Jeudi 25 avril, le Cndd-Fdd a salué « l’étape franchie », quatre ans jour pour jour, depuis la tenue de son congrès extraordinaire. Au-delà du dit, ce que cela nous dit.
La déclaration lue par le secrétaire général du Cndd-Fdd, à l’occasion du quatrième anniversaire de la désignation du président sortant comme candidat du parti, établit un parallèle entre des « complots contre la démocratie au Burundi » et la crise d’avril 2015 : « La démocratie fut de nouveau mise à l’épreuve. Comme en 1961, après la victoire du parti UPRONA, les colonisateurs ont assassiné les leaders de ce parti et tous ceux qui partageaient la même idéologie. L’Histoire se répéta en 1993 avec l’assassinat du premier Président démocratiquement élu et avec lui ses proches collaborateurs et les principaux leaders du parti FRODEBU, Parti qui venait de remporter les élections. C’étaient des manœuvres pour faire obstacle au peuple de se choisir des dirigeants qui sont à même de chercher le bien-être de tous sans discrimination.»
Aux luttes pour le recouvrement de l’indépendance puis l’instauration de la démocratie, succède celle pour la préservation de la souveraineté qui serait menacée par « une frange de Burundais antidémocratiques à la solde des impérialistes et autres groupes aux ambitions d’assujettir les Burundais. » Ce parallélisme entre ces trois combats érige le président Nkurunziza en statue du commandeur marchant dans le sillage de ses illustres prédécesseurs. Cet extrait est, à cet égard, édifiant : « Le Parti CNDD-FDD félicite Son Excellence Pierre Nkurunziza, Président de la République du Burundi et Visionnaire de notre Parti, l’homme du Peuple, pour sa bravoure, son leadership patriotique et sa fermeté dans son combat contre l’impérialisme. Son attachement à la défense de la souveraineté et de la démocratie devrait inspirer les générations futures. »
En attendant la « vox populi »…
Il n’est pas encore temps pour les Bagumyabanga de s’endormir dans les délices de Capoue. Ce passage l’atteste : « Les mêmes radicaux n’ont pas désarmé, jusqu’à cette date, ils poursuivent leur entreprise néfaste en diffusant des rapports et écrits haineux et biaisés, en organisant des conférences fantoches visant à salir le Burundi aux yeux du monde. »
Dans ces conditions de batailles gagnées – pas la guerre contre l’impérialisme -, comment le parti de l’Aigle, à quelques encablures de la prochaine présidentielle, pourrait-il ne pas recourir au « visionnaire du parti et homme du peuple » pour les conduire à une victoire sans appel?
Quel autre exemplaire porteur de flambeau désigner, si ce n’est celui qui s’est élevé au-dessus du commun des Bagumyabanga ? Quid de la parole donnée du raïs ? Face à l’impérieuse « vox populi », le premier serviteur de l’Etat pourrait-t-il se dérober ?
En tout état de cause, cette sortie médiatique est un signal fort qu’il n’est pas encore temps de tourner la page « visionnaire du parti et homme du peuple ».
Au regard de cette rhétorique (identification des « ennemis du Burundi » et confirmation des « ambitions impérialistes »), en vogue au lendemain de la suspension de l’aide directe de l’UE au gouvernement burundais, le temps politique semble s’être figé. Et pour cause ! Aucune amorce de réponse n’a jusqu’aujourd’hui été apportée à la crise d’avril 2015. On se souviendra de l’échec des pourparlers initiés par Mkapa, mandaté par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est, qui finira par jeter l’éponge, complètement humilié. Les communiqués à la verve incendiaire du Cnared, du MSD et de la société civile en exil soulignant ce fait ne sont que la réponse du berger à la bergère.
Pour l’heure, la gestion de la crise politique – dans l’impasse – fait écho à la pensée d’Henri Queuille, homme d’Etat français : « Il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout.»