Dimanche 24 novembre 2024

Politique

Le dilemme électoral des Bagumyabanga

01/08/2016 6

Des élections sont organisées par le parti présidentiel depuis la base pour doter le Cndd-Fdd de nouveaux dirigeants. Des scrutins qui dévoilent des malaises internes.

Au congrès de Buye, le président Pierre Nkurunziza a appelé les Bagumyabanga à rester unis.
Au congrès de Buye, le président Pierre Nkurunziza a appelé les Bagumyabanga à rester unis.

Le congrès extraordinaire du Cndd-Fdd à Ngozi, à Buye dans le fief de Pierre Nkurunziza a supprimé le poste du président du parti. Celui-ci est remplacé par un secrétaire général aux pouvoirs amoindris, entouré d’un cabinet (le secrétariat exécutif), qui rendra compte désormais au conseil des sages dirigé à vie par le Chef de l’Etat.
Le Cndd-Fdd s’est donné deux mois pour mettre sur pied sa nouvelle direction. Pour choisir ce cabinet, il faut d’abord élire des représentants à tous les échelons du pays. A commencer par les collines, les communes et les provinces.

Quelques jours après le congrès de Ngozi, des réunions préparatoires des élections collinaires auraient été empêchées par le chef de police en mairie accompagné du conseil du maire en matière de sécurité. « Certains administratifs de la mairie seraient en train de déstabiliser le parti et d’organiser dans la clandestinité les élections de mise en place des organes du parti », dénonçait une correspondance du président du CNDD FDD en mairie de Bujumbura adressée à Pascal Nyabenda.

Le 2 juillet 2016, la police a dû intervenir pour séparer les membres du parti présidentiel qui ont failli en venir aux mains dans le quartier Kibenga, de la zone de Kinindo.

Le 16 juillet dernier, un officier de police de la garde présidentielle a été battu et blessé par des Imbonerakure sur la colline Kigufi, en commune Busiga de la province Ngozi. Il a voulu imposer des noms sur les listes des représentants collinaires du Cndd-Fdd dans la zone Rukeco dont il est natif.

Une organisation mise en doute

Jeudi 21 juillet, commune Rugombo, province Cibitoke. Des membres du Cndd-Fdd ont fait un sit-in devant la permanence du parti pour contester certains résultats des élections collinaires des dirigeants du Cndd-Fdd dans cette commune le 16 juillet 2016. Les cadres du Cndd-Fdd dans cette province ont rejeté les résultats de ces élections et désigné une personne de leur choix comme ayant gagné le vote, après avoir caché le lieu du second scrutin.

Dans une correspondance envoyée au président du conseil des sages du Cndd-Fdd, la direction du parti en mairie de Bujumbura se retire des congrès communaux prévus pour ce jeudi 28 juillet 2016.

Le président et le vice-président du Cndd-Fdd en mairie, Rénovat Nzeyimana et Saïdi Juma dénoncent des irrégularités dans la préparation de ces élections. Ils invoquent des listes de gens à élire autres que celles données par cette direction, en violation des lois régissant le Cndd-Fdd. Cette lettre pointe du doigt également, des directions parallèles du parti, ce qui cause des divisions et le non-respect des dirigeants reconnus, la corruption et l’achat des votes, ainsi que les menaces des dirigeants du parti et de leurs familles. Pascal Nyabenda, président du Cndd-Fdd, a décidé de reporter ces élections communales, ainsi que les provinciales prévues le 30 juillet 2016.


La démocratie made in Cndd-Fdd


Après un congrès appelant les Bagumyabanga à s’unir encore plus, en jurant que le parti ne connaîtra plus de frondeurs, il semble qu’ils réapparaissent.

Léonidas Hatungimana : « Les choses ont changé lors du congrès du 31 mars 2012. »
Léonidas Hatungimana : « Les choses ont changé lors du congrès du 31 mars 2012. »

Si Pascal Nyabenda a accepté le report des élections communales et provinciales dans la mairie, c’est qu’il reconnaît les dénonciations de la direction du parti dans la capitale. Mais il semble que cette pratique ne date pas d’hier au sein du parti présidentiel, du moins selon Léonidas Hatungimana, frondeur et ancien porte-parole du numéro Un burundais.

Les élections ont toujours existé au sein du Cndd-Fdd. Les grosses pointures du parti se réunissaient pour discuter du candidat de leur choix et négociaient à l’avance des voix parmi les électeurs du parti, se rappelle-t-il. « Les choses ont changé le 31 mars 2012 lors du congrès pour remplacer l’équipe des Jérémie Ngendakumana et Gélase Ndabirabe »

D’après lui, les élections ont commencé au niveau national au lieu de la base, la colline, puis les communes et les provinces. « Cela a été fait exprès car il y avait déjà un problème lié au 3ème mandat de Pierre Nkurunziza. » Après que je lui ai dit en janvier 2012 que ce mandat n’était pas envisageable, poursuit Leonidas Hatungimana, le président Nkurunziza a organisé une réunion des dirigeants du parti au niveau communal, provincial et national en février de la même année. « Je ne forcerai pas la Constitution comme Abdulaye Wade, mais si les membres du parti le veulent je serai candidat », a déclaré Pierre Nkurunziza.

Des votes par applaudissements

Selon Leonidas Hatungimana, comme il était déjà clair que certains membres du parti étaient opposés à un autre mandat de l’actuel chef de l’exécutif, il a été décidé de changer le mode électoral du Cndd-Fdd en commençant par le président du parti. « J’étais parmi les candidats et les candidatures ont été étudiées par le conseil des sages à huis clos. Pierre Nkurunziza a jugé ma candidature comme du mépris à son égard parce que je ne l’en avais pas avisé » M. Hatungimana se souvient que ce conseil, dirigé par le Chef de l’Etat, a décidé que Pascal Nyabenda serait le candidat unique au poste de président du parti, Victor Burikukiye et Joseph Ntakarutimana comme ses vice-présidents.

« Ils ont été imposés aux congressistes auxquels on a demandé de voter par applaudissements pour chaque candidat. Beaucoup n’ont pas applaudi. » Le même système a été copié dans les provinces. « Je me souviens qu’à Cankuzo, où Gabriel Ntisezerana était venu superviser ces élections, nous avons catégoriquement refusé de voter par applaudissements. »


Les candidats de Mutama

Les élections des dirigeants collinaires et communaux au Cndd-Fdd n’auraient d’autres visées que de placer les gens du président Pierre Nkurunziza.

« C’est ce même système qui revient aujourd’hui. Celui que Mutama (Le vieux) veut c’est tel. Applaudissez-le ou soutenez-le », leur dit-on sur les collines, rapporte Leonidas Hatungimana. Si tu ne le fais pas, ajoute-t-il, c’est que tu es contre Pierre Nkurunziza et c’est dangereux de nos jours.

A cause des mécontentements lors des collinaires, la tactique a été modifiée dans les communes. D’après une source dans le parti présidentiel, à Mpanda, le candidat de Mutama a certes été amené en poche, mais les autres candidatures étaient permises. « Une équipe est allée voir si les conditions des candidatures étaient remplies avec consigne de ne garder que le candidat du président comme étant le seul remplissant les critères du parti pour se faire élire. » D’après cette source, il a été d’abord demandé aux électeurs qui ne veulent pas de ce candidat de lever la main. Les gens ont eu peur, avec la présence du président du parti au niveau national. Selon un analyste politique, l’objectif est de mettre à la tête du parti depuis la base jusqu’aux provinces des gens qui voteront les yeux fermés pour le secrétaire général du Cndd-Fdd voulu au niveau national.

Au récent congrès de Buye, il a été créé un conseil de sages de 5 membres qui sera présidé par le 1er président de la République issu du Cndd-Fdd. C’est ce conseil qui nommera le secrétaire général du parti et son cabinet. Ces derniers seront approuvés dans un congrès par les dirigeants du parti qui sont en train d’être élus durant ces élections.

Forum des lecteurs d'Iwacu

6 réactions
  1. AM Kana

    Le phénomène de déstabilisation, de sabotage et d’espionnage entre états n’est pas nouveau. C’est toujours le fait de vouloir faire mieux que l’autre pour conserver une influence supérieure par rapport a l’autre.
    Que le Rwanda et le Burundi se soupçonnent, rien d’étonnant. Le Canada et les Etats Unis se surveillent mutuellement de même que tous les pays de l’Union Européenne. Le problème n’est pas que cet état de méfiance existe, le problème est que tel pays ne mette pas sur places des mécanismes de défense de ses propres intérêts, dans tous les sens.
    Les temps des élections sont des périodes sensibles ou les pays craignent que des éléments hostiles à leurs intérêts soient portés aux commandes.
    Pour le cas du Burundi, les interférences du Rwanda et d’autres pays de la région et d’ailleurs n’est pas un secret. Historiquement, le Rwanda et le Burundi se sont toujours surveillés. Il a été prouvé que des éléments rwandais étaient impliqués, jusque récemment, dans la vie politique du Burundi. La question est de savoir ce que le Burundi a fait pour contrer cette influence négative. Faut-il le dire publiquement ? Pas nécessairement. Ce qui est désolant est que des fils et filles du Burundi participent à la déstabilisation et la déshumanisation de leur Nation.
    Que le Burundi accueille des amis étrangers sur son sol est louable. Mais que ces mêmes « amis » se retournent contre et abusent les valeurs d’hospitalité et d’Ubuntu qu’offre le Burundi, cela est immoral et inacceptable.
    Que des Burundais appellent le Burundi « UKUZIMU » ou enfer, cela ne fait que donner des munitions à ceux qui veulent détruire le pays. Désolé, mais, ces gens devraient changer leurs noms ou se faire effacer dans le registraire Burundais. Peu importe ce que votre pays vit et le régime en place, il reste votre terre natale et, le reste n’est que pays d’adoption.
    La chanson « Gahugu kanje » MON PETIT PAYS du chanteur Canjo devrait toujours nous inspirer. Dans tous les cas, l’histoire du Burundi continuera à tourner avec ou sans nous, sauf que nous et les générations futures ferons toujours partie de cette même histoire. On ne dira jamais qu’on ne savait pas.
    Kana AM
    Gatineau, Quebec.

  2. roger crettol

    On peut vouloir mettre en doute les affirmations de Monsieur Hatungimana. Elles dénoncent une conception par trop manipulative de la démocratie à l’intérieur du CNDD-FDD.

    Une telle méfiance vis-à-vis des propos de Monsieur Hatungimana serait parfaitement justifiée si le CNDD-FDD, dans son exercice du pouvoir, n’avait amplement et visiblement fait usage des mêmes manipulations et intimidations.

    Avant que la France dépose sa motion, l’UA avait, elle, proposé l’envoi d’une force neutre d’interposition, alors que la violence était un problème quotidien. Cette violence a été étouffée – par une violence émanant des institutions et des franges obscures du pouvoir. Mais … le pays est-il à présent pacifié ?

    Dès l’irruption de la crise, le Burundi officiel s’est refusé – directement ou en utilisant tous les faux-fuyants imaginables – à toute ingérence étrangère. Pas étonnant, au vu des méthodes utilisées pour la petite cuisine politicienne et sécuritaire.

    Ah, l’étincelante souveraineté du Burundi ! Et l’irréprochable bonne conscience de ses dirigeants !

    Cette souveraineté et cette bonne conscience, exemplaires et virginales l’une et l’autre, rendent totalement superflues les accusations à l’encontre de la France, de la Belgique, des États-Unis, ou – peut-être même – du Ruanda.

  3. Salmia Irikungoma

    Le seul probleme que les Burundais souffle, ce sont les massacres et la chasse des opposants du pouvoir actuel par le pouvoir actuel au Burundi. La France est un pays etranger qui n’a jamais trouve de resolutions dans un aucun pays d’Afrique en guerre. La presence des policiens ou des soldats francais dans un pays Africains en geurre a toujours aggraves les conflits et la guerre perdure. La meilleure solution est que les militaires burundais qui sont dans le maintien de la paix dans d’autres pays rentrent pour ramener de l’ordre dans notre pays le Burundi, ou la population est exterminee a cause de son ethnie, de son parti ou de manque d’expression, et tout ca par le pouvoir de Bujumbura.

  4. Ntakije

    Je respecte le goupe de presse Iwacu mais je deplore la qualité des articles publiés ces derniers jours. Cet article, par exemple, parle des elections qui sont passées au Burundi sur base des temoignages d’une seule personne (le frondeur, Leonidas Hatungimana) qui ne vit plus au Burundi et aui n’a pas participé dans ces elections qui viennent de sepasser au sein du CNDD-FDD dont il n’est plus membre. Pardont pour mom francais.

  5. eric

    on a un GRAND problem vraiment.
    il faut pas avoir confience a la france .Ce pays a deja analyser nos faiblesses et l’objectif principal de la france et creer une guerre entre burundi et rwanda.
    comment ils vont faire.?
    Ils vont aider l’opposition de tuer le president et accuser le rwanda et voila un general burundais va attacker le rwanda et then on va creer une rebellion contre le rwanda
    la france est malade contre le rwanda mais il est n’est pas contre le burundi.
    ce pays va utiliser le burundi comme base arriere contre rwanda.
    le modere nkurunziza qui est jusqua maintenant defavorable a attacker le rwanda sera en danger si on accpete les policiers francais au burundi.
    Cher frere ces blancs jouent une carte reginale et grande et ils nous prennet comme ignorant et nous le somment vraiment care on jouent des petites politiques internes lorsque ils jouent les grandes cartes.
    NB:SORRY FOR MY FRENCH AGAIN

    • Theus Nahaga

      @Eric
      Que vient faire le Rwanda, que vient faire la France dans tout cela?
      Le Burundi a des problèmes internes qui en gros découle du troisième mandat de Nkurunziza.Ce ne sont ni la France ni le Rwanda qui sont à la base de nos problèmes. Cette manie de voir que voir des complots venus d’ailleurs est enfantile et ridicule

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