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Économie

Le café, une culture pour les riches ?

22/12/2020 Commentaires fermés sur Le café, une culture pour les riches ?
Le café, une culture pour les riches ?
Lancement de la campagne de pulvérisation à Mubaragaza

Le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage a lancé à la fin de la semaine dernière à Karusi la campagne de pulvérisation, de fertilisation et de mise en place des plants de caféiers. Nombreux paysans surtout les jeunes gens et ceux de l’ethnie Batwa affirment être mis à l’écart dans la culture du café.

Tout s’est passé sur la colline Mubaragaza en commune Mutumba, dans une plantation de caféiers d’un particulier, tout était mis en place pour la journée.

Le secrétaire permanent et les cadres du ministère l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage avaient tronqué leurs costumes contre une combinaison d’agriculteur et un pulvérisateur pour procéder au lancement de la campagne nationale de pulvérisation, de fertilisation et de mise en place des plants de caféiers edition2020-2021 dans la province de Karusi.

Le ministère n’avait pas lésiné sur les moyens : des pompes pulvérisateurs, des engrais chimiques, fongicides, des nouveaux plants étaient en grand nombre sur les lieux.

A l’issue de ce lancement officiel de la campagne de traitement phytosanitaire du verger café, qui est à 90% attaqué par des maladies, selon des sources autorisées, les agriculteurs ont reçu de l’Etat, des engrais chimiques subventionnés à 80%, a-t-on annoncé officiellement.

D’après Emmanuel Ndorimana, secrétaire permanent au ministère de l’environnement, agriculture et élevage, l’entretien des caféiers influe beaucoup sur la production. Il a indiqué que l’exportation du café fait entrer dans les caisses de l’Etat la majorité des devises.

« Je ne suis pas venu pour vous rappeler que l’argent que vous recevez dans le café a une grande importance pour nous tous. C’est par le café que vous construisez des maisons en dur et envoyez vos enfants à l’école », estime-t-il.

Selon lui, les agronomes, les moniteurs agricoles, l’administration doivent contribuer à une production de qualité, veiller à l’entretien, conseiller les agriculteurs pour l’intérêt du pays et de la population.

Selon les experts, le vieillissement des plantations de café, ainsi que le manque d’entretien desdites plantations du fait de la maîtrise approximative des techniques de traitement, ou alors simplement à cause du manque de moyens financiers permettant d’acquérir les fongicides et les pulvérisateurs, sont parmi les maux qui minent la filière café.

« Les plantations de café sont pour ceux qui ont des terres ! »

Tambourinaires, danseurs étaient venus pour ces festivités. Ils chantaient et dansaient mais certains ne le faisaient seulement que pour agrémenter les cérémonies, le cœur n’y était pas, selon une bonne partie des Batwa qui étaient là. Pour eux, il est rare qu’un homme ou une femme de la communauté des Batwa possède une plantation de caféiers.

« Peut-être que beaucoup pensent que nous ne voulons pas planter les cafiers comme les autres burundais. Mais les conditions dans lesquelles nous vivons ne nous permettent pas d’avoir ne plus que dix vergers, c’est le luxe des autres burundais quoi ont des grandes terres », précise Violette Mvuyekure de Mubaragaza.

Pour cette dame, il trouve injuste quand elle remarque que ses voisins hutu et tutsi gagnent de l’argent par la culture du café. Dans de nombreuses situations, l’intérêt de cette partie de la population est surtout porté vers les cultures vivrières qui demandent moins des terres que le café.

« J’ai quelques mètres de terres cultivable, pour moi penser à la culture du café n’est pas ma préoccupation. Si nous avions des moyens, nous aurions pu acheter des propriétés pour faire la culture du café mais malheureusement nous sommes pauvres comme nos parents », révèle Belyse Nihezagire.

Hormis ces femmes et hommes qui affirment avoir été discriminés en tout, même les jeunes gens rencontrés à Mutumba font savoir que dans la mesure où ils n’ont pas de grandes propriétés, cultiver le café restera un privilège des uns et surtout les vieux et le café risquera d’être un souvenir du passé pour les jeunes générations qui ne disposent qu’un petit lopin de terre, juste pour bâtir une maison.

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