Nous pouvons tirer trois leçons de cette journée de « grève pour protester contre la vie chère. » La première, c’est la prise de conscience que c’est possible. Pacifiquement. Les menaces n’ont rien fait. La vie économique, du moins dans la capitale, était visiblement en grande partie à l’arrêt. La deuxième leçon nous concerne, nous les gens des médias. Par exemple, paradoxalement, deux journalistes présents à la même heure, au marché central, de Bujumbura ne voyaient pas la même chose. Pour l’un, le marché était achalandé, grouillant de gens, plein « comme d’habitude. » Pour l’autre, sauf quelques stands ouverts, « le marché était presque désert. » Donc, l’un des deux journalistes mentait. Ceci s’appelle de la manipulation de l’information. Ceux qui sont allés au marché central de Bujumbura peuvent bien sûr dire qui mentait. En tout cas, ceci n’honore pas notre métier… Enfin, le secrétaire général du gouvernement, toujours égal à lui-même, méprisant, a encore sorti son refrain éculé : la grève est le fruit des associations de la société civile « qui veulent des subventions des bailleurs. » Avouons que c’est quand même court comme argument. C’est même infantilisant pour tous les milliers de Burundais qui sont restés chez eux, même si pour certaines stations de radios, les magasins étaient ouverts, bureaux et marchés tournant à plein régime. Peut-être que « la vie chère » donne le don d’ubiquité…