Les juges du Tribunal de Grande Instance de Gitega ont expulsé la famille d’Evrard Kiyago, dernier fils de feu Joseph Bamina, ancien premier ministre sous la monarchie. A la base, une maison familiale que l’on s’arrache.
<doc7089|right>« Le tribunal a été influencé par ma sœur qui veut à tout prix vendre cette propriété », se lamente Evrard Kiyago. C’était le matin du 4 février 2013 devant les juges du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Gitega venus l’expulser de la maison familiale. La tension était montée progressivement avant l’exécution du jugement. Les voisins et les passants étaient ébahis par les injures échangées entre la partie d’Evrard et celle de sa sœur.
Avant l’expulsion, les juges avaient pris soin de demander aux deux parties si elles pouvaient exécuter la décision des juges sans se chamailler. « On ne bouge pas d’ici »», avait alors rétorqué le dernier fils de Bamina. Au centre du conflit familial, le partage d’une propriété de 30 ares .« Si le tribunal n’est pas corrompu, pourquoi m’expulse –t-il avant de m’avoir donné ma partie », profère-t-il. Devant le tribunal, Evrard et sa femme plaidaient toujours pour la partition de cette propriété entre les quatre héritiers de Bamina, y compris la maison qu’elle occupe depuis son enfance.
Sa sœur, qui affirme avoir été mandatée par le reste de la famille, ne veut que l’expulsion pure et simple du benjamin : « Qu’il parte d’abord, et nous allons partager après! Nous ne lui permettrons plus de rester dans cette parcelle qu’il veut gérer comme sa propre fortune. » Triste tableau… Des injures fusent et les juges décident alors d’appliquer la sentence.
L’argent a tout gâché
Selon la version d’Evrard Kiyago, ce conflit date du jour où un grand commerçant de la capitale a proposé l’achat de cette propriété à plus de 400 millions fbu. « Je me suis opposé à cette offre, ce qui n’a pas plu à la famille. C’est à partir de là que les démarches de m’expulser par tous les moyens ont commencé », a-t-il indiqué.
Après que tous les biens soient jetés dehors et la maison cadenassée, les voisins et les amis de la famille évincée n’ont pas apprécié la manière avec laquelle le Tribunal de Grande Instance de Gitega a géré cette affaire entre les héritiers de Joseph Bamina. Du côté d’Evrard, on se demande pourquoi les juges se sont pressés à exécuter la sentence alors que la Cour d’Appel de Gitega avait tranché pour que tout le patrimoine familial soit équitablement partagé entre les quatre enfants de Bamina.
Même son de cloche chez l’avocat de la famille d’Evrard Kiyago qui ne passe pas par quatre chemins pour exprimer son désarroi. Pour lui, il y a deux poids, deux mesures. « C ‘est la décision de la juridiction supérieure qui prime sur la juridiction inférieure. Il est d’ailleurs interdit aux juges de statuer deux fois sur une même question », a expliqué Maître Léonce Nimenya. Il a indiqué qu’il porterait l’affaire devant la Cour d’Appel qui avait déjà tranché en faveur de son client. Au moment où nous mettons sous presse, Evrard et sa famille campent dans la propriété sans pour autant avoir le droit d’entrer dans son ancienne maison.