<doc516|right>{« Les larmes d’un homme coulent dans son cœur »}, Proverbe burundais.
Médard Ndayishimiye, chef du parti FNL dans la commune de Ndava, province de Mwaro, a été retrouvé mort à Ngoma, commune Musongati. [Il avait été enlevé par des hommes armés, à 43 kilomètres de là, à Gitega.->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1106]
Je ne reviendrai par sur cette exécution extrajudiciaire, une de plus, mais cet assassinat m’interpelle pour deux raisons majeures: la première, c’est la peur pour les voisins de faire le deuil, pour ne pas être assimilés à la personne éliminée. C’est nouveau. Jusqu’ici, les Burundais étaient toujours unis dans la mort. Les voisins, les amis venaient soutenir la famille éplorée.
Mais pour les plus âgés, cette peur de « partager » le deuil ravive une période sombre de l’histoire du pays. Les purges de la 1ère République en 1972 contre les « rebelles » Hutu. Pendant ces « événements », comme on disait, la vie devait continuer son cours normal, les femmes à qui on avait pris les maris, les enfants orphelins, tous devaient sourire, rire, ne pas faire le deuil pour ne pas être assimilés aux « rebelles ».
La seconde raison est un peu symbolique. Ce crime s’est déroulé à Musongati, un lieu très connu car il fait référence au nickel, minerai espoir de toute une nation. Normalement, tous les pays soignent leur image, embellissent, protègent les lieux susceptibles de leur amener investisseurs et touristes. Voilà notre promotion pour Musongati…
Mais est-il décent de parler du nickel, de l’image du pays, quand il y a élimination d’homme ? Mais après tout pourquoi pas ? On nous dit que tout va bien dans le pays. Tout est normal. Il faut sourire, rire. Même quand on a peur. Même si on est en deuil. Comme autrefois…