Du 12 au 13 mars, tous les médecins provinciaux et chefs de district du pays étaient en pleine session de briefing sur la COVID-19 ou maladie du coronavirus qui touche déjà plus de 140 pays. L’atelier était organisé par le ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le Sida, en collaboration avec le Bureau de l’OMS au Burundi. L’objectif ultime de cette activité était de permettre aux participants d’avoir une compréhension commune sur la préparation et la prise en charge d’un cas éventuel de la pandémie de la COVID-19.
L’épidémie de la COVID-19, désormais déclarée par l’OMS comme étant devenu une « Pandémie » a déjà emporté plus de 5800 vies et est désormais présent dans plus de 140 pays, d’après toujours l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’agence spécialisée onusienne classe le Burundi parmi les pays de Priorité 3 ; c’est-à-dire les pays dont « Le risque est très élevé. »
Conjointement conduite par le Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA en collaboration avec le Bureau de l’OMS au Burundi, la session de briefing a été une opportunité pour les médécins chefs des districts et les médécins provinciaux, de découvrir et en savoir plus sur cette nouvelle pathologie.
Prévention, prise en charge du Covid-19, surveillance épidémiologique et investigation des cas, la prise en compte de la communication sur les risques et l’engagement communautaire, la prévention et gestion des fausses information… les médecins ont eu droit à tout ce qui est lié à ce nouveau virus « transmis d’une personne malade à une personne saine par des gouttelettes respiratoires lorsque la personne malade tousse, éternue ou parle près d’une autre personne », selon le Dr. Jim Thierry Ntwari de l’OMS.
Quelques participants se frottaient déjà les mains à la clôture de cette session qui a duré deux jours. Richard Nimbona, médecin chef de district sanitaire de Mpanda, dans la province Bubanza, parle d’un briefing très utile pour lui. « Nous étions sous informés par rapport au nouveau coronavirus. » Il sait d’ores et déjà comment faire appliquer les mesures liées la prévention et la surveillance dans son district.
Le Dr. Nimbona assure que son district, comme tous les autres, a déjà des acquis par rapport à la préparation à la Maladie à Virus Ebola. Il faut quelques ajouts pour coronavirus. Il parle déjà des systèmes de lavage disponibles sur presque toutes les structures de soins, les thermomètres… Il reste les laboratoires de diagnostic. Le matériel dans les lieux d’isolements identifiés dans quelques structures de soins proches des frontières fait aussi défaut.
Le Représentant de l’OMS au Burundi, le Dr Walter Kazadi Mulombo, présent dans cette session, indique qu’il est temps d’être plus vigilant et plus offensif, d’accélérer les activités de préparation à la riposte contre la pandémie.
Et de clarifier que ce briefing de deux jours a été organisé dans le but de permettre aux médecins chefs de district et médecins provinciaux, d’avoir une compréhension commune sur les attentes de l’OMS par rapport à la préparation et la prise en charge éventuelle par les pays.
« Cet atelier est aussi une occasion d’avoir une meilleure compréhension de l’état réel de préparation des différents hôpitaux, centres de santé du pays afin d’aider le gouvernement à se préparer et à mobiliser les ressources nécessaires pour faire face à la maladie », affirme le Dr. Kazadi Mulombo.
Un pas déjà franchi…
Le Représentant de l’OMS au Burundi rassure ; comme le Burundi était plutôt en avance dans la préparation contre la Maladie à Virus Ebola, il dispose déjà de certains acquis qui permettent au pays d’être un peu plus préparé à une autre urgence de santé publique comme le nouveau coronavirus. « L’OMS va continuer à accompagner le pays pour qu’il se prépare de mieux en mieux. » déclare-t-il.
Le Représentant de l’OMS fait savoir que l’OMS est entrain de coordonner l’action de préparation et de réponse à travers le monde, et de tous les partenaires qui appuient le gouvernement. Car le Burundi, comme tous les autres pays, a été appelé à renforcer la préparation pour faire face à la pandémie.
Le Dr Kazadi Mulombo invite ces médecins à se serrer les coudes, à ne pas céder à la peur. « Nous devons travailler en synergie pour nous assurer que toutes les structures de santé du pays ont le minimum requis pour faire face à la Covid-19. »
Le ministère de la Santé et de la lutte contre le sida dresse quelques mesures déjà prises par le gouvernement. Le Dr Liliane Nkengurutse du service des urgences épidémiologiques parle de l’élaboration d’un plan de contingence et un plan de 72 heures qui n’est pas encore validé. La mise en place du comité de pilotage et de préparation, le même pour la Maladie à Virus Ebola, le Renforcement de la surveillance à l’Aéroport international Melchior Ndadaye de Bujumbura. Messages de communication sur les risques. Intensification des formations en Prévention et contrôle de l’infection (PCI). Identification des structures d’isolement, de prise en charge et de mise en quarantaine, etc.
Pour une meilleure communication sur les risques
Le chargé de la communication du Bureau l’OMS a expliqué l’importance de la communication sur les risques en temps d’urgence qui est l’échange en temps réel d’informations, de conseils et d’avis entre les experts, les responsables communautaires, les décideurs politiques et les populations en situation de risque.
D’après l’OMS, lors d’une épidémie, d’une pandémie, d’une crise humanitaire ou d’une catastrophe naturelle, une communication sur les risques efficaces permet aux populations à risque de comprendre les comportements à adopter pour se protéger. Le spécialiste en communication invite les médecins à faire attention aux « fake news », de vérifier avant de relayer toute information sur la pandémie.
Et de souligner que les communautés, y compris la communauté des prestataires des soins, doivent être impliquées au cœur de toute intervention de santé publique, en particulier dans les situations d’urgence.
Dr. Sandrine Kaze, médécin à l’Hôpital de District de Kamenge, dans le district sanitaire Mairie nord na cache pas sa satisfaction après ce nouveau contenu censé doter les médecins des compétences dans la détection et la riposte contre les fausses informations sur les médias sociaux : « Nous entendions beaucoup de choses différentes sur covid-19. Beaucoup de rumeurs, de fausses informations sur les réseaux sociaux. Mais ce briefing nous aide beaucoup à connaître la réalité. »
Le Dr. Kaze se félicite de quelques actions déjà menées dans son district dans lequel se trouve la principale porte d’entrée pressentie de la maladie : l’Aéroport international Melchior Ndadaye. Elle appelle les partenaires techniques et financiers du pays à tout faire tout pour outiller le Burundi afin de combattre ce fléau.
Elle affirme que les différents districts étaient déjà préparés pour la maladie à virus Ebola, une préparation pas très différente pour la covid-19. Mais, d’après ce médecin, c’est loin d’être suffisant car coronavirus se répand très vite par rapport à la MVE.