Par Abbas Mbazumutima
La 15ème journée d’incarcération des 4 journalistes du Groupe de Presse Iwacu et leur chauffeur a été marquée par des gestes de soutien et de solidarité.
C’est lendemain de l’appel contre l’ordonnance de leur maintien en détention préventive déposé à la Cour d’appel de Ntahangwa par les avocats de ces journalistes et leur chauffeur poursuivis pour ’’complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat’’.
Le premier geste de soutien, c’était dans la matinée de ce mardi 5 novembre 2019 avec la visite effectuée par la chargée d’Affaires à l’Ambassade des Etats-Unis au Burundi au Groupe de Presse Iwacu.
«Mon pays attache une grande importance à la liberté de la presse et j’apprécie le travail du Journal Iwacu », a fait savoir l’Ambassadeur Eunice Reddick. Pour cette diplomate, il serait difficile de parler d’élections libres transparentes, crédibles et apaisées sans une presse libre.
Le second geste de soutien au Groupe de Presse Iwacu, qui traverse des moments difficiles, c’est avec la visite effectuée dans l’après-midi de ce mardi par des journalistes de la radio Isanganiro à leurs confrères incarcérés à la prison de Bubanza. «Un signe de soutien et de solidarité avec nos confrères. C’est pour leur remonter le moral, leur dire qu’il faut garder espoir».
Ces journalistes d’Isanganiro qui ont fait route ensemble avec une délégation du Journal Iwacu ont échangé pendant une heure et demie avec leurs confrères incarcérés. C’était dans une sorte de cellule servant d’atelier de couture et de stock pour provisions.
Après de chaleureuses accolades, blagues et rires fusent de partout, l’ambiance bon enfant caractéristique des salles de rédaction aux heures de détente pour déstresser. Un instant de bonheur partagé avec les journalistes détenus. Dans le petit local, on étouffe. Mais peu importe. C’est un moment de grâce.
Cette ambiance sera gâchée par quelques coups sur les barres de fer répétés plusieurs fois par un gardien : un avertissement que c’est la fin du temps imparti pour les visites aux prisonniers. La trêve est finie. Les visages changent, se ferment. La tristesse reprend le dessus. Les paroles meurent. Accolades interminables. Il faut se dire au revoir.
Quelques journalistes écrasent discrètement, d’un geste rapide, une larme. Agnès, Christine, Térence et Egide disparaissent derrière les portes de la prison. J’ai l’impression qu’ils ont tous les épaules un peu voutées. Un loquet grince dans une porte, un bruit de cadenas. Les journalistes « libres », il nous faut repartir…