Jeudi 21 novembre 2024

Économie

Le Burundi renforce la vente directe du café pour maximiser les revenus des producteurs

Le Burundi renforce la vente directe du café pour maximiser les revenus des producteurs
Mémorandum d’entente signé entre l’ODECA et la société American Roasters Coffee Company

Ces derniers jours, le Burundi a signé des mémorandums avec des partenaires internationaux afin de permettre l’exportation directe du café burundais. Cependant, les producteurs se plaignent depuis longtemps des faibles revenus qu’ils perçoivent, malgré leur dur labeur.

Selon les experts, la présence d’intermédiaires ou commissionnaires dans le processus de vente du café a souvent compromis les efforts des agriculteurs. Un exemple frappant est celui de l’arabica, pour lequel les producteurs burundais ont historiquement reçu des prix bien inférieurs à ceux des pays voisins, comme l’Ouganda, selon un rapport d’Oxfam.

Pour changer la situation, l’Office pour le Développement du Café du Burundi (ODECA) et le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Élevage ont pris des mesures pour changer la situation. Des mémorandums d’entente ont été signés pour l’exploitation du café sans intermédiaire.

Le premier mémorandum a été signé le 31 août 2024 entre l’ODECA et la société américaine nommée American Roasters Coffee Company. Cet accord permet l’exportation directe du café burundais vers les États-Unis, éliminant ainsi le rôle des commissionnaires.

« Nous avons eu l’honneur d’accueillir une délégation d’acheteurs de café en provenance des États-Unis… afin de favoriser des relations directes avec des acheteurs internationaux », a publié ODECA sur son compte X.

« Nous sommes prêts à faire passer le commerce du café à un niveau supérieur grâce à des partenariats directs », a déclaré Amedé Nduwayezu, directeur administratif et financier de l’ODECA.

Interrogé sur les détails de cet accord, Jean de Dieu Niyindabira, directeur général de l’ODECA, a répondu qu’il y avait encore des éléments à clarifier. Il a précisé que les détails de l’accord seraient partagés avec la presse après leur analyse approfondie.

En parallèle, un autre accord similaire a été signé le 3 septembre 2024 entre le ministre burundais de l’Agriculture, Prosper Dodiko, et son homologue chinois lors du Forum sino-africain de développement à Beijing.

Cet accord ouvre un nouveau marché en Chine pour le café burundais et promet de dynamiser le secteur agricole.

Interrogé pour savoir plus sur cet accord signé, l’assistant du ministre de l’Elevage et de l’Agriculture a fait savoir que rien ne peut être révélé pour l’instant, seul l’ODECA aura des mots à dire.

Cependant, malgré ces avancées, le secteur du café au Burundi continue de faire face à des défis majeurs. La production a été gravement affectée par des conditions climatiques défavorables, notamment un déficit de pluviométrie entre mars et avril 2024.

Jean de Dieu Niyindabira a indiqué que la production de café cerise pour la campagne 2024-2025 n’a atteint que 70,4 % des prévisions, avec 81.470 tonnes produites contre les 115.000 tonnes escomptées.

Une motivation en berne

Accords signés entre le ministre burundais de l’Agriculture et son homologue chinois

Aujourd’hui, le prix d’achat du café cerise A, a été revu à la hausse passant de 1.280 BIF à 1.380 BIF le kilo tandis que le café cerise B a passé de 640 à 690 BIF le kilo, des prix qui ne sont pas appréciés par les caféiculteurs burundais. Selon ces derniers, ils affirment qu’ils travaillent à perte au vu des efforts fournis dans la culture du café.

Marc Niyonzima, un caféiculteur de la commune Kayanza, estime que quand l’ODECA aura mis en application les accords signés avec les Américains, les caféiculteurs pourront enfin avoir une plus-value en terme d’argent.

« C’est vrai, nous n’avions pas une motivation dans la culture du café. Quelques-uns ont même abandonné cette culture. Les caféiers sont très vieux, car l’argent que nous recevons ne correspond pas aux efforts fournis par le caféiculteur ».

Selon lui, ’’quand le prix du café sera augmenté et quand le caféiculteur vendra lui-même, sans passer par les commissionnaires, il y aura plus de courage de remplacer les vieux caféiers’’. 

Margueritte Nibizi de la même commune explique qu’elle avait abandonné la culture du café. Pour elle, si le prix d’un kilo de café augmente et qu’on valorise les caféiculteurs, elle va retourner dans la culture de café.

« J’ai abandonné la culture du café, car tout ce que je récoltais, c’était la fatigue. Je préfère cultiver autre chose comme du manioc, du haricot et des patates douces, car à la vente, je rentre les poches pleines, contrairement au café », a-t-elle amèrement lâché.

Au début de ce mois, le directeur général de l’ODECA a annoncé que, désormais, durant cette saison de l’année 2024-2025, le prix d’un kilo du café washed sera de 3.500BIF.

Sachez que, malgré les efforts des autorités, des fuites de café vers les pays voisins continuent d’être signalées. Un peu plus de 37 tonnes ont été saisies dans trois provinces frontalières avec le Rwanda.

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. Gacece

    Douche froide : je viens de visiter le site Internet de cette compagnie American Roasters Coffee Company. Voici mes trouvailles et les questions que je me pose :

    – Leur site Internet a été enregistré en mai 2023. Trop récent à mon avis.
    – Les propriétaires du nom de domaine (ArcCoFficial.com) sont biffés dans l’enregistrement, c’est-à-dire qu’ils ne veulent pas être identifiés. Pour une entreprise qui va faire des affaires avec une organisation officielle, il me semble que la transparence devrait être mise en avant.
    – Dans leur sites internet, ils y a des produits (paquets de café) à vendre, mais la description est trop vague. Et il n’y a aucun moyen de l’acheter.
    – Aucune adresse physique d’affaire. Les Burundais aux États-Unis pourraient faire une enquête pour connaître et valider si cette compagnie est légalement enregistrée et par le fait même, identifier les propriétaires et leurs adresses.
    – Aucune historique de la compagnie : date de fondation, lieux physiques de vente, partenariats, etc…

    Conclusion : Jusqu’à preuve du contraire, il s’agit d’une arnaque (bien huilée) en devenir!

    Les raisons sont simples : Rien n’est précis et aucune moyen de les identifier en cas de fraude!

    C’est mon opinion et elle n’engage que moi-même. Il y a des compagnies réputées, bien connues et transparentes, qui se feraient un plaisir de faire directement affaire avec le Burundi pour son café. J’ai des suggestions et je suis prêt à initier les contacts… Et je promets que je ne demanderai ni commission ni frais de consultation. Ce sera du travail bénévole.

    Pourquoi opterait-on pour des inconnus?

    • Jean Pierre Hakizimana

      J’ai eu le même réflexe et comme j’ai rien trouvé, je me suis dit que cette société doit être un de ces  » LLC » et que il est fort possible qu’il soit enregistré dans un paradis fiscal(Cayman Islands, Les Sechelles, etc…). N’oublions jamais que l’on parle des ‘traders »!

      Tout cela étant dis, le café Burundais, s’il est vendu, il doit se trouver sur le marché international à travers les infrastructures bien connues car c’est le seul moyen que le pays producteurs aie des $ USD. Autrement dit, American Roasters Coffee Company, doit être, soit indirectement ou indirectement, aux structures existantes bien connues par tous les traders du café. Vous savez comment les marchés boursiers sont hyper transparents. Je dis ceci car je crains que les vendeurs Burundais risquent d’avoir manqué de faire un propre  » Due diligence « .

      Peut être que Iwacu n’a pas jugé important de publier la totalité du contenue de ce contrat avec American Roasters Coffee Company. Je dois dire d’ailleurs que les Burundais et ceux qui ont le Burundi près de leur humble coeurs, ne sont pas suffisamment informés ! Le peu que l’on a est souvent incomplets en 2024, une périodes d’abondance d’informations! Observe l’histoire des avions: Le Burundi en a tellement que certains sont garés à Madrid! Aujourd’hui, ceux qui ne savent pas, c’est qu’ils veulent pas. Pas concernant le Burundi: L’excellence de l’opacité.

      Comme vous, cette histoire, comme toutes les histoires qui se passent au Burundi, n’est pas encore fini!

    • Gacece

      @Jean Pierre Hakizimana
      Il existe un moyen très simple de valider si ces gens sont fiables : l’ambassade des États-Unis au Burundi. S’ils sont passés par des structures légales, ils devraient être enregistrés comme commerçants (import/export) au Département d’État Américain (qui est l’équivalent du Ministère des Affaires étrangères). Si ce n’est pas le cas, je m’intéresserais à la personne ou aux personnes qui les ont mis en contact avec l’ODECA.

      • Hakizimana Jean Pierre

        Agreed on all front on this subject. Avez vous remarqué que l’article ne donne même pas les noms de ces deux Monsieurs de l’ American Roasters Coffee Company? Vous savez que les noms nous auraient mené bien à bien bcp d’info!

        Je ne sais pas ou les dirigeants Burundais ont appris le commerce ou l’économie. S’ils l’ont fait, ont il zappé le chapitre sur « Economic behaviour »? L’opacité décourage tjrs les acteurs économiques. Ex: Ok, ils ont signer un contract de vente n’assure pas que le paysan Burundais va commencé à re-planter! A la fin de la journée pour eux c’est « show me the money » ou « fool me once, shame on you, fool me twice, shame on me ». Ou comme disait Prez George W Bush  » fool me once shame on you, fool me twice, you can’t fool me again! ».

        Si tout était transparent, cela encouragerait une naissance d’entreprenariat Burundais dans ce domaine. Mon mentor m’a appris que  » Radical transparency always works in the end ».

  2. Nsanze

    On a un très bon café, un très bon thé, de très bons ananas, de très bons de tout, mais aussi un très mauvais sens des affaires.

  3. Nous remercions vivement notre DG ODECA dans ses activités q’il fait en donnant la valeur du café de notre pays.et moi aussi j’étais un cultivateur du café,j’avais abondonné parceque je voyais que c’était la fatigue,et pour le moment je retourne à cultiver le café!!si un kilo sera de 3500 fbu en tout cas dans 10 ans je serai boss!!!

  4. Hihi

    Les mesures supprimant les intermédiaires sont excellentes
    Maintenant il va falloir se remettre à planter et préparer le nouveau scénario.
    La filière café doit se remettre en question.
    nouveaux produits , nouveau emballage, nouveau circuit commercial.
    Définir les quantités a produire, pour les anciens et nouveaux marchés .
    calculer au plus juste les prix de vente et les marges

    • Stan Siyomana

      @Hihi
      1. Vous ecrivez:« calculer au plus juste les prix de vente et les marges.. »
      2. Mon commentaire
      L’on voit bien que le prix du cafe cerise n’a pas tenu compte de l’augmentation du prix du cafe arabica sur le marche international.
      LE CAFEICULTEUR BURUNDAIS EST REELLEMENT EXPLOITE COMME UN ESCLAVE PAR CEUX QUI FIXENT CE PRIX MISERABLE DU CAFE CERISE.
      Pour les derniers 11 mois, le prix du cafe arabica est passe de 1,59 dollars(per pound = 450 grammes) (10 octobre 2023) a 2,47 dollars (10 septembre 2024), SOIT UNE AUGMENTATION DE 62,69%.
      https://www.barchart.com/futures/quotes/KCZ24/interactive-chart
      R

      • hakizimana jean Pierre

        Stan,

        Le prix que vous donnez c’est celui du café qui sera livré au détenteur de contrat Dec 24 (Z24) au plut tard. C’est normal que les prix soient different du « Spot price relativement au Future contract prices » Plus un contrat approche la date de livraison, plus le prix s’approche du « spot price ».

        https://www.investopedia.com/terms/s/spotcommodity.asp

        Je ne sais pas ce que vous voulez dire par « intermédiaires  » car d’une manière ou une autre, il y en aura tjrs. Par ex, American Roasters Coffee Company peut tjrs vendre (trading) le contrat en question.

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