Manque de capital, insuffisance de terres cultivables, mauvaises conditions de vie, malnutrition,…Ce sont les défis auxquels font face les femmes rurales de la commune Kanyosha en province de Bujumbura, à la veille de la célébration de la journée internationale de la femme rurale.
Il est 10h 15, sur la colline Muyira. Espérance Bampanzamaso, avec un bébé dans le dos, descend sur Bujumbura. Elle est très pressée. Elle transpire abondamment. Elle est accompagnée par son fils et sa fille transportant des paniers remplis d’avocats. Originaire de la colline Kirombwe, cette trentenaire indique que pour arriver au centre-ville où elle écoule sa marchandise, elle doit faire 3 heures de route chaque jour. La jeune femme reconnaît qu’elle ne sait pas que la Journée internationale de la femme rurale, célébrée le 15 octobre de chaque année, existait.
Selon elle, être vendeuse ambulante est un travail à risque. «Une fois appréhendée par la police, je risque la prison». Veuve et mère de 8 enfants, Espérance Bampanzamaso avoue qu’au lieu de vendre son corps ou laisser ses enfants devenir des voleurs, elle a choisi de courir ce risque pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle a déjà été Emprisonnée 8 fois, mais elle ne compte pas s’arrêter.
Marie Nibigira (38ans) et Valérie Ntamavukiro (60 ans), rencontrées dans les champs de manioc, assurent que le seul moyen qu’elles ont pour nourrir leurs familles, est de louer de lopins de terre. La soixantenaire déplore le manque de propriété foncière. Veuve, Valérie Ntamavukiro vit dans des conditions déplorables avec ses 9 enfants.
Marie Nibigira, enceinte de son 7ème enfant, témoigne qu’elle et son mari sont tous des chômeurs. Pour trouver de quoi manger, elle loue de petits champs qu’elle paie 20.000 Fbu par an. La cultivatrice relève aussi les problèmes liés à la malnutrition due à l’insuffisance de moyens.
Un appel lancé au gouvernement
Les vendeuses ambulantes demandent aux autorités de leur faciliter la tâche en leur laissant travailler librement. «Arriver en ville, c’est comme un suicide», confie Espérance Bampanzamaso. Cette vendeuse souligne aussi que le manque de capital. Elle fait un appel au gouvernement de leur octroyer des capitaux. Espérance Bampanzamaso affirme qu’un capital de 100.000 Fbu lui suffirait pour faire prospérer son petit business.
Toutes les 3 femmes trouvent que l’intégration dans des associations ou dans des coopératives est difficile à cause du manque de moyens financiers. Elles exhortent le gouvernement de leur venir en aide.
«L’objectif poursuivi à travers la célébration de cette journée : c’est de mettre en évidence une fois par an, le rôle fondamental de la femme rurale dans la société», a déclaré Martin Nivyabandi, le ministre des Droits de la Personne Humaine, ce 14 octobre. Il a ajouté aussi que c’est une occasion pour tous les intervenants d’évaluer le pas déjà franchi dans la promotion de la femme rurale.
Au Burundi, cette journée sera célébrée le vendredi 18 octobre dans la province de Ngozi. Le thème national sera : «Soutenons l’accès des femmes rurales aux infrastructures durables et aux services de la protection sociale».