Le commerce ambulant gagne de plus en plus de terrain à Bujumbura. Il procure des avantages à ceux qui le pratiquent et leurs clients. Mais l’Etat, lui, est perdant. D’où le ministère du Commerce espère trouver une solution. <doc2468|right>Autour du marché central de Bujumbura, partout dans les rues de la ville, des personnes circulant avec des marchandises à tour de bras : habits, chaussures, draps, couvre-lits, etc. Certaines portent sur la tête des paniers de fruits ; d’autres ont des habits sur les épaules ou des chaussures dans les mains. Ils partent, s’arrêtent devant des bureaux où ils espèrent rencontrer des clients. Ils doivent beaucoup marcher pour trouver des clients. Ils n’ont pas de choix: « Nous ne sommes pas capables de trouver de la place au marché. Même si on nous la donnait, nous ne pourrions pas avoir de l’argent pour payer le loyer et les taxes », explique un vendeur de chaussures. Il déplore que, parfois, la police entrave leur métier : « Nous sommes pourchassés de partout. Mais nous devons supporter tout cela pour gagner la vie ». Aline Kaneza préfère acheter chez des commerçants ambulants : « Les articles de ces vendeurs sont moins chers qu’au marché. Par exemple je peux avoir une paire de chaussures à 5000Fbu, alors qu’au marché central des chaussures de même qualité s’achètent à 15000FB ou à 20.000Fbu. Bien plus, je ne suis pas obligée de me déplacer ; ils me les amènent à mon lieu de travail. » L’OBR perdant « L’OBR est préoccupé économiquement par le commerce ambulant qui peut tuer le commerce formel. Si les ambulants installent leurs marchandises devant les magasins de nos contribuables qui intéressent le trésor public, ils vont leur prendre des clients. Dans ce cas, leur chiffre d’affaires va se réduire si bien qu’ils vont payer moins comme impôts et taxes », explique Nicodème Nimenya, Commissaire des taxes internes et des recettes non fiscales à l’Office burundais des recettes(OBR). Selon lui, le commerce ambulant nécessite un encadrement et une bonne organisation par le ministère du Commerce : « De ces commerçants ambulants, nous attendons des commerçants qui vont payer des taxes et impôts. Il faut donc les organiser, leur chercher un endroit de travail bien précis et les aider à prospérer ». Et le commissaire de préciser que le commerce ambulant ne manipule un gisement fiscal : « Le chiffre d’affaires d’un commerçant ambulant n’est pas intéressant pour le trésor public. Si le commerçant ambulant était saisissable, il devrait payer les taxes et les impôts au niveau de la commune ou de la mairie fans laquelle il opère. Malheureusement il ne l’est pas parce que n’étant pas due tout stable. Aujourd’hui il est dans ce quartier ; demain il sera dans un autre.» Eviter l’évasion fiscale Suite à l’évasion fiscale qu’engendre le commerce ambulant, Dr Ephrem Niyongabo, chercheur professionnel en promotion du secteur privé, intégration Economique et Politiques à l’Institut de développement économique du Burundi (IDEC), suggère la formalisation de ce commerce : «Les données les plus récentes de l’ISTEBU montrent que la part du commerce informel dans le commerce total est de 85%. C’est-à-dire que 85% de l’activité commerciale n’est pas assujetti à la fiscalité, ce qui est une grosse perte pour l’Etat. Et le commerce ambulant fait partie du commerce informel car ceux qui le font ne sont pas immatriculés. Ils n’ont pas d’adresse.» Malgré l’évasion fiscale, ce chercheur souligne aussi l’importance de ce type de commerce et recommande plutôt sa formalisation : « Il ne faut pas oublier que ces ambulants se battent pour s’en sortir. C’est pourquoi l’Etat est interpellé à la formalisation de leur activité. » Entre autres solutions, selon Dr Niyongabo, la facilitation de certaines procédures pour créer son entreprise : « C’est, notamment, le nombre de procédures élevé et coûteux, le délai d’obtention du titre de propriété qui est long, etc. » Le ministère du Commerce, de l’industrie et du tourisme se dit conscient du problème et espère y trouver une solution dans un proche avenir: « Les textes d’application du nouveau code de commerce promulgué le 26 avril 2010 seront signés prochainement. Nous espérons pouvoir bien encadrer ces commerçants », fait savoir Dismas Baradandikanya, porte parole de ce ministère.