Vendredi 22 novembre 2024

Editorial

Le CNC s’en lave les mains

08/11/2019 Commentaires fermés sur Le CNC s’en lave les mains

Si j’ai bien compris, 16 jours après l’arrestation suivie de l’incarcération des 4 reporters du Journal Iwacu et leur chauffeur, poursuivis pour ‘’complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat’’, – une faute grave au Burundi -, le Conseil national de la communication a dit ce mercredi 6 novembre ne pas avoir assez d’éléments pour s’exprimer sur cette affaire.

Par Abbas Mbazumutima

D’ailleurs, «quand la justice se saisit d’une affaire, même s’il s’agit du journalisme, le CNC n’est pas en droit d’intervenir pour dire à la justice de faire ceci ou cela». Tout est dit.

Mais avant que la justice ne se saisisse de cette affaire, Agnès Ndirubusa, Christine Kamikazi, Egide Harerimana et Térence Mpozenzi et leur chauffeur Adolphe Masabarakiza ont passé au moins quatre jours dans les cachots du commissariat provincial et communal à Bubanza sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Déjà, à ce moment on n’avait pas entendu le CNC.

Et je me demande : que faisait le CNC, en principe notre protecteur, notre bouclier, pendant tout ce temps ? Pourquoi est-ce que cet organe n’a pas bougé le petit doigt alors que la CNIDH (Commission nationale indépendante des droits de l’Homme) et le CICR s’activaient.

Peut-être qu’un petit coup de fil aurait suffi pour sauver ces pauvres journalistes innocents arrêtés sans ménagement alors qu’ils ne faisaient que leur métier, en refusant de faire du ’’journalisme de bureau’’ comme le rappelle si souvent le président du CNC.

Il n’y a eu aucune réactivité de la part de cet organe de régulation et de ’’promotion des médias’’, de la liberté de la presse. Il y a eu silence radio de ce conseil chargé de ’’garantir l’accès aux sources d’information’’. Aucune empathie, rien.

Et un détail important me revient. Quand ces 4 reporters se sont retrouvés encerclés par des jeunes gens, jouant les auxiliaires des forces de l’ordre, et par des policiers très remontés, ces journalistes ont eu beau brandir leurs cartes de presse et leurs badges, mais ces agents leur rétorquaient que cela ne signifiait absolument rien, que ces cartes ne leur seront d’aucun secours. Et ils l’ont vite démontré. Ces reporters ont été brutalisés, rudoyés, humiliés.

Et voilà ! Le temps a passé jusqu’au jour où la justice est intervenue et le procureur général de la République a sorti un communiqué. Selon lui, ces gens n’ont pas été appréhendés parce qu’ils sont journalistes mais par les faits leur reprochés.

Le CNC surfe sur la position du procureur, elle constitue aujourd’hui son argumentaire. «Si d’aventure ces journalistes seraient accusés d’autres fautes en dehors de l’exercice de leur métier, dans ce cas, le CNC n’est pas directement concerné», a tranché M. Bankumukunzi. Cela en dit long.

Je n’ai pas d’autres commentaires à faire. Un jour, l’histoire se souviendra du rôle de l’organe chargé notamment de la protection des médias. Chacun choisit sa manière d’entrer dans l’histoire…

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