Mardi 05 novembre 2024

#JeSuisIWACU

Le calvaire des journalistes d’Iwacu

JOUR 15

05/11/2019 Commentaires fermés sur Le calvaire des journalistes d’Iwacu : JOUR 15
#JeSuisIWACU

Par Abbas Mbazumutima

 

La 15ème journée d’incarcération des 4 journalistes du Groupe de Presse Iwacu et leur chauffeur a été marquée par des gestes de soutien et de solidarité.

C’est lendemain de l’appel contre l’ordonnance de leur maintien en détention préventive déposé à la Cour d’appel de Ntahangwa par les avocats de ces journalistes et leur chauffeur poursuivis pour ’’complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat’’.

Le premier geste de soutien, c’était dans la matinée de ce mardi 5 novembre 2019 avec la visite effectuée par la chargée d’Affaires à l’Ambassade des Etats-Unis au Burundi au Groupe de Presse Iwacu.

«Mon pays attache une grande importance à la liberté de la presse  et j’apprécie le travail du Journal Iwacu », a fait savoir l’Ambassadeur Eunice Reddick. Pour cette diplomate, il serait difficile de parler d’élections libres transparentes, crédibles et apaisées sans une presse libre.

Le second geste de soutien au Groupe de Presse Iwacu, qui traverse des moments difficiles, c’est avec la visite effectuée dans l’après-midi de ce mardi par des journalistes de la radio Isanganiro à leurs confrères incarcérés à la prison de Bubanza. «Un signe de soutien et de solidarité avec nos confrères. C’est pour leur remonter le moral, leur dire qu’il faut garder espoir».

Ces journalistes d’Isanganiro qui ont fait route ensemble avec une délégation du Journal Iwacu ont échangé pendant une heure et demie avec leurs confrères incarcérés. C’était dans une sorte de cellule servant d’atelier de couture et de stock pour provisions.

Après de chaleureuses accolades, blagues et rires fusent de partout, l’ambiance bon enfant caractéristique des salles de rédaction aux heures de détente pour déstresser. Un instant de bonheur partagé avec les journalistes détenus. Dans le petit local, on étouffe. Mais peu importe. C’est un moment de grâce.

Cette ambiance sera gâchée par quelques coups sur les barres de fer répétés plusieurs fois par un gardien : un avertissement que c’est la fin du temps imparti pour les visites aux prisonniers. La trêve est finie. Les visages changent, se ferment. La tristesse reprend le dessus. Les paroles meurent. Accolades interminables. Il faut se dire au revoir.

Quelques journalistes écrasent discrètement, d’un geste rapide, une larme. Agnès, Christine, Térence et Egide disparaissent derrière les portes de la prison. J’ai l’impression qu’ils ont tous les épaules un peu voutées. Un loquet grince dans une porte, un bruit de cadenas. Les journalistes « libres », il nous faut repartir…

Le mardi 22 octobre, vers midi, une équipe du journal Iwacu dépêchée pour couvrir des affrontements dans la région de Bubanza est arrêtée. Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Térence Mpozenzi, Egide Harerimana et leur chauffeur Adolphe Masabarakiza voient leur matériel et leurs téléphones portables saisis. Ils passeront une première nuit au cachot, jusqu'au samedi 26 octobre. Jusqu'alors, aucune charge n'était retenue contre eux. Mais le couperet est tombé : "complicité d'atteinte à la sécurité de l'Etat". Depuis l'arrestation de notre équipe, plusieurs organisations internationales ont réclamé leur libération. Ces quatre journalistes et leur chauffeur n'ont rien fait de plus que remplir leur mission d'informer. Des lecteurs et amis d'Iwacu ont lancé une pétition, réclamant également leur libération. Suite à une décision de la Cour d'appel de Bubanza, notre chauffeur Adolphe a retrouvé sa liberté. Ces événements nous rappellent une autre période sombre d'Iwacu, celle de la disparition de Jean Bigirimana, dont vous pouvez suivre ici le déroulement du dossier, qui a, lui aussi, profondément affecté notre rédaction.