Il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne… Lors des sénatoriales du 20 juillet 2020, la déchéance étreigna le président de l’Assemblée nationale sortante et ex-président du Cndd-Fdd, Pascal Nyabenda. Le verdict des urnes l’a renvoyé dans les cordes, le confinant dans une zone d’humiliation avec 26 voix contre 81 pour son adversaire Hutu du Cnl. Or le Cndd-Fdd dispose de 89 conseillers communaux, le Cnl 19 et l’Uprona 1.
Aigle parmi les aigles, il tirait sa sève politique du « chêne de Mwumba ». Le 31 mars 2012, Pascal Nyabenda est élu à la présidence du Cndd-Fdd. Et ce jusqu’à l’entrée en fonction du général major Evariste Ndayishimiye, le 20 août 2016. Entre-temps, Pascal Nyabenda occupe le perchoir – élu haut la main avec 101 voix -, depuis le 30 juillet 2015.
Retour sur le parcours de cet Icare des temps modernes, celui que « l’homme du Peuple » aima, qui se brûla les ailes pour avoir volé trop près du soleil.
Dans le vide créé par le départ de celui qui était le plus précieux, émergea une opportunité. Dans la course pour défendre les couleurs du parti de l’aigle pour la présidentielle du 20 mai 2020, « David », soutenu par le « Guide suprême du patriotisme », vs « Goliath », le champion des généraux. L’espace d’un matin, l’illusion de la victoire gagna « David » tant les rapports de force semblaient bousculés. Et le désir d’un homme sur le point de se métamorphoser en destinée s’est fracassé sur le mur du véritable rapport des forces.
Le chemin vers Golgotha venait de commencer pour l’homme de la plaine face à celui des plateaux centraux. Rétrogradé en 13e position sur la liste des candidats conseillers communaux de Mpanda, son parrain « Moïse » a pesé de tout son poids pour le hisser à la 3e place.
Jeudi 11 juin, le Conseil des ministres a annoncé la saisie de la Cour constitutionnelle après constat de la vacance du pouvoir. Dans sa décision rendue vendredi 12 juin, cette haute juridiction a constaté la vacance du poste de président de la République et a autorisé la prestation de serment anticipée du président élu Evariste Ndayishimiye, « le plus tôt possible ». Le 2e personnage de l’Etat s’est vu du coup privé de sa balançoire présidentielle que lui confère l’article 121 de la Constitution en son alinéa 2. Ainsi en a décidé le cœur historique du système « DD ».
Les politiques qui se voient propulsés puis maintenus au sommet à la force du poignet de leur parrain devraient graver dans le marbre cette leçon magistrale de Michael Corleone dans Parrain III : « Le vrai pouvoir ne se donne pas, il se prend. »