L’analyse de la situation du Burundi prévue mardi 28 mai par le Conseil de sécurité a été reportée. Les opposants sont pour le moins divisés. Les optimistes espéraient déjà une pression pour exiger de Gitega la reprise du dialogue avant les élections libres et apaisées.
La réunion ne figurait pas à l’agenda du Conseil de sécurité pour ce mois de mai. L’ambassadeur du Burundi au Nations Unies a évoqué une initiative de cinq pays qui se sont coalisés pour demander une réunion sur le Burundi. Il s’agit de la Belgique, la France, l’Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni.
L’envoyé spécial du secrétaire général des NU, Michel Kafando ainsi que le patron de la commission paix et sécurité étaient censés briefer le conseil sur la situation du Burundi. Ce n’est que mardi soir que l’on apprend le report de la réunion, sans en connaître les causes.
Pour l’ambassadeur Albert Shingiro, le Conseil de sécurité doit non pas reporter, mais simplement retirer la question burundaise de la table. « Le monde doit savoir que la situation générale au Burundi est calme, stable et entièrement sous contrôle, » a-t-il indiqué sur son compte twitter.
La programmation de cette session du Conseil de sécurité intervient juste au lendemain de la rencontre de l’opposition interne et externe qui a eu lieu à Kampala, en Ouganda. Celle-ci a lancé une sorte de SOS envers la communauté internationale à travers une correspondance au médiateur principal dans la crise burundaise, à l’Union africaine et à la Communauté de l’Afrique de l’Est. « Le risque est grand que le nouveau forcing électoral de 2020, après celui de 2015, enfonce le Burundi dans une crise encore plus profonde, y compris pour la sous-région ». Ces leaders de l’opposition ont également appelé à « l’organisation d’une session de dialogue qui s’avère nécessaire et urgente »
Gitega a eu la communauté internationale à l’usure
La réunion sur le Burundi au Conseil de sécurité donne aux observateurs une bonne indication de ce que pense la communauté internationale sur la situation qui prévaut au Burundi.
Gitega, pensait déjà à « un complot à coup de résolution concoctée par la Belgique et la France pour déstabiliser les institutions élues par le peuple burundais et retarder la tenue des prochaines élections ».
Les opposants de leur côté, sont partagés sur l’issue de la session du Conseil de Sécurité. Les optimistes espéraient une pression de la communauté internationale pour exiger du pouvoir en place la reprise du dialogue avec l’opposition en exil, pour régler la crise et cheminer vers des élections libres et apaisées.
Les autres, les plus sceptiques, n’attendent plus rien des Nations Unies. Le parti MSD, opposant farouche du parti au pouvoir, indique que depuis plus de cinq ans, les Barundi ont appris à ne rien attendre du Conseil de sécurité. « Pendant toute cette période, il a démontré son incapacité à mettre en œuvre ses propres résolutions,» a indiqué François Nyamoya, le secrétaire général de ce parti. Il parle d’une réunion sans enjeu : « Si enjeu il y a, c’est la crédibilité même du Conseil de Sécurité dont les discours et résolutions stériles résonnent comme un écho au peuple burundais qu’il vaut mieux ne pas compter sur les Nations Unies pour son salut. »
New York parle d’un simple report. L’analyse du cas Burundi reste sur la table. Mais selon des sources concordantes, il semble qu’une résolution soit difficile à décrocher. La Chine et la Russie veillent grâce à leur véto. Une déclaration consensuelle plus ou moins édulcorée pourrait être adoptée. « Une déclaration de plus, à classer sans suite, » comme l’a souvent dit désabusé, Léonce Ngendakumana, le président du parti Sahwanya Frodebu.
Tout compte fait, Gitega sort gagnant de la course. Il a eu la communauté internationale à l’usure. Les résolutions, les coups de poing sur la table, les déclarations n’ont pas pu le ralentir dans sa course vers les élections de 2020. A quelques mois de ces dernières, il semble que ce report d’analyse va jouer pour le pouvoir en place qui a toujours misé sur la chose qui se révèle précieuse : le temps.