Le dossier semble diviser l’opinion. Après l’arrestation de certains anciens officiers et le lancement des mandats d’arrêt contre d’autres anciens hauts dignitaires du pays par le procureur général de la République, des réactions opposées dominent les discussions.
Ceux qui sont contre la mesure parlent de « spéculation, manipulation politique, manœuvre de diversion, deux poids deux mesures »… D’autres saluent une décision qui met « enfin » un terme à l’impunité.
Ce dossier est une affaire sérieuse. L’Histoire du pays a été bouleversée. Les esprits ont été déstabilisés. Les conséquences ont été nombreuses sur le pays et se poursuivent inéluctablement.
Les réactions sont variables selon les différents acteurs politiques, la société civile et même la diaspora burundaise. Elles renvoient à la résurgence des sentiments ethniques. Tout le monde évoque l’intérêt de l’Accord d’Arusha finalement qui confortait les uns et les autres.
Entendez Hutu -Tutsi. La question de la justice et de la vérité remonte à la surface malgré l’existence de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR). C’est une remise en cause de la CVR et finalement, c’est la réclamation de la justice non encore rendue.
Les Burundais ont besoin de connaître la vérité sur l’assassinat du premier président démocratiquement élu, ses proches collaborateurs ainsi que les massacres qui ont suivi. La justice doit combattre l’impunité, montrer que personne n’est au-dessus de la loi. Par ailleurs, il n’est pas nécessaire de choisir entre la paix et la justice. Les deux peuvent être associées pour punir les responsables d›exactions, de crimes odieux.
Cependant, comme d’aucuns l’ont déjà exprimé, ces mandats d’arrêt ne risquent-ils pas de subir le même sort que ceux émis auparavant sur d’autres dossiers ? Une telle action ne sera-t-elle pas sentie comme un coup d’épée dans l’eau par la communauté internationale qui est sollicitée dans la mise en exécution de ces mandats ? La Justice vient de jouer son rôle. Mais ce n’est pas la première fois. Question : Que faut il faire pour que les pays qui hébergent ces individus recherchés puissent les arrêter et les extrader ? L’autre question qui revient est celle de savoir si la justice ne serait pas « sélective », si vraiment tous les crimes et criminels sont visés…
Mais une chose est sûre : les Burundais ont soif de justice.