Ils reçoivent chaque mois 30.000 Fbu comme bourse d’études, leur seule source de revenu. Issus, pour la plupart, des familles pauvres, des étudiants externes de l’Université du Burundi vivent dans le dénuement total.
« Nous vivons dans des conditions précaires. Nous n’y pouvons rien. Nous n’avons pas eu la chance d’avoir des familles ici dans la capitale pour nous héberger », regrette Etienne Nijimbere, étudiant en deuxième candidature dans la faculté de Psychologie à l’université du Burundi. Originaire de la province Makamba, il loue avec quatre autres étudiants, natifs respectivement des provinces de Gitega, Muramvya et Bururi, une maison d’une chambre et un salon dans le quartier Mirango I en commune urbaine Kamenge. Étant donné l’exigüité de l’espace dont ils disposent, ils n’ont pas de lits. Ils ont opté d’étendre trois matelas par terre, en laissant un petit passage entre eux. Des portes manteaux suspendus sur les murs, leur servent de gardes robes. Le salon a comme meubles, une petite table et cinq tabourets, qui leur laissent de l’espace pour mettre des souliers, des bidons pour puiser d’eau en cas de coupure. Issus des familles pauvres, ils se débrouillent avec les 30 mille Fbu qu’ils perçoivent chaque mois comme frais de bourse : « Avec cet argent, nous devons payer le loyer et la nourriture. Avec la cherté de la vie, c’est pratiquement impossible de joindre les deux bouts du mois. Mais, nous ne pouvons pas abandonner les études. » Aîné de la famille, Etienne Nijimbre a des parents cultivateurs. Ils prennent seulement en charge ses petits frères et sœurs. Démunis, selon lui, il ne peut pas compter sur leur appui financier.
Six étudiantes se partagent une chambre
Même situation pour Viola Nduwimana, étudiante en 1ère licence (équivalent à la 1ère candidature avant l’introduction du système LMD), dans la faculté de Psychologie. Elle habite à Gikungu rural dans la commune urbaine de Gihosha, dans une maison d’une chambre et un salon qu’elle partage avec cinq autres étudiantes. Chacune des colocataires doit payer 25 mille francs par mois pour le loyer et la ration. Les coupures d’eau sont fréquentes dans cette partie de la capitale burundaise. A cause des retards répétitifs à l’Université, elles se sont résolues d’engager quelqu’un qui va puiser de l’eau à leur place: « Nous avons décidé de payer un « kadogo » (petit garçon) pour 12 mille chaque mois. » Viola avoue que de temps en temps les proches interviennent au cas où elle n’arrive pas à joindre les deux bouts du mois, sinon elle ne s’en sortirait jamais. Du point de vue académique, avec le système LMD, elle peine à trouver de l’argent pour avoir l’accès à l’outil informatique : « Ce système exige à l’étudiant de faire des recherches sur le net. Pour ne pas être en retard, je fais mes devoirs dans un cyber quand j’ai les moyens. Sinon, je laisse simplement tomber. » Elle parle aussi les frais de photocopies des syllabus, car quelques professeurs donnent des cours avec projection.
Près de 8.000 étudiants dans une grande précarité
Barutwanayo Jean Claude, représentant des étudiants de l’UB, déplore les conditions précaires dans lesquelles vivent les étudiants des candidatures (les deux premières années des études universitaires). Ceux-ci n’ont pas droit à l’hébergement dans les homes universitaires. Selon lui, sur l’effectif de plus de 12 500 étudiants, seuls 3500 sont logés. De ce fait, autour de 8000 sont externes et vivent dans le dénuement total : « Plus de 80% de étudiants viennent de l’intérieur du pays. Leurs familles sont pour la plupart, démunies. » Il parle des conséquences désastreuses. La plupart des étudiants externes ne parviennent pas à couvrir leurs besoins académiques comme l’achat du papier, les frais des photocopies, etc. De plus, ils louent des maisons dans les quartiers populaires où les loyers sont abordables, et parfois avec des coupures fréquentes d’eau et d’électricité : « Ce qui explique en partie le taux élevé des échecs dans les premières années. »
Des cas d’abandon sont à déplorer
Certains, pour gagner un peu d’argent, s’adonnent aux petits jobs, ajoute-t-il. Par conséquent, le temps consacré normalement à la révision, est utilisé pour un autre travail. Des cas d’abandon sont à déplorer. N’ayant pas de proches et personne pour les soutenir financièrement, des étudiants plient leurs bagages et rentrent chez eux : « Là au moins, ils savent qu’ils auront de quoi manger. Car ils n’ont pas de moyens pour se nourrir convenablement. Certains souffrent même des maladies liées à la malnutrition. » Afin d’aider ces étudiants à vivre convenablement, Barutwanayo Jean Claude, interpelle le gouvernement pour qu’il revoit à la hausse les frais de bourse. A défaut, voir comment les étudiants externes puissent se restaurer comme les autres dans les campus. Il suggère, en outre, l’agrandissement des homes ou transférer certaines facultés dans d’autres provinces. Nous avons cherché les autorités de l’université du Burundi pour s’exprimer à propos, sans succès.