Mardi 04 février 2025

Santé

Le cancer, ce tueur silencieux

Le cancer, ce tueur silencieux
Une dame venue pour une consultation

Le 4 février de chaque année, la Journée mondiale du cancer rappelle l’importance de la lutte contre cette maladie qui touche différentes catégories de personnes. Une occasion de sensibiliser sur l’importance d’un style de vie permettant de réduire les facteurs de risques, du dépistage précoce et des traitements adaptés.

« Nous avons été très surpris. Au début, mon enfant avait une tumeur au niveau des côtes. La tumeur ressemblait à une boursoufflure vue de l’extérieur. Au fur et à mesure cette tumeur a migré vers le nombril et s’est agrandie », raconte une mère d’un enfant de moins de cinq ans, atteint d’un cancer.

Auparavant, poursuit-elle, nous croyions que c’était de la sorcellerie mais nous avons fini par aller consulter un médecin. « Nous sommes d’abord allés dans les chambres de prières, puis nous l’avons conduit dans un centre de santé qui nous est proche, mais il n’y a pas d’évolution ».

Même si on ignorait le mal qui rongeait mon enfant, relate cette mère, on n’a pas baissé les bras. « Nous sommes allés par la suite dans l’hôpital provincial, qui nous a orientés vers l’hôpital de Kibumbu. Là-bas, on nous a dit qu’ils ne sont pas capables de traiter ce cas. Et c’est là qu’on nous a transférés au CMCK, et c’est dans cet hôpital qu’on nous a dit que notre enfant a une grosse tumeur au ventre avec une petite partie des cellules cancéreuses ».

Comme ils ont détecté la maladie à temps, ajoute-elle et même si les parents n’ont pas recouru à la structure de santé en premier lieu, elle a une lueur d’espoir pour la guérison de son enfant. « Maintenant l’enfant est sous traitement, les médecins m’ont dit que ça commence à diminuer, mais que tout finira avec une opération et il est sur programme. »

Le dépistage, meilleur moyen pour lutter contre le cancer

Le Dr David Ngabonziza, hépato-gastro-entérologue au CMCK, un hôpital de référence en matière de prise en charge du cancer au Burundi, explique que le cancer est l’apparition rapide de cellules anormales dont la croissance s’étend au-delà de leurs limites habituelles et qui peuvent alors envahir des zones voisines de l’organisme et se propager à d’autres organes. « On peut voir, par exemple, des cellules qui peuvent apparaître sur le foie ou sur l’estomac et se multiplier anormalement ».

Ce médecin tient à rassurer. Selon lui, il est possible de se prévenir et guérir certains types de cancers, entre autres, le cancer du foie, de l’estomac qui peuvent être provoqués par l’alcool ainsi que les virus hépatite B et C.

« Lorsque ce cancer est diagnostiqué très tôt, le patient peut être soigné et guérir. C’est triste, la plupart des patients viennent à l’hôpital au stade très avancé de la maladie », se désole-t-il.

Quelques symptômes peuvent se ressentir au niveau du ventre, notamment les douleurs épigastriques, les vomissements postprandiaux, l’amaigrissement important, la voussure épigastrique, les troubles du transit ainsi que le ballonnement abdominal. « Il faut toujours faire un dépistage pour savoir si c’est du cancer ou une autre sorte de maladie », ajoute-t-il.

La situation de cette pathologie est très alarmante dans le pays, comme l’indique le Dr Ngabonziza. Cette maladie touche les hommes, les femmes, les jeunes, les personnes âgées et les enfants en bas âge. « J’imagine que cette augmentation du nombre de cas de cancer résulte du fait qu’aujourd’hui, il y a des machines pour la consultation. Il n’y a pas d’âge pour cette maladie, car même les enfants mineurs attrapent le cancer. Pour cela, il faut des consultations précoces pour dépister la pathologie au stade précoce. »

Le human papillomavirus (HPV) à l’origine du cancer du col de l’utérus

Dr Parfaite Gateka, médecin au Bujumbura Pathology Center (Bujapath), un centre pour le dépistage et le diagnostic du cancer, a insisté sur le cancer du col de l’utérus, causé par le virus HPV (human papillomavirus), qui se transmet par les rapports sexuels. « Ce virus HPV est attrapé par n’importe quelle femme qui a fait des rapports sexuels non protégés et il se développe 10 ans ou 15 ans plus tard en cancer ».

Pour la période de mai 2023 à novembre 2024, sur 657 personnes dépistées, 108 personnes, soit 16,44 %, avaient attrapé le HPV. Là, vous voyez que c’est un grand nombre de cas positifs. « Il faut que les gens sachent que ce virus existe et est la cause du cancer du col de l’utérus », avertit ce médecin.

Dr Parfaite Gateka fait savoir que les hommes sont des porteurs sains du dit virus, même s’ils peuvent avoir des cas rares de cancer sur le sexe masculin. « Chaque personne qui a exercé une activité sexuelle doit se dépister pour connaître son état de santé ».

Elle ajoute que le human papillomavirus provoque également le cancer de la gorge ainsi que le cancer de l’anus. « Ceux qui pratiquent le léchage ainsi que le suçage des parties intimes peuvent attraper le cancer de la gorge si l’un est porteur du HPV. Les autres peuvent attraper le cancer de l’anus en pratiquant l’homosexualité, aussi en faisant des rapports sexuels non protégés, car l’anus est tout près du vagin ».

Ce médecin rassure que si le virus est détecté à temps, il peut être traité et guérir. « Un patient qui a le HPV ne peut pas nécessairement avoir du cancer. Le patient revient une année après avoir fait l’examen appelé ’’frottis’’, pour voir si dans les cellules du patient il y a des lésions précancéreuses. Si le ’’frottis’’ est normal, le patient n’a pas de cancer ».

Elle lance un appel aux femmes ainsi qu’aux jeunes filles à ne pas attendre les symptômes, car si le cancer du col de l’utérus manifeste ses symptômes, il serait déjà grave. « Il faut faire le dépistage. Il ne faut pas attendre les symptômes. Mais je peux citer comme symptômes les douleurs du bas-ventre, le saignement en dehors des règles, les pertes purulentes. Mais ces symptômes sont communs avec d’autres infections, c’est pourquoi il faut faire un dépistage ».

Les porteurs du cancer stigmatisés

« Mon parcours a commencé en 2012, c’est là où les signes du cancer sont apparus. 2 ans après, lorsque j’étais au Canada pour mes études, un ganglion sur le cou est apparu et le bras s’est enflé. Comme ma mère avait un antécédent de cancer, j’ai pensé au cancer héréditaire. J’ai fait un examen général, mais on n’a pas trouvé la maladie. Toutes les personnes à qui je me suis adressée, m’ont rejetée et j’ai décidé de prendre soin de moi », témoigne Agrippine, la représentante de l’Association des personnes atteintes du cancer (APAC).

« Comme l’internet nous est venu, j’ai cherché des astuces naturelles (cure de jus) pour ces signes et après quelques jours, les ganglions et les douleurs ont disparu. C’est en juin 2015, après 3 mois de rentrée au Burundi, que les mêmes signes sont revenus. Un de mes amis m’a fait part de son témoignage et j’ai décidé de partir en Inde pour les examens », relate-t-elle.

La gestion de la maladie, un combat

« Après les examens, des questionnements me prenaient la tête. J’ai perdu le Nord. Je pensais à ma mort en laissant mes enfants. Comment j’allais annoncer la mauvaise nouvelle ? Et me demander aussi si je peux me faire soigner ou pas. Mais mes enfants m’ont surpris après l’annonce. Ce sont eux qui m’ont encouragée et me garantissaient que je guérirais », raconte la représentante de l’APAC.

Agrippine Nyandwi, représentante de l’Association des personnes atteintes du cancer

Agrippine dit que le stress est parmi les causes du cancer. Les personnes atteintes du cancer devraient avoir toujours du courage et garder la joie. « Le stress permet aux cellules de s’oxyder plus facilement. Il est donc parmi les causes du cancer. Il faut aussi savoir gérer notre alimentation, connaître ce qui est bon pour la vie, et savoir les aliments à consommer pour augmenter notre immunité », conseille Agrippine.

Après avoir vu les étapes parcourues et combien cela prenait beaucoup d’énergie, Agrippine a eu l’idée de créer l’APAC et aujourd’hui, plus de 60 personnes reçoivent le counseling et l’orientation de la part de son association.

« Beaucoup de personnes atteintes du cancer ont toujours peur de parler. Il y a ceux qui me contactent, mais qui m’obligent à garder le secret. Ceux-ci sont accompagnés discrètement », a constaté Agrippine.

Agrippine conseille à toutes les personnes de vérifier et de savoir quoi manger. « Le cancer est beaucoup causé par des aliments sucrés. Nous devons tous savoir comment manger. Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger ».

Ses paroles pleines vont également à l’endroit des mamans. « Les mamans enceintes et celles allaitantes devraient gérer le degré d’alcool qu’elles prennent, car cet alcool affecte le bébé. Ces bébés sont encore fragiles et la déformation est très facile. Ces alcools pénètrent le col de l’utérus et peuvent causer des déformations ».

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