Dimanche 24 novembre 2024

Économie

Le coronavirus ruine le business

03/04/2020 Commentaires fermés sur Le coronavirus ruine le business
Le coronavirus ruine le business
Le parking de transport en commun du Bujumbura City Mark est désert

Avec la fermeture des frontières suite au covid-19, les commerçants, hommes d’affaires et autres déclarants en douane sont frappés de plein fouet.

15 jours après la fermeture des frontières de Gatumba et Ruhwa suite au COVID 19, les effets commencent à se faire sentir.

Cette mesure réduit à néant certaines activités économiques. Mardi 31 mars, le parking de plus de 25 agences de transport reliant Bujumbura et la RDC est désert. Conducteurs, rabatteurs et petits commerçants paient cher la fermeture de la frontière.

Désemparé, Jean Paul, vendeur des cartes de recharge rencontré sur place se lamente : « Avant la fermeture des frontières, je réalisais un chiffre d’affaires de 150 mille BIF par jour. Mais, depuis le 15 mars, je n’ai encaissé que 20 mille BIF.»

Pour Ismail, un rabatteur originaire de la zone Buyenzi, la situation s’empire jour après jour. « Depuis la mise en application de cette mesure, je consomme mon épargne », témoigne-t-il. Ce dernier confie avoir économisé plus 250 mille BIF à partir du mois de septembre dernier. Il indique que cette enveloppe ne peut pas couvrir ce mois d’avril.

Ce métier, précise ce père de famille, était ma seule source de survie. Sa femme n’a pas d’emploi. « Nous qui vivons au jour le jour, nos familles mourront avant que nous soyons confinés », prédit ce jeune homme.

Les commerçants des vivres tirent également le diable par la queue. « Regardez ! Il n’y a pas de mouvements. Les commerçants sont désœuvrés. Ils sont assis en groupe devant les échoppes », assure N.T. Il déplore l’absence des clients dont la majorité était d’origine congolaise.

Le chiffre d’affaires en berne

D’après ce commerçant grossiste, ce marché sert de point d’approvisionnement pour les petits commerçants d’Uvira. Ici, explique-t-il, les vivres et certains produits sont moins chers par rapport aux tarifs affichés à Uvira.
Pour le moment, son business tourne au ralenti : « Je connais une perte de plus de 1 million depuis douze jours. » Il ne voit pas comment il paiera le loyer à la fin du mois.

Ce commerçant indique que les Congolais achetaient du riz, des pommes de terre, de la viande, de l’huile, des habits, des produits cosmétiques, etc. Il révèle aussi qu’il perd doublement : « Les Congolais étaient réguliers. Ils achetaient à bon prix. Par exemple, au début mars, ils achetaient un kg du riz à 2500 BIF alors que les clients locaux ne paient qu’entre 1900 et 2000 BIF.»

Ce dernier s’inquiète du manque du marché d’approvisionnement pour certains produits importés, notamment l’huile de cuisine. « Le stock se vide. Car nous n’importons plus».

Cet homme d’affaires fait savoir que les prix de certains produits commencent à grimper. Les prix des huiles employées dans la cuisine s’affolent. Une boîte d’huile « Golden » de 5 litres coûte 25 mille BIF. Mi-mars, la même quantité était vendue à 20 mille BIF.

Venant, un vendeur de produits cosmétiques subit les mêmes conséquences. Ce mois a été particulièrement difficile pour lui : « Rien ne marche vraiment! Hier, toute la journée je n’ai même pas empoché 10 mille BIF. Je passe une semaine sans gagner 100 mille BIF. »

Selon lui, cette situation est intenable. Avant la fermeture des frontières, il gagnait plus de 1millions par semaine. Quant au loyer de ce mois, si rien ne change, il craint de ne pas pouvoir s’en acquitter.

Les petits commerçants des produits importés souffrent des effets de cette pandémie. Sous couvert d’anonymat, un vendeur des habits importés de l’Ouganda est dans le désarroi : « Mi-mars, je devais me rendre à Kampala pour m’approvisionner. Suite aux mesures de mise en quarantaine annoncées par l’Etat, j’ai abandonné ce voyage. »

Aujourd’hui, son stock est presque vide. Pour la troisième semaine consécutive, il n’a rien vendu. « Ce business est mon gagne-pain. Chaque semaine, il me rapportait entre 200 et 300 mille BIF ».

Découragé, ce commerçant ne sait où donner de la tête. Selon lui, il ne peut pas pour l’instant subvenir aux besoins familiaux. Si cette situation perdure, sa famille risque de s’enfoncer dans la misère.

« Nous ne pouvions rien faire face à cette situation. J’ai pensé à investir dans le commerce des vivres. Ce n’est pas aussi stable », confie cet homme d’affaires. Pour lui, il ne lui reste plus qu’à dépenser son capital et s’en remettre à Dieu.

Les conséquences du Covid-19 se font aussi sentir sur les déclarants en douanes. « Cette pandémie nous coûte cher », témoigne un jeune déclarant sous couvert d’anonymat rencontré au port de Bujumbura.

Depuis le début de la pandémie de coronavirus, les affaires sont au point mort. « Les commerçants n’importent plus et nous ne déclarons presque pas ». Avec l’épidémie du coronavirus, précise-t-il, les importateurs ne voyagent plus vers Dubaï et la Chine pour importer des marchandises.

Avant le Covid-19, grâce à son agence en douane, il pouvait subvenir à tous ses besoins. Pour le moment, désœuvré, il n’encaisse rien.

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, les affaires tournent au ralenti. Le propriétaire de cette société déplore déjà une perte de plus de 1,5 million BIF.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Question à un million

Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ? Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un (…)

Online Users

Total 2 098 users online