Dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA célébrée le 1er décembre de chaque année, le Burundi compte emboîter le pas d’autres pays et a honoré cette journée ce 4 décembre à Rumonge.
Selon les données de l’UNAIDS, les jeunes femmes sont les plus vulnérables au VIH pour plusieurs raisons : sur le plan biologique, social, économique et culturel. Globalement, jusqu’à 60 % de toutes les infections à VIH chez les femmes se produisent avant l’âge de 20 ans.
La ministre de la Santé publique et de la Lutte contre le SIDA, Lydwine Baradahana, dans son communiqué, précise que les chiffres des personnes vivant avec le VIH/SIDA ont diminué de 6 % en 2002 à 0,9 % en 2017.
« Le virus et les morts victimes du VIH/SIDA sont en baisse à 61 % en 2022. 95,5 % des personnes séropositives connaissent leurs états de santé, 98,8 % prennent les antirétroviraux (ARV). Les tests pour 90 % de ces personnes vivant avec le VIH/SIDA montrent que le virus est réduit dans leur sang. Cela fait que le Burundi occupe la première place parmi les pays de l’Afrique centrale et de l’Est dans la lutte contre le SIDA ».
Cela étant, nuance-t-elle des défis demeurent : « Les chiffres sont remarquables chez les enfants de moins de 4 ans contaminés via leurs parents vivant avec le VIH et chez les jeunes de 15 à 24 ans ».
La jeunesse, plus vulnérable face au VIH
Un jeune porteur du virus depuis sa naissance témoigne : « J’ai 19 ans, et je vis avec le VIH depuis ma naissance. Mes parents m’ont transmis le virus, mais je ne l’ai appris qu’à l’âge de 12 ans. Avant cela, je pensais simplement que mes visites régulières à l’hôpital étaient normales pour tous les enfants ».
Il poursuit son récit :« Quand on m’a expliqué que j’étais séropositif, j’ai ressenti de la peur et beaucoup de colère. Je ne comprenais pas pourquoi cela m’arrivait, et j’avais peur que mes amis ou mes enseignants le découvrent. Pendant des années, je me suis senti isolé, comme si ce virus faisait de moi quelqu’un de différent ».
Nombreux sont les jeunes qui prennent leur courage par les deux mains pour aller se faire dépister. A.N, un jeune adolescent de 18 ans rencontrer tout près de l’ANSS, il a accepté de parler : « Je veux connaître mon état de santé. J’habite Nyakabiga et l’ANSS est le seul centre que je connais ».
Après avoir insisté pour connaître les raisons de ce dépistage, le jeune homme nous a fait une confidence : « Mes parents vivent avec le VIH, j’ai vu mon petit frère mourir et l’un de mes parents est décédé, même si on n’est pas sûr de la cause de son départ. J’ai peur et je veux savoir si je suis séropositif ou non ».
Hamza Burikukiye, président de l’association CAPES+, représentant les personnes vivant avec le VIH/SIDA, se dit satisfait et fier des progrès réalisés dans la prise en charge du VIH/SIDA au Burundi. « Les traitements antirétroviraux sont largement accessibles, les examens médicaux sont facilités et le suivi de la charge virale est assuré J’ai espoir que d’ici 2030 le Burundi aura éradiqué à 90 % le VIH/SIDA ».
Face au possible retrait des partenaires internationaux, le représentant de CAPES+ se veut rassurant : « Nous nous engageons à renforcer notre autonomie en matière de prévention et de prise en charge. Nous mettrons en place des initiatives pour sensibiliser la population, promouvoir des comportements à moindre risque et, à terme, contribuer au financement de nos propres programmes ».
Hamza Burikukiye a également souligné le rôle crucial des jeunes vivants avec le VIH/Sida au Burundi : « Ce sont des acteurs clés de la société. Ils travaillent, fondent des familles et contribuent au développement du pays. Nous encourageons les jeunes à se faire dépister, à se soutenir mutuellement et à adopter des comportements responsables ».
Il insiste sur la responsabilité collective : « Il est essentiel que les adultes assument leurs responsabilités et protègent les jeunes des risques liés au VIH. Nous appelons le gouvernement à maintenir la santé comme une priorité dans sa vision 2040-2060 ».
Enfin, il se réjouit des avancées réalisées. « Les progrès sont encourageants, les décès liés au VIH ont diminué et la transmission mère-enfant est maîtrisée. Le Burundi a atteint 95 % des objectifs fixés dans la lutte contre le VIH/SIDA. Cette journée est l’occasion de célébrer ces succès et de réaffirmer notre engagement à poursuivre nos efforts.
Satisfecit pour Jeanne Gapiya
La fondatrice de l’Association nationale de soutien aux séropositifs (ANSS) exprime se réjouit du pas franchi dans la lutte contre le Sida au Burundi : « Les progrès dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH sont indéniables ».
Bémol. Cependant, regrette-t-elle, je suis inquiète par rapport au relâchement des mesures de prévention qui se remarque ces dernières années.
« Nous constatons de nouvelles contaminations, surtout chez les jeunes. Bien que depuis bientôt 6 ans nous n’ayons pas eu aucun enfant né d’une mère séropositive qui soit infecté au niveau des différents centres de prise en charge de l’ANSS-Santé+ (1 606 enfants), ce n’est pas le cas au niveau des autres centres de prise en charge au Burundi », explique Mme Jeanne Gapiya.
La fondatrice de l’ANSS demande qu’il y ait un effort de tous les acteurs : « L’ANSS-Santé+ a changé d’approche dans le domaine du dépistage. Bien que le dépistage volontaire et anonyme reste possible au sein de nos 5 centres de prises en charge, nous avons aussi une politique d’aller vers les populations à risque ».
Jeanne Gapiya explique que le taux de séroprévalences des groupes de populations, notamment les usagers de drogues, les professionnels de sexe, les homosexuels…, est élevé. « Au moment où nous avons un taux de 0,9 % dans la population, en général, chez ces populations, cela varie entre 12 et 5 % de séroprévalences ».
Quid des personnes vieillissant avec le VIH/SIDA ?
« Cependant, les personnes vieillissant avec le VIH comme moi ont des maladies liées à la vieillesse et d’autres maladies qui sont venues comme effets secondaires des premières molécules. Nous avons aussi des maladies comme des cancers du col de l’utérus dont les femmes infectées par le VIH sont 6 fois plus exposées que les autres. Nous constatons aussi des hépatites chez une partie de nos membres », a-t-elle confié.
Selon Mme Jeanne Gapiya, ces personnes ne trouvent pas facilement les médicaments pour toutes ces maladies. « Ce qui constitue un défi majeur, surtout que les financements ne suivent pas pour autant ».
La ministre de la Santé publique et de la Lutte contre le Sida, Dr Lydwine Baradahana explique que pour mener à bien la lutte contre l’épidémie du VIH, les professionnels du sexe doivent adopter un comportement responsable et digne. « Même s’il y a des avancées au côté du Burundi, les jeunes sont les plus touchés en grande nombre », a-t-elle déploré.
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