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Le cinquantenaire de l’indépendance, une aubaine pour le Cndd-Fdd

05/05/2013 Commentaires fermés sur Le cinquantenaire de l’indépendance, une aubaine pour le Cndd-Fdd

Le président de la République et le parti au pouvoir ont à cœur la réussite du cinquantenaire de l’indépendance, en faisant cavalier seul. Pourtant, cet élan patriotique cacherait d’autres raisons et non sans conséquences.

<doc4393|right>« C’est une campagne électorale continue, un exhibitionnisme du parti au pouvoir pour une question de visibilité », souligne Bonaventure Niyoyankana, président de l’Uprona. Celui du Frodebu, Léonce Ngendakumana, pense que c’est un cadre de propagande que le président de la République et son parti se sont créés, en faisant du cinquantenaire une fête du Cndd-Fdd. Rebelote pour Jean Baptiste Manwangari, du mouvement de réhabilitation du parti Uprona : « C’est une entreprise de propagande du président de la République et du parti au pouvoir. Pourtant, le cinquantenaire ne devrait pas être seulement une occasion de réjouissances, pour jeter de la poudre aux yeux de la population, dans une optique de propagande du Cndd-Fdd. »

Un cinquantenaire de l’indépendance sans le parti Uprona semble bizarre. Son président reconnaît qu’un ou deux membres du parti sont dans le comité de préparation du cinquantenaire, mais sans aucune décision. Puisque le commandant de bord est le Cndd-Fdd. Pourtant, Bonaventure Niyoyankana reste zen : « Malgré ce manque de visibilité de l’Uprona dans ce cinquantenaire, l’écarter des préparatifs est un effort inutile, car sa place dans l’indépendance est naturelle et légitime. »

50 années, 50 œuvres…

« Il faudra vérifier comment les 50 œuvres sont distribuées. Si, par exemple, c’est selon les gouvernements qui se sont succédé. » Sinon, craint M. Niyoyankana, beaucoup risquent d’être les œuvres réalisées sous le pouvoir du Cndd-Fdd. Il espère, à cet effet, que les festivités pour présenter les permanences du parti au pouvoir seront internes aux Bagumyabanga. Et, pour le président du Frodebu, il est inacceptable que seules les œuvres réalisées sous le parti au pouvoir soient présentées.

Car, ce serait une façon de montrer que les grandes réalisations du Burundi ont commencé avec le Cndd-Fdd. Depuis l’indépendance, souligne A.B, journaliste, le mausolée de Rwagasore est une des premières œuvres réalisées par les Burundais, et tous les Burundais s’y reconnaissent et s’y rattachent. Et pourtant, s’étonne-t-il, ce qui sera présentée comme la première œuvre du cinquantenaire est un monument qui se trouve à Rwabiriro, dans la commune de Mbuye, en province Ngozi. Simple coïncidence, ou pas, c’est la commune natale du chef de l’Etat.

Un cinquantenaire ruineux…

Le cinquantenaire ne devrait pas appauvrir les gens en les obligeant à dépenser. « En effet, certaines administrations obligent la population à dépenser de l’argent pour certaines œuvres », poursuit le président du parti Uprona. « Avec les problèmes budgétaires et financiers, la pauvreté, l’insécurité, fallait-il organiser de telles festivités ? », s’interroge Jean Baptiste Manwangari, du mouvement de réhabilitation du parti Uprona. Mais, remarque-t-il, le cinquantenaire est utilisé comme une opportunité de voler les fonds demandés aux citoyens, sans spécifier leur gestion.

Pour le Parcem, dans cette conjoncture économique difficile, l’attitude d’inciter les gens à contribuer, parfois par contrainte, ruine l’économie. D’après son président, Faustin Ndikumana, on invite les banques à contribuer, ce qui constitue un lourd fardeau pour le secteur privé. «  Le gouvernement doit éviter des festivités grandioses parce que le pays va mal », indique-t-il.

<doc4392|left>Une occasion ratée ?

Faustin Ndikumana pense que le cinquantenaire devrait être une occasion de permettre une introspection sur les acquis et les défis auxquels sont confrontés les burundais, sur toutes les couches de la population. Pendant que Jean Baptiste Manwangari parle d’une occasion pour créer des ouvertures de débat sur les 50 ans : « Ce cinquantenaire aurait dû être une occasion d’initier un mouvement citoyen pour aboutir à une convention nationale. »

Cependant, Patrick Hajayandi, politologue, pense autrement. Pour lui, la démarche du parti au pouvoir s’inscrit dans le cadre de la lutte politique. M. Hajayandi trouve triste que l’opposition reste dans le passé en parlant encore, presque trois ans après, des élections de 2010. Alors que, indique-t-il, du côté du parti au pouvoir, ils se positionnent déjà pour 2015. «  S’accaparer du cinquantenaire, c’est soigner son image en montrant qu’il travaille », fait-il remarquer.

Changer de stratégie …

Alors que le parti au pouvoir vise à montrer ces réalisations, l’opposition n’a pas d’initiatives concrètes. Elle sait pourtant, rappelle le politologue, qu’elle ne doit pas espérer des concessions gratuites de la part du pouvoir.
Pour lui, les gens qui sont dans l’opposition devraient changer de stratégie. Initier, par exemple, des projets sur leurs collines, afin de contrecarrer la tendance du Cndd-Fdd. Parfois en silence et sans mettre la casquette politique.

Malheureusement, remarque le politologue Patrick Hajayandi, il est à déplorer un manque d’analyse des priorités chez les politiciens burundais : «  Et s’approprier cet événement entre dans la logique de ce manque de planification. Mais, c’est une aubaine pour le parti au pouvoir de se crédibiliser. » 
Un exemple flagrant de cet opportunisme est le fait que, récemment, les routes de Kanyosha aient été refaites à la veille du passage du flambeau de la paix tenue par le chef de l’Etat.

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