Vendredi 22 novembre 2024

Société

Le calvaire des Batwa du site de Nyarumanga aux portes de Bujumbura

10/08/2021 Commentaires fermés sur Le calvaire des Batwa du site de Nyarumanga aux portes de Bujumbura
Le calvaire des Batwa du site de Nyarumanga aux portes de Bujumbura
Les Batwa du site de Nyarumanga font face à la pauvreté, à part d’autres problèmes

Au moment où le monde entier célèbre la Journée internationale des peuples autochtones ce 09 août, les Batwa du site de Nyarumanga en zone Buterere de la commune Ntahangwa font face à mille et un problèmes. Ils appellent toute âme charitable à leur venir en aide.

Il est 9 heures au site de Nyarumanga. Des enfants s’affairent et jouent dans les dépotoirs. C’est leur terrain de jeu et c’est, hélas, leur garde-manger.

Quand un camion plein de déchets arrive dans cette décharge publique, ces enfants accourent quand la benne bascule vers l’arrière pour se débarrasser de sa cargaison répugnante.

Mais c’est la fête pour ces gavroches, ils espèrent trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Il arrive qu’ils se chamaillent pour un morceau de pain entamé par la moisissure.

De l’autre côté, un autre spectacle : des hommes, des femmes et des enfants fabriquent des briques à partir de l’argile, une matière première que ces anciens potiers reconvertis en briquetiers, maîtrisent.

Ces familles vivent dans la précarité, tenaillées par la faim. « Nous sommes tellement pauvres. Nous n’avons pas de quoi à manger », dit Augustin Ndikuriyo, membre de cette communauté des Batwa du site de Nyarumanga.

Selon lui, le taux de scolarité est considérablement faible. « Nos enfants ne vont pas à l’école. Ils vont plutôt dans le dépotoir pour trouver les restes des aliments jetées avec les poubelles ». Les habitants de ce site, ajoute-t-il, manquent de moyens pour les soins de santé.

Il a une autre plainte, et s’en prend aux associations militant pour les droits des Batwa : « Elles ne sont pas actives sur terrain, nous ne les connaissons pas. Ils ne nous sont d’aucune utilité ».

Pour Rénilde Ndimurukundo, femme de cette communauté, la non-scolarisation des enfants Batwa est la conséquence de la pauvreté. « Si l’enfant rentre et trouve qu’il n’y a pas de la nourriture, il ne retourne pas à l’école le lendemain », se lamente la quadragénaire. Pour elle, les enfants espèrent plutôt que leurs avenirs se trouvent dans les dépotoirs.
Pour parvenir à nourrir sa famille, elle aide dans le déplacement des briques adobe. Elle est payée 2000 BIF par 1000 briques déplacées. « Avec cet argent, on ne peut pas satisfaire aux besoins d’une famille de six enfants », souligne-t-elle.

Elle demande au gouvernement de leur venir en aide : « Nous sommes des humains. Nous devrions jouir des droits comme d’autres citoyens ». Et d’exhorter les associations de faire des descentes sur terrain pour s’enquérir de la survie des Batwa.

L’Uniproba endosse leurs plaintes

Pour Vital Bambanze, ancien député et directeur de l’association Uniproba (Unissons-nous pour la Promotion des Batwa), le problème foncier constitue un défi majeur auquel font face les peuples autochtones au Burundi. « Moins de 50% des Batwa au Burundi ont un demi hectare de propriété », précise-t-il.

Pour lui, les familles des Batwa peinent à trouver de quoi à manger et croupissent toujours dans la pauvreté. Comme conséquence, indique-t-il, ils sont discriminés et marginalisés dans la société.
« Ce n’est pas facile pour les Batwa d’être embauchés faute de niveau d’étude qui reste toujours bas », regrette le président de l’UNIPROBA.

En ce qui est de la représentation politique des Batwa, Vital Bambanze dit que le niveau de la représentation dans les instances de prise de décision reste bas malgré les avancées significatives.
Pour lui, la Constitution du Burundi est « discriminatoire ». Il se réfère à l’article 169 de ladite Constitution qui exige les quotas ethniques dans la composition de l’assemblée nationale.

« Il n’y a aucun membre de la Communauté des Batwa qui est chef de colline, administrateur, gouverneur, directeur général ou encore ambassadeur », déplore cet ancien député.
Concernant les accusations de la non-présence des associations sur terrain, Vital Bambanze précise que les moyens financiers des associations sont limités pour satisfaire aux besoins de tous les Batwa éparpillés sur toute l’étendue du territoire burundais.

Et de rappeler que le bien-être des Batwa, la protection de leurs droits comme d’autres citoyens burundais, est dans les attributions du gouvernement.

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