Bouts de matelas, tissus, feuilles de banane… en guise de serviettes hygiéniques. Certaines filles/femmes, en désespoir de cause, y ont recours, faute de moyens. Au grand péril de leur santé.
« Chaque mois, je déchire des bouts de matelas, les utilise et les réutilise, des sachets en dessous, pendant mes règles… » R.K., 15 ans, de la zone Buterere, confie endurer un calvaire pendant ses règles. Elle s’absente souvent à l’école pendant sa « période rouge », par peur de tâcher son uniforme.
Justifier les absences à « monsieur » est un autre fardeau. « Si l’horaire journalier n’est occupé que par des enseignants hommes, je dois endurer les regards moqueurs de mes camarades de classe ».
Une dizaine d’autres filles rencontrées à Buterere, âgées de 14 à 17 ans, affirment qu’elles n’ont jamais utilisé de serviettes hygiéniques. Démunies, elles sont contraintes de déchirer des pagnes usées. Ou porter deux jupes, deux sous-vêtements… « Quand je lave un bout de pagne, je dois rester à la maison jusqu’à ce qu’il soit séché », dira l’une de ces élèves.
Des mamans rencontrées dans les rues de cette zone affirment vivre le même calvaire. « Je ne peux pas m’acheter des serviettes au moment où mes enfants meurent de faim ».
Ces jeunes femmes confient vivre avec des démangeaisons, irritations et allergies entre les jambes.
L’entreprise sociale « African women in action » dit essayer d’apporter une solution à ce problème. Elle fabrique des serviettes hygiéniques, en tissu, lavables et réutilisables. Un kit de six serviettes coûte 10 mille BIF, utilisable pendant une année. Mais leurs conditions d’entretien s’avèrent difficiles à respecter pour certaines bénéficiaires. Rebecca, qui a récemment bénéficié de ces serviettes, confie qu’elle a honte de les faire sécher au soleil. Une recommandation pourtant très importante pour préserver l’hygiène, d’après la directrice de cette entreprise, Nicole Uwimana.
Une période à grand risque d’infections
Ces tissus ou objets autres que les serviettes hygiéniques ont un niveau d’hygiène précaire, selon le médecin Janvier Nihorimbere. Vieux et sales, ils comportent des microbes (parasites, virus, mycoses, etc.)
D’après ce médecin, l’organe génital féminin est fragile. « C’est un milieu chaud et humide, propice à la prolifération bactérienne, donc à grand risque d’infections ». Avec les menstruations, le risque infectieux devient beaucoup plus élevé. Les règles favorisent, explique-t-il, le développement des bactéries.
Les utilisatrices développent alors une vulvo-vaginite (type d’infection de la vulve) qui peut monter vers les organes génitaux internes. Et bonjour « le risque d’infertilité ». L’autre conséquence est l’irritation due à la matière des tissus non appropriée. Le coton est la seule matière recommandée, souligne le médecin.
Quant à ces serviettes réutilisables, elles sont recommandées à une condition : la stérilisation. « Il faut les repasser ou les faire bouillir, au minimum, pour tuer tous les microbes », recommande Dr Janvier Nihorimbere.