traitée correctement. On ne va pas au-delà des constats.» D’après lui, il y a aussi un mal être des journalistes à cause des conditions de travail précaires. Quant à Hugues Nkengurutse, journaliste à Télé-Renaissance, il confirme le manque de documentation dans les rédactions : « A Télé-Renaissance, on souffre aussi de ce manque de spécialisation et de lecture. » Si on ne lit pas, insiste-t-il, c’est difficile de s’en sortir.