Les chiffres sont alarmants et la maladie devient de plus en plus meurtrière. Pourtant, la prise en charge du diabète par les autorités sanitaires se fait attendre.
En 2016, sur 430 personnes dépistées à Gahombo dans la province de Kayanza, 14 personnes avaient le diabète, soit 3.2%. Dans la province de Gitega, cette même année, sur 1670 personnes dépistées, 58 ont été positives ; soit 3.4%. A Cankuzo, 2817 personnes ont été dépistées, 50 avaient le diabète, soit 1.77%. Ces données parcellaires fournies par le ministère de la Santé publique témoignent de la présence indéniable de cette maladie dans tous les coins du pays et parmi toutes les couches de la société.
Dans sa déclaration du 14 novembre, la ministre de la Santé publique a fait savoir que le diabète demeure la troisième cause de morbidité et de mortalité après le paludisme et le VIH.
Cette maladie est, toujours selon des données du ministère de la Santé publique, la troisième cause d’hospitalisation au Centre Hospitalo-universitaire de Kamenge. 30% des amputations des membres inférieurs pratiquées à l’hôpital Prince Régent Charles sont liées au diabète. Elle a rappelé les facteurs de risque, entre autres, le surpoids, l’obésité, l’inactivité physique, les antécédents familiaux, une mauvaise alimentation, etc.
L’ophtalmologue Lévi Kandeke fait savoir que le diabète est la troisième cause de cécité après la cataracte et le glaucome. « Au Burundi, sur les 11 millions d’habitants, 25 mille souffrent de cécité. 8% de ces cas ont pour cause le diabète», alerte M. Kandeke.
Une faible mobilisation…
Cet ophtalmologue rappelle qu’il existe deux types de diabète, le type 1 et le type 2. «Le type 1 est fréquent chez les enfants et les jeunes et est dû à une production insuffisante d’insuline. Le type 2 est fréquent chez les adultes et est caractérisé par une faible sensibilité de l’organisme à l’insuline. »
Spès Nsavyimana, présidente de l’association pour la prévention et la prise en charge du diabète (APREPRIDIA), craint que le diabète ne soit en train de prendre de l’ampleur. «Nous avons effectué des campagnes de dépistage dans plus de quatre provinces. Sur 5649 personnes, 138 ont été dépistées positives. »
Cette association a récolté des données dans cinq provinces (Gitega, Mwaro, Muramvya, Ruyigi, Cankuzo) : 220 enfants étaient des diabétiques sous insuline.
Plus inquiétant encore, souligne Mme Nsavyimana, c’est que cette maladie prend de l’ampleur dans les milieux pauvres. «Comment peut-on demander à un paysan d’acheter un flacon d’insuline dont le prix est compris entre 17 et 20000Fbu». L’urgence est, selon elle, de faciliter l’accès aux traitements.
Bientôt la gratuité de l’examen de la glycémie
Autre difficulté, déplore-t-elle, c’est le manque de formation du personnel soignant. « Nous avons étrangement constaté, dans des centres de santé de l’intérieur du pays, des infirmiers qui ignoraient qu’il est strictement interdit de mettre un enfant sous daonil. »
Innocent Nkurunziza, directeur du Programme National Intégré de Lutte contre les Maladies Chroniques non Transmissibles (PNILMCNT), assure que des efforts sont fournis : «Nous organisons des campagnes de dépistage, nous espérons aussi faire une enquête démographiques sur la prévalence des maladies chroniques. »
M. Nkurunziza assure qu’un nouveau programme prévoyant entre autres la gratuité du dépistage pour les moins de 25 ans débutera avec l’année 2017. Le coût de cet examen varie entre 4000 et 5000 Fbu. Il garantit aussi que des réactifs vont être distribués dans des centres de santé pilotes. Toutefois, ils devront s’acheter des glucomètres. « Jusque là, 50% des centres de santé ne pratiquent pas un examen de la glycémie.»
Pour rappel, chaque 14 novembre est célébrée la journée mondiale de lutte contre le diabète, cette année le thème étant «les yeux sur le diabète».
>> A lire aussi : Mortalité et taux de prévalence du diabète
Ewe Burundi waragowe. Que fait le militaire en tenue de combat armé d’une Kalash dans un centre de santé.???
Courage Madame spes