Dans un contexte de tension, un discours métaphorique peut véhiculer une haine qui peut provoquer des violences. Eclairage de Chartier Niyungeko, expert en résolution et transformation des conflits.
Un discours métaphorique, souvent utilisé par des leaders dans la communication politique, est fondé sur une relation d’analogie ou de similarité. Il est notamment exploité par des leaders dans des situations particulières pour indexer les membres d’un groupe donné. « Ces discours suscitent des perceptions diverses négatives, du côté de l’audience. La peur dans les cœurs des gens, des tensions chez ceux qui se sentent visés», explique Chartier Niyungeko, expert en résolution et transformation des conflits.
Pour lui, en temps normal, sans conflit ni tension, un discours métaphorique ne cause pas de problème. Mais dans un contexte particulier, il peut véhiculer la haine. De tels discours peuvent être une attaque implicite contre les membres d’un groupe opposé. « Le message n’est pas facilement détectable. Les auteurs savent bien ce qu’ils veulent communiquer. Des gens avisés comprennent le message clé». Les auteurs poursuivent leurs intérêts et des objectifs à atteindre.
Chartier Niyungeko fait savoir que les conséquences peuvent être graves dans un pays déjà meurtri par des crises. Ceux qui sont du côté des auteurs adoptent des comportements de nature à inquiéter le groupe visé. Les membres du groupe indexé se sentent vexés, attaqués et menacés et ne se laissent pas faire. « Ils vont réagir par l’autodéfense et si rien n’est fait, ces discours peuvent conduire à des divisions voire des violences de masse».
Selon cet expert, la population peine à se remettre à cause des événements malheureux que le Burundi a connus. Elle est traumatisée et vit toujours sous le choc. Il préconise un langage rassurant, rassembleur et plein d’espoir pour éviter l’irréparable. « Les leaders doivent se mettre à la place de l’audience pour se poser une et mille questions pour savoir les éventuelles réactions».
Il appelle la population à rester sereine et à privilégier le vivre-ensemble et la cohésion sociale.