Sept maisons ont été détruites, samedi 28 octobre, dans le site des déplacés de Ruyange. Pour les occupants, il s’agit d’une décision inique.
Au site des déplacés de Ruyange de la commune Rugazi en province de Bubanza, la consternation se lit sur les visages. Les occupants sont déconcertés. La décision faisant état du démantèlement de leurs maisons circule, depuis mercredi 25 octobre.
Les administratifs de la commune s’y sont donné rendez-vous. Une forte présence de jeunes gens est également remarquée. Ce sont ceux-là même qui vont accomplir la volonté de l’administration.
Vers 9h, l’administrateur, à bord de sa double cabine, fait son apparition. Dans sa brève allocution, elle souligne que la destruction touchera seulement les maisons dont les occupants sont morts. Et celles dont les résidents possèdent des constructions en dehors du site.
Quarante familles y sont encore établies. Les autorités communales ne digèrent pas que les occupants restent sur place pour de bon. Ils avaient afflué à cet endroit pour échapper aux massacres sur les collines en 1993. Ils proviennent de différentes collines : Ndava, Butavuka, Muzinda, Muyange, Kirekura…
Le site a été improvisé dans le périmètre du centre de santé. L’administrateur communal, Sylvie Nizigama, estime que leur présence nuit au fonctionnement de ce dispensaire.
«Ils ne sont pas venus de nulle part. Ils doivent retourner sur leurs collines d’origine. Le pays a recouvré la paix», disent froidement les jeunes auxquels l’administration a confié le démantèlement de ces maisons.
Ces jeunes gens comprennent difficilement que les déplacés aillent cultiver leurs champs pendant la journée. Et qu’ils rechignent d’y passer la nuit. «Pourquoi ne peuvent-ils pas s’installer en permanence dans leurs propriétés ?», s’interrogent-ils.
Les déplacés avancent des raisons de sécurité
Certains ont bénéficié, en 2014, du soutien des ONG, entre autres Accord, Coped et le projet Pares de Solidarités pour construire. Leurs maisons sont en dehors du camp. L’administrateur fustige qu’ils les fassent louer au lieu d’y habiter.
Siméon Hatungimana, représentant des déplacés, dénonce l’injustice à leur endroit. Il soutient qu’ils n’ont pas où emmener leurs familles. « Ce site ne présente pas de confort. Nous y sommes parce qu’il nous rassure sur le plan sécuritaire.» Il rappelle que c’est la guerre qui les a contraints à quitter leurs propriétés.
Selon M. Hatungimana, le projet de construction n’a pas touché tous les déplacés de leur site. Il sollicite les âmes charitables de leur venir en aide. Les familles restantes sont sommées d’être parties endéans deux semaines. Et de s’interroger : « Pourquoi l’administration ne nous réserve pas un traitement pareil à celui des autres ?»
Sur place, Fabien Banciryanino, député élu dans la circonscription de Bubanza, reconnaît que l’opération s’est bien déroulée. Il s’attendait à la destruction de toutes les maisons. Et à l’usage de la force par l’administration.
M. Banciryanino exhorte l’administrateur à s’investir pour qu’il n’y ait pas de famille qui soit mise à la rue. 33 restent dans le site. Il évoque deux familles, dont les maisons ont été détruites, qui sont sans abri. «Tous ceux qui ont les mêmes difficultés doivent interpeller les autorités.» Il promet de coopérer dans la recherche des partenaires pour la construction de maisons.
L’administrateur de la commune Rugazi a interdit aux journalistes de prendre des images et d’enregistrer quoi que ce soit.
>>Lire aussi : « Déplacés pour toujours ? » (1ère partie)
Mayugi et Congo, ailleurs sur ce site, j’ai parlé de l’émigration du concept de »bouclier humain » dans le domaine politique, c’est-à-dire hors du domaine militaire qui constitue le creuset dans lequel il prend habituellement place. Des politiciens sans inspiration pourront toujours expliquer aux pauvres déplacés que des bourreaux imaginaires risquent de les trucider sur leurs terres ou ils passent la journée à cultiver la terre avant de rentrer au site des déplacés le soir venu. C »est ce qu’exprime sans nuance le sieur Rugamba. Évidemment les mêmes politiciens ne se feront pas prier pour se faire les porte-voix des malheureux déplacés qui se font manipuler sans vergogne. En écho au »péril hutu » dont l’incarnation absolue est le pouvoir burundais actuel dans le subconscient du tutsi très moyen, il faut bien fabriquer, pour le Tutsi lambda, un »péril hutu », beaucoup plus proche celui-là, celui qui guette le malheureux déplacé chaque fois qu’il s’aventure hors de son site de déplacés érigé au rang de véritable »sanctuaire ». Pour tous, aussi longtemps que nous ne serons pas en mesure d’ouvrir notre coeur à la souffrance de l’autre, de faire l’effort nécessaire pour se mettre dans ses souliers, vivre intensément la douleur de l’autre qui n’est pas alors un épisode banal (1972 n’est pas une chanson, 1993 non plus tout comme tous les autres épisodes de violence cycliques que notre pays a connus) nous ne pourrons jamais sortir du cercle vicieux de la violence. Chacun d’entre nous pourra alors échaffauder pour notre pays, une version personnelle de ce que le politologue français Jean-Françcois Bayart a appellé l’histoire ressentiment (« Si l’autre est aujourd’hui la source de tous mes maux, c’est qu’il était déjà dans le passé, un »oppresseur »). Les politiciens sans vision quant à eux pourront toujours mettre en oeuvre ce quele politologue congolais Achille Mbembe appelait la »politique des temps de disette » (qui, elle, n’a pas besoin, il me semble d’être expliquée davantage!)
Je viens d être censurer une fois encore pcq j explique ce qui existe déjà depuis 20ans. Tous les déplacés ne sont pas des débiles comme le fait croire Mugisha.
Je commence sérieusement à me questionner sur les motifs réels qui font que les déplacés ne regagnent pas leurs propriétés. S’ils cultivent leurs champs et les récoltent sans anicroche, je ne pense vraiment pas que les paysans de Muzinda pour ne parler que d’eux attendent les déplacés avec des machettes et des lances pour les massacrer le jour où ils reviendraient vivre dans ces mêmes propriétés. Cependant, il revient aux administratifs et aux instances de sécurité de coordonner leurs actions pour un retour serein de ces familles sur leurs terres. Après toutes ces années, je crois qu’il est temps.
Mutama Congo mbega iyo Avril 72 ko yabaye une chanson? ? Vous voulez nous faire oublier la barbarie de 1993; holocost Kibimba; Buta etc! Tekereza basha tureke gutoteza les pauvres paysans !
@ boss, l économie d un procès de avril 72 nous fera tjrs retourner dans la barbarie. On est en 2017 et certains disent tuer pour se venger de 72. Pourquoi ne pas voir les choses en face et faire justice aux victimes de 72? Pour moi c’est un impératif. Chaque fois que ça ne sera pas fait ce sera un alibi pour un tas de massacreurs.
« Ils ne sont pas venus de nulle part. Ils doivent retourner sur leurs collines d’origine. Le pays a recouvré la paix »: est-ce que les bourreaux qu’ils ont laissé sur les collines ont été jugés? S’ils sont encore là, que vont-ils faire à ces témoins genants?
Chaque fois qu une vérité est dure à entendre vous censurez . Apres avril 72 il était aussi impossible de parler de l hécatombe. Continuons à faire l autriche mais ça ne sauvera pas la prochaine génération .
@Congo: Vive la CVR, pour les preneurs venus de l ‘autre rive du Lac! Ceux-là se sentent encore mieux plus loin des rives du lac Tanganika, par exemple à Gasorwe ou Bwagiriza, loin des bruits de tambours qui risquent de leur casser des tympans…