Réunions entre autorités provinciales ou sécuritaires, remises réciproques de ‘’rebelles’’, etc. Entre le Burundi et le Rwanda, les gestes de rapprochement se multiplient.
Lundi 25 octobre. Les gouverneurs des provinces de l’est et du sud du Rwanda et ceux de Kirundo et de Muyinga au nord du Burundi se sont rencontrés au poste frontalier de Gasenyi-Nemba, province de Kirundo.
A la tête de la délégation burundaise, Albert Hatungimana, gouverneur de Kirundo et celui de Muyinga, Jean-Claude Barutwanayo.
Côté rwandais, Emmanuel Gasana, gouverneur de la province de l’Est accompagné de Mme Alice Kayitesi, gouverneur du Sud.
Sont également présents des administrateurs communaux (Busoni, Ntega, Kirundo, Bugabira, Giteranyi, Bwambarangwe) et les responsables rwandais de districts frontaliers, ceux des services de force de défenses et de sécurité, les services de santé et migration.
« L’objet de la rencontre était d’évaluer ensemble la sécurité sur la frontière (maritime et terrestre) et une prise de contact entre les administratifs provinciaux et communaux. C’était aussi pour échanger sur la fraude à la frontière et renforcer la communication entre nous », a indiqué Albert Hatungimana, gouverneur de Kirundo.
Joint par téléphone, ce mardi 26 octobre, il s’est réjoui de la bonne situation sécuritaire à la frontière : « Il n’y a plus de provocation, pas de méfiance entre les Burundais et les Rwandais sur la frontière. Aujourd’hui, nous échangeons des malfaiteurs attrapés de part et d’autre. »
Il assure que les provocations ont diminué : « Les Rwandais ne dépassent plus les limites pour s’introduire dans les eaux burundaises, sur les lacs du Nord. »
Après cinq heures d’échanges, les deux parties se sont convenues de renforcer la communication, de sensibiliser la population sur la réglementation régissant la frontière et migration, de lutter ensemble contre la fraude et la Covid-19, la criminalité et vol transfrontalier.
M.Hatungimana ajoute qu’ils se sont également mis d’accord pour une rencontre trimestrielle. Pour concrétiser les clauses de cette réunion, il annonce qu’une vache volée dans le district de Gisagara au Rwanda et amenée au Burundi sera bientôt remise aux autorités rwandaises.
Kirundo n’était pas la première
15 octobre, à la frontière burundo-rwandaise de Ruhwa, une autre rencontre avait eu lieu entre une délégation burundaise pilotée par Carême Bizoza, gouverneur de Cibitoke et celle venue du Rwanda avec à la tête le gouverneur de l’Ouest.
A cette occasion, les deux parties avaient noté une amélioration de la situation sécuritaire sur la frontière commune. Un souhait de reprise des échanges commerciaux a été émis. « Nous sommes tous très convaincus qu’il est grand temps de favoriser la libre circulation sur nos frontières », avait déclaré François Habitegeko, gouverneur de l’ouest du Rwanda.
A l’issue de la rencontre, les deux parties s’étaient mis d’accord sur le partage d’informations sur les criminels qui se cachent de part et d’autre des frontières et de se rencontrer tous les trois mois.
Une rencontre du genre avait aussi eu lieu, le 6 août, entre le gouverneur de Kayanza et son homologue de la frontière de la province du sud du Rwanda, à la frontière de Kabarore-Nshili.
Remise réciproque de ‘’rebelles’’
Deux remises des rebelles attrapés au Rwanda et au Burundi ont déjà été effectuées pour renforcer la bonne collaboration entre les deux pays. La plus récente date du 19 octobre. Les autorités burundaises ont remis onze présumés combattants du Front national de libération (FLN) aux autorités rwandaises essentiellement composées d’officiers de l’armée.
Cette remise s’est déroulée sur la frontière burundo-rwandaise de Gasenyi-Nemba dans la province de Kirundo, au nord du Burundi. Des fusils, des munitions et autres matériels militaires ont été remis à l’armée rwandaise. Une opération effectuée en présence du mécanisme conjoint de vérification élargi (MCVE), un organe de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), de l’Union Africaine (UA), de l’ONU, etc.
De leur côté, les autorités rwandaises avaient remis, au mois de juillet dernier, 19 présumés rebelles. Ils sont soupçonnés d’avoir mené une attaque meurtrière dans le nord du pays, en septembre 2020.
La population s’impatiente
Que ce soit à Muyinga, ou à Kirundo, la rencontre du 25 octobre a été une bonne nouvelle pour la population. « C’est vraiment important pour nous. On attendait depuis longtemps ce genre de réunions pour voir comment rétablir les bonnes relations. Le Rwanda nous manque », confie Isidore, un habitant de la commune Giteranyi, province Muyinga. Joint par téléphone, mercredi 27 octobre, il rappelle qu’avant la crise de 2015, les Rwandais et les Burundais se côtoyaient tous les jours : « On pouvait traverser facilement le lac Rweru pour aller travailler au Rwanda ou rendre visite à des amis rwandais. Beaucoup de tonnes de haricot passaient par le Rweru vers le Rwanda ou vice-versa. » Isidore se dit très impatient de revoir les Rwandais et les Burundais revivre cette situation.
Igiraneza, un habitant du centre Kirundo abonde dans le même sens : «Nous avons bien accueilli cette réunion. Il est vraiment temps que les relations redeviennent normales, amicales. Que la frontière soit rouverte. » Et de faire remarquer qu’avant la détérioration des relations, les Burundais n’avaient pas besoin de laissez-passer pour se rendre au Rwanda. Et d’ajouter aussitôt : «Les Rwandais venaient souvent à Kirundo. Ils aiment beaucoup les produits Brarudi, les Ndagala, etc. Et ceux qui œuvrent dans le domaine du transport gagnaient beaucoup d’argent. Le trafic était très intense à la frontière de Nemba-Gasenyi. » Il espère que la réouverture de la frontière est proche.
Des gestes positifs, mais…
Les rencontres et les gestes d’apaisement s’intensifient. Ce qui laisse présager un avenir meilleur. En tout cas, nous sommes loin de la guerre des mots entre les deux pays durant la crise de 2015. Depuis, l’eau a coulé sur le pont.
Malgré la multiplication de gestes de rapprochement entre le Burundi et le Rwanda, Gitega continue d’émettre une condition sine qua non à la normalisation.
Dans sa sortie médiatique du 19 août dernier, le patron de la primature a quelque peu calmé les ardeurs de ceux qui pensent à une cérémonie des alliances sans condition.
Alain Guillaume Bunyoni l’affirme, même en pleine crise de 2015 et 2016, les échanges de malfaiteurs entre les deux pays se sont toujours faits.
Pour lui, Kigali doit en signe de bonne volonté pousser plus loin. Il doit remettre les putschistes et leurs acolytes qu’il héberge après le putsch du 13 mai 2015.
« C’est pourquoi nous insistons toujours pour qu’ils nous soient livrés. Les autorités rwandaises ne nous ont remis qu’une petite partie, » a-t-il indiqué.
Sinon il encourage les bons gestes de voisinage entre gouverneurs de provinces des deux côtés de la frontière. Mais, souligne la primature, il faut notamment travailler en mettant l’accent sur ce qui a été à la base de la détérioration de ces relations.
Une position bien tranchée qu’a réitérée la porte-parole du ministère des Affaires étrangères le 8 octobre lors d’une émission publique. A la question de savoir à quand l’ouverture de la frontière Gasenyi-Nemba, Sonia Niyubahwe a été catégorique : « Aussi longtemps que le Rwanda n’aura pas honoré ses promesses, dont la livraison des putschistes de 2015, les frontières resteront fermées.»
Kigali a déjà honoré une partie du « deal. » Il a fermé les deux radios des Burundais en exil qui travaillaient sur sol. Une commission tripartite Rwanda, Burundi, HCR a été mis en place pour organiser un retour massif des réfugiés burundais. En plus de la livraison des rebelles burundais Red Tabara qui tentaient de déstabiliser Gitega à partir de son territoire. Ces gestes de bonne volonté ont été très bien accueillis par son voisin. Il n’en demeure pas moins que la pomme de la discorde est toujours là.
Impossible pour Kigali de livrer les commanditaires du putsch qui sont protégés par la loi internationale qui protège les prisonniers politiques. « Le Rwanda ne va pas lâcher des personnes sous protection de l’ONU. Nous ne pouvons pas livrer unilatéralement des gens qui sont venus trouver refuge chez nous (…) Si quelqu’un veut nous les reprendre pour les remettre au Burundi, il en assumera les conséquences,» a déclaré Paul Kagamé.
Les organisations régionales et onusiennes se penchent actuellement sur la question. Des sources au sein de ces organisations indiquent qu’elles travaillent pour sortir les deux pays voisins de cette impasse. Elles planchent sur la possibilité de délocaliser les opposants burundais vers d’autres pays.
Kigali de son côté attend également plus de son voisin du sud. Il déplore notamment des attaques opérées par des groupes armés venant de la réserve de Kibira au Burundi.
Lors de la remise des présumés combattants du FLN par le gouvernement burundais, le 20 octobre, le général de brigade Vincent Nyakarundi, chef du renseignement militaire rwandais, a énoncé un bémol, quoique la distance parcourue soit satisfaisante : « Malgré la réception de ces 11 combattants, il est à noter que des centaines d’autres restent dans la forêt de la Kibira d’où ils poursuivent leurs tentatives à traverser la frontière afin de tuer des civils innocents. (…) Nos populations ont besoin du retour des activités, des affaires et des échanges transfrontaliers. Donc, nous devons travailler dur ensemble pour y arriver ».
En attendant, la population des deux pays croise les doigts et espère la fin de la discorde.
Mr nyakarundi ngo haracari abagwanyi beshi none wozakuberekana. Twebwe twabahaye des officiers namwe muduha des éleveurs ntiwumva kwari mwebwe mukora nabi
Un pas salutaire, nuko biza buke buke bigora ngo ntwemere ukuri ko ngo » ubwenge
buraharugrwa, » vyiza cane kugira imibano myiza.