Mardi 05 novembre 2024

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Le calvaire des journalistes d’Iwacu

JOUR 11

01/11/2019 Commentaires fermés sur Le calvaire des journalistes d’Iwacu : JOUR 11
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Par Abbas Mbazumutima

En ce 11ème jour d’incarcération des 4 reporters du Groupe de presse Iwacu et de leur chauffeur, poursuivis pour «complicité d’atteinte à la sûreté intérieur de l’Etat», la plupart des organisations de défense des droits des journalistes (à l’étranger) de même que le Journal Iwacu soutiennent et rappellent que ces journalistes ont été arrêtés en plein exercice de leur métier.

Ce n’est pas l’avis du Procureur général de la République. Dans son communiqué sorti ce jeudi 31 octobre 2019, Sylvestre Nyandwi fait savoir que «ces gens n’ont pas été appréhendés parce qu’ils sont journalistes mais pour les faits leur reprochés».

Pourtant, Agnès du service politique, Christine de la webradio, Térence , le photographe, Egide du service anglais et Adolphe , leur chauffeur ont été arrêtés au chef-lieu de la commune Musigati, à quelques centaines de mètres du bureau de l’administrateur.

Ils voulaient rencontrer l’autorité locale pour une interview, puis aller recueillir des témoignages de la population qui affluaient vers le chef-lieu fuyant les affrontements. Une démarche tout à fait responsable, professionnelle. Ces journalistes voulaient avoir les informations recueillies sur terrain. Ce jour, beaucoup de messages alarmants circulaient sur les réseaux sociaux depuis le matin.

Les journalistes partis à Musigati étaient tous volontaires. Cette équipe de reporters ne s’est rendue à Bubanza qu’après un tweet du Journal officiel, Le Renouveau, citant le gouverneur qui tranquillisait la population de Musigati. «Malgré les quelques coups de feu entendus dans la localité, la sécurité est bonne dans toute la province. Les Forces de l’ordre poursuivaient des malfaiteurs qui tentaient d’entrer dans la Kibira».

Après leur arrestation, les 4 journalistes du Groupe de Presse Iwacu et leur chauffeur ont été détenus au cachot du commissariat avant d’être transférés dans des cellules insalubres, dans des conditions inhumaines et dégradantes du commissariat communal.

Nos collègues incarcérés à la prison de Bubanza ont été maintenus en détention préventive. Un verdict rendu ce jeudi 31 octobre 2019 par la Chambre du Conseil du Tribunal de Grande Instance de Bubanza. En ces moments difficiles, nos pensées et nos prières sont avec eux. De notre côté, nous restons toujours debout et sereins car nous savons que nos collègues n’ont commis aucun délit.

Le mardi 22 octobre, vers midi, une équipe du journal Iwacu dépêchée pour couvrir des affrontements dans la région de Bubanza est arrêtée. Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Térence Mpozenzi, Egide Harerimana et leur chauffeur Adolphe Masabarakiza voient leur matériel et leurs téléphones portables saisis. Ils passeront une première nuit au cachot, jusqu'au samedi 26 octobre. Jusqu'alors, aucune charge n'était retenue contre eux. Mais le couperet est tombé : "complicité d'atteinte à la sécurité de l'Etat". Depuis l'arrestation de notre équipe, plusieurs organisations internationales ont réclamé leur libération. Ces quatre journalistes et leur chauffeur n'ont rien fait de plus que remplir leur mission d'informer. Des lecteurs et amis d'Iwacu ont lancé une pétition, réclamant également leur libération. Suite à une décision de la Cour d'appel de Bubanza, notre chauffeur Adolphe a retrouvé sa liberté. Ces événements nous rappellent une autre période sombre d'Iwacu, celle de la disparition de Jean Bigirimana, dont vous pouvez suivre ici le déroulement du dossier, qui a, lui aussi, profondément affecté notre rédaction.