Réagissant à notre publication sur « Le Sénat au Burundi », Thierry Uwamahoro estime que le Parlement burundais est depuis peu, au gré de « légères retouches » du Code Électoral et du Règlement intérieur du parti au pouvoir, sous l’emprise total du Conseil des Sages du Cndd-Fdd.
Il faut d’abord comprendre les rôles et le fonctionnement du Conseil des Sages (l’organe suprême du Burundi) avant de comprendre le fonctionnement du sénat ou autre institution.
Tous nos remerciements au journal Iwacu pour ce chapitre d’éducation civique. Comprendre le fonctionnement des institutions est un pas crucial pour chaque Burundais qui chercherait à influencer la bonne gouvernance du pays. Mais qui décide réellement au Burundi ? Ou se trouve le centre du pouvoir, que ce soit le pouvoir de légiférer et observer l’actions gouvernementale ou d’exécuter les lois ?
Avant les élections de 2010, le code électoral burundais a connu une ‘légère’ retouche. Certaines gens ont réagi exprimant leur insatisfaction totale, d’autres ont cru que la retouche était justement légère. Mais, il n’y avait rien de ‘léger’ dans cette retouche : le mandat du député (ou représentant du peuple) burundais venait de perdre son caractère national. De ce jours-là, le représentant du peuple burundais n’a plus de compte à rendre au peuple qui l’a élu ; il/elle rend compte à son parti politique. Le représentant du peuple doit s’exécuter comme veut son parti bon gré mal gré au risque de perdre son siège et tous ce qui viennent avec comme privilèges. Dans un pays où les opposants politiques sont persécutés, sans parler des risques de chômage éternel, les tentations de vendre sa conscience sont grandes, si pas insurmontables.
En Mars dernier, lors de l’éjection du député Manassé Nzobonimpa du Cndd-Fdd, une autre retouche ‘légère’ s’est observée dans le règlement intérieur du Cndd-Fdd. Les congressistes réunis a Bubanza se sont exprimés en faveur de donner le plein pouvoir au Conseil des Sages du Cndd-Fdd de décider en cas d’urgence de rayer de la liste des Bagumyabanga chaque membre qui se serait comporté d’une manière qui ne lui plait pas. D’un coup, le Conseil des Sages devint l’organe le plus important de la République Burundaise. On pourrait dire que ce qui se passe au Cndd-Fdd est une affaire interne au parti. Ceci serait oublier que ce parti à lui seul contrôle plus de 80% des législateurs burundais. En d’autre termes, avec la décision de Bubanza, le Conseil des Sages contrôle plus de 80% du pouvoir législatif burundais. Et contrôler 80% du pouvoir législatif signifie le contrôler à 100% !
Tenez, si un député/représentant du peuple X avait des doutes sur telle ou telle autre décision ou aspiration du Conseil des Sages ; le Conseil des Sages a le plein pouvoir de l’exclure du Cndd-Fdd et ipso facto, le député/représentant du peuple perd son siège. Il semble que le Conseil des Sages a accaparé des pouvoirs exorbitants.
Au journal Iwacu alors de nous aider à comprendre le rôle et le fonctionnement du Conseil des Sages, l’organe suprême du Burundi.