Dimanche 22 décembre 2024

Politique

Le communiqué qui charge

13/04/2017 9

Le groupe parlementaire de la coalition Amizero y’Abarundi a sorti un communiqué, le 29 mars dernier, accusant la police et les Imbonerakure de traquer ses membres. Le ministère de l’Intérieur dément. Le parti au pouvoir parle d’une campagne de diabolisation.

Pierre-Célestin Ndikumana : « Des jeunes du parti au pouvoir se sont substitués à la police. »
Pierre-Célestin Ndikumana : « Des jeunes du parti au pouvoir se sont substitués à la police. »

Ces députés indiquent que c’est avec consternation qu’ils observent des arrestations arbitraires, enlèvements, disparitions forcées et assassinats ciblés contre les membres de leur coalition et particulièrement les sympathisants d’Agathon Rwasa, premier vice-président de l’Assemblée nationale.

«Plus de 60 personnes ont été arbitrairement arrêtées, du 20 au 26 mars, par les agents du service national de renseignement et de la police en complicité avec certains Imbonerakure», lit-on dans ce communiqué.

Selon le député Pierre-Célestin Ndikumana, le signataire dudit communiqué, des jeunes du parti au pouvoir se sont substitués à la police. Il soutient qu’ils arrêtent et torturent des sympathisants de la coalition Amizero.

Pis encore, le communiqué accuse l’appareil judiciaire de collaborer dans les arrestations en organisant des montages contre leurs membres. «Nous déplorons l’instrumentalisation et la manipulation de la justice burundaise dans les emprisonnements arbitraires en concoctant des montages contre les membres de notre coalition.»

Les députés clôturent leur communiqué en demandant au gouvernement burundais de prendre toutes les mesures pour faire cesser cette chasse à l’homme. « Nous lui demandons de se dépasser et de mettre un terme à son penchant pour le Cndd-fdd et d’être au service de tous les Burundais. »

Pour Armel Niyongere, un défenseur des droits de l’Homme, ce communiqué montre réellement que la situation devient de plus en plus grave. « Il faut une police pour la protection de la population burundaise. »

«Il s’agit d’une large campagne de médisance»

Térence Ntahiraja : «Quand des malfaiteurs sont arrêtés, ils sont traduits devant la justice et condamnés conformément à la loi. »
Térence Ntahiraja : «Quand des malfaiteurs sont arrêtés, ils sont traduits devant la justice et condamnés conformément à la loi. »

Bien plus, soutient M. Niyongere, ce communiqué confirme les rapports des différentes organisations de défense des droits humains sur le Burundi. « Des exactions sont commises par des agents de l’Etat et les jeunes du parti au pouvoir. Malheureusement, l’appareil judiciaire est devenu une machine de répression des opposants.»

Contacté, Térence Ntahiraja, porte-parole du ministère de l’Intérieur, s’étonne des allégations de ces députés de la coalition Amizero y’Abarundi. «Quand des malfaiteurs sont arrêtés, ils sont traduits devant la justice et condamnés conformément à la loi. » Il est étonnant, poursuit-il, que des gens parlent toujours de harcèlement quand la justice frappe des pro-Rwasa. Et de leur demander de laisser la justice faire son travail et de cesser la victimisation : « Nous avons 40 partis politiques au Burundi, pourquoi considérer cette coalition comme exceptionnelle. » Même au sein du parti au pouvoir, conclut-il, il y a des criminels qui sont arrêtés tout comme dans la police.

Contactée, Nancy-Ninette Mutoni, commissaire chargé de la communication au Cndd-fdd, réfute en bloc les allégations portées contre les Imbonerakure. Elle soutient que le Cndd-fdd vit en harmonie avec les autres partis politiques : «La jeunesse du parti au pouvoir est victime d’une large campagne de médisance. Elle ne saurait se substituer à la police nationale. Ce corps est reconnu professionnel pour son rôle dans le rétablissement de l’ordre au Burundi comme à l’étranger.» Mme Mutoni dit que les questions de cohabitation des partis sont discutées au sein du Forum des partis politiques.

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. Nzisabira Julien

    Le pouvoir CNDD-FDD a beau faire ceci ou cela en défaveur des burundais (car mêmes ses bagowe ayikivumvu!), mais toute chose a un début et une fin. Bizohera hanyuma ababikoze biyangaze bonyene kuko bazotinya amaso y’abo bakoreye nabi. Pensez à tous les dictateurs et vous m’en direz celui qui a eu une bonne fin! (Mobutu, Kadaffi, Nicolas Ceoucescou, Bokassa, Noriega, Blaise compaoré, Yaya Jammeh, Laurent Bagbo, Pinoché,Habyarimana,…..)

  2. RUGAMBA RUTAGANZWA

    @ AMIZERO Y’ABARUNDI,
    Si on est dedans, on est co-responsable de toutes les décisions que le pouvoir prend et je crois que ceci est le cas pour Mr RWASA et son parti. Faudrait-il rappeler aussi le contexte dans lequel il est entrain dans les institutions après des élections on ne peut plus contestables de 2015 auxquelles il n’a jamais participé… ! C’est vraiment ridicule car Rwasa a perdu completement sa crédibilité en acceptant ce deal avec le CNDD-FDD..! La vision et la stratégie politique de Rwasa manquent aussi de crédibles, à mon avis. J’espère qu’il ne dirigera jamais ce pays car il ferait, peut-être pareil si pas pire que le pouvoir en place qui a atteint les abimes les plus profondes de sa médiocrité !

    • Rwasa ferait pire je vous jure, vu ce qu’il appelait « Contrat Social » en 2005.

  3. Jereve

    «Laisser la justice faire son travail…punir conformément à la loi». Toutes les autorités de la base au sommet ont appris à produire mécaniquement ces phrases. Elles ne veulent plus rien dire, la justice n’ayant plus la même signification pour tout le monde. Il faudra bien trouver d’autres expressions pour au moins éviter de se ridiculiser par des répétitions infantiles.

  4. Je vous ai toujours dit, parlementaires Amizero! Vous mangez du fruit défendu. Personne ne vous a élu, on vous a donné des places chez Nyabenda et vous avez sauté dessus. Croyiez-vous que vous alliez être de vrais honorables? Vous pouvez grogner, pourvu que vous continuiiez à marcher! En Kirundi, on dit: « Irakonwa ikabweja yabweja igakonwa. »

  5. nukuri

    Dans les conditions normales, l’élu parlementaire dénonce toute violation des droits de l’homme quelque soit la victime et non la victime de son parti ou de sa coalition. Bon nombre de victimes sont injustement arrêtées, torturées, tuées,… sans qu’il ose lever son petit doigt. Vraiment c’est dommage que nos élus députés aient failli à leur mission de plaider pour la paix et la sécurité du pays. Quant à Ntahiraja et Mutoni,je leur dirai « le mensonge circule mais la vérité finit par le rattraper » et les choses seront aussi dures pour eux. A bon entendeur Salut!

    • Mafero

      @Nukuri, j’aime beaucoup votre argumentaire mais pour le cas de parlementaires burundais, ils ne « parlent pas, ils sont muets mais bons pour lever leurs … (mot censuré) quand il s’agit de voter des lois stupides!

  6. Fofo

    Si l’on veut aider le pays, nous devons apprendre à dire la vérité! Certes, il y a des crimes qui se commettent dans le pays mais parler toujours dans un langage abstrait n’aide pas à résoudre les problèmes. Je préfère qu’ils nous parlent avec des chiffres à l’appui! Je pense qu’ils ont sorti un communiqué après avoir investigué mais pourquoi ils nous donnent pas des chiffres?

    • Yves

      «Plus de 60 personnes ont été arbitrairement arrêtées, du 20 au 26 mars, par les agents du service national de renseignement et de la police en complicité avec certains Imbonerakure», lit-on dans ce communiqué ». Peut-être devriez-vous apprendre à lire ?

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