Pour comprendre la problématique de la pénurie énergétique actuelle que vit le Burundi, Iwacu a approché un chercheur en économie. Pour le Pr Prime Nyamoya, l’effort à fournir est immense.
Avez-vous l’impression que la problématique énergétique transparait dans les priorités du gouvernement ?
La problématique énergétique date déjà de plusieurs années faute d’investissements dans la construction des barrages ou d’autres sources d’énergies alternatives et/ou renouvelables. La dernière étude de faisabilité sur le barrage de Kaburantwa – dit Kabu-16 en province de Cibitoke-, date de 1985 tandis que la construction du barrage de Rwegura, avec 18 MW, date des années 80. Pourtant, il y a des investisseurs privés qui s’intéressent au financement de projets du secteur énergétique ; mais le monopole de la Regideso les en empêche.
En partant des données que vous avez sur la situation d’autres pays, que coûterait au gouvernement d’investir dans les énergies alternatives comme le solaire ?
L’Etat burundais ne dispose pas actuellement de moyens financiers suffisants pour investir ni dans les énergies alternatives, ni dans la construction de nouveaux sites de production hydroélectrique. Une étude récente de la BAD – Banque Africaine de Développement- estime qu’il faudrait au minimum 2 milliards de $ sur la période 2010-2030 pour combler le déficit énergétique du pays. Il faut, par conséquent, créer un environnement favorable aux investissements directs étrangers (IDE) pour réaliser cet objectif. En commençant par abolir le monopole de la Regideso et mettre en place un cadre de régulation pour tous les opérateurs du secteur qui devraient être soumis aux mêmes règles.
Quelles devraient être les priorités pour le Burundi en matière d’énergie ?
Les priorités pour le Burundi en matière énergétique consisteraient à inviter les investisseurs, par un appel d’offres international, à construire des barrages dans les sites hydroélectriques déjà identifiés : Kaburantwa, Ruzizi II, Ruzizi III, Rusumo, … pour viser l’amélioration d’accès aux entreprises et des ménages à l’électricité. Mais également pour réduire les coûts et améliorer la fiabilité de l’approvisionnement qui devient un problème aigu actuellement.
Quelles sont, selon vous, les conséquences de cette insuffisance énergétique sur l’économie burundaise ?
L’insuffisance énergétique a des conséquences négatives sur l’économie burundaise ; car elle paralyse, partiellement ou totalement, des secteurs entiers, réduisant ainsi le taux de croissance potentiel et la création d’emplois, spécialement en milieu urbain. Pour satisfaire la demande attendue en électricité, le rapport de la BAD estime que la capacité de production du Burundi devrait atteindre environ 600 MW d’ici 2030. Aujourd’hui la Regideso en produit à peine 30 MW. L’effort à fournir est donc colossal. Le gouvernement et la Regideso devront trouver des solutions urgentes.