<doc7565|right>Les crises violentes que vit le monde depuis le début de ce 21ème siècle interpellent le concept de droit et de force à cause de leur nature et surtout de leur gestion. [[<i>La guerre en Afghanistan, en Irak, les insurrections maghrébinnes, la guerre civile syrienne, la déstabilisation malienne, le coup d’état centrafricain, …]]
Droit et force sont ils fondamentalement antagonistes ? De leur conjonction ne pourrait-il pas naître la paix et la justice au sein des nations ?
Dès le 13ème siècle, Thomas d’Aquin avait déjà médité sur le concept de « la guerre juste ». Même les plus pacifistes reconnaissent souvent la nécessité parfois qui s’impose à recouvrer les droits des peuples par la violence.
En effet, que faire face à la tyrannie ? Lorsque les droits les plus élémentaires tel le droit à la vie, à l’éducation, à la propriété, au libre arbitre sont bafoués ? Que peut faire l’homme et la société meurtris si ce n’est se soulever et abattre la « Bête immonde » ? Seulement voilà, les guerres dites « justes » ont des règles ; elles ne se mènent pas comme les campagnes napoléoniennes ou les dévastations nazies : « Les guerres justes sont des guerres limitées conformément à un ensemble de règles destinées à éliminer, autant qu’il se peut, l’usage de la violence et de la contrainte à l’encontre des populations non combattantes. » [[<ii>WALZER, Michael, {Guerres justes et injustes}, Paris, Folio, 2006, p. 11]]
Michael Walzer rappelle que ces guerres reposent sur les principes dits de discrimination et de proportionnalité. Le premier consiste à séparer les belligérants des non combattants et des prisonniers désarmés, le second soutient l’idée d’une guerre rapide face à un ennemi inférieur en armement. Les dégâts collatéraux doivent être réduits au maximum. Qui pourrait jouer ce rôle de police internationale si ce ne sont pas les Nations Unies ? C’est en effet leur devoir premier particulièrement à travers le Conseil de Sécurité. Mais comme celui-ci ne reflète pas du tout l’expression de l’Assemblée Général, mais défend plutôt les prises de position des grandes puissances, le règlement des conflits est souvent biaisé quand il n’est pas saboté.
Déjà au 16ème siècle La Popelinière constatait que « les peuples vaincus n’ont pas d’histoire ». Dès lors que les opprimés sont conscients d’être hors de l’histoire, méconnus ; ils s’invitent à la fête par la violence. Dans ses Pensées ? Blaise Pascal (1623-1662) nous mettait déjà en garde : « (…) ne pouvant faire que ce qui est juste fut fort, on a fait que ce qui est fort fut juste. »
Tant que la force restera l’apanage de quelques pays, seuls leurs intérêts et leurs opinions auront pignon sur rue. Les vaincus, les oubliés à moins d’être exterminés réagiront et réagiront violemment en aggravant leur cas. La force du fort sera ainsi légitimée et celle du faible disqualifiée.
Comment sortir de cette quadrature du cercle ? Écoutons de nouveau Blaise Pascal :
« Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste. »
Seule une transformation du système onusien, de manière à ce que le Conseil de Sécurité devienne réellement représentatif des intérêts du globe terrestre, pourra nous promettre des lendemains meilleurs.