Jeudi 07 novembre 2024

Politique

Le Burundi et le Rwanda sur la voie du rapprochement

Le Burundi et le Rwanda sur la voie du rapprochement
Albert Shingiro : « Une fois extradés, nous garantissons que les putschistes burundais de 2015 ne subiront aucune atteinte à leur intégrité physique »

Les relations entre le Burundi et le Rwanda, tendues depuis plusieurs années, semblent connaître un léger dégel. Les deux pays voisins seraient en passe de trouver un terrain d’entente sur la question épineuse de l’extradition des individus impliqués dans la tentative de coup d’État de 2015 au Burundi.

Dans une déclaration officielle du 4 novembre, le ministre burundais des Affaires Étrangères et de la Coopération au Développement, Albert Shingiro a formellement assuré que les droits fondamentaux de putschistes de 2015 réfugiés au Rwanda seraient protégés.

« Une fois extradés, nous garantissons que les putschistes burundais de 2015 ne subiront aucune atteinte à leur intégrité physique. Ils seront traités conformément à la loi, au même titre que les autres putschistes déjà jugés et incarcérés », affirme le ministre Albert Shingiro.

Cette réponse vise à dissiper les craintes exprimées par le général à la retraite James Kabarebe, secrétaire d’État au ministère des Affaires étrangères du Rwanda chargé des relations avec les pays voisins.

Le général Kabarebe a souligné la disposition de Kigali à remettre ces individus aux autorités burundaises, mais sous une condition, « Kigali est prêt à remettre les putschistes aux mains des autorités burundaises à condition qu’un garant tiers s’engage formellement à protéger ces individus, afin d’exonérer le Rwanda de toute responsabilité quant à leur sécurité une fois extradés ».

Une extradition sous supervision internationale

En réponse à cette condition, le chef de la diplomatie burundaise propose la présence d’observateurs internationaux pour garantir une extradition transparente. « De notre côté, toutes les voies sont ouvertes. Nous demandons simplement que justice soit faite. Les Nations Unies, l’Union africaine, l’East African Community (EAC), ainsi que des représentants des médias, pourraient être invités à superviser l’opération, afin d’assurer son bon déroulement », a-t-il tenu à rassurer.

Le ministre burundais des Affaires Étrangères et de la Coopération au Développement a également souligné la volonté de son pays de normaliser les relations avec le Rwanda, mettant en avant l’importance de la coopération régionale.
« Nous sommes prêts à accueillir ces individus à tout moment, y compris dès demain, à notre frontière commune. Cette coopération est essentielle pour le bien de nos deux peuples », a ajouté le ministre Shingiro.

Des garanties centrées sur le respect des droits humains

Pour le politologue Dr Guillaume Ndayikengurutse, spécialiste en relations internationales, les assurances du Burundi concernent principalement les conditions de détention et le respect des droits fondamentaux des individus extradés.

« La garantie que le Burundi peut offrir au Rwanda est classée en matière de respect des droits de l’homme », a-t-il souligné, ajoutant que « le traitement qui leur sera réservé sera décidé par le pouvoir burundais, en fonction de ses perspectives en matière de paix, en matière de réconciliation ».

Ce politologue analyse cette question comme une tentative de concilier justice et respect des droits de l’homme, en soulignant les motivations géopolitiques potentielles du Rwanda dans cette affaire.
« Je ne crois pas que le sort qui serait réservé à ces Burundais qui sont sur le sol rwandais constitue réellement une préoccupation pour l’État rwandais. C’est peut-être un des arguments qui sont avancés pour permettre au Rwanda aussi de poursuivre ses propres intérêts dans un ordre géopolitique régional qui est de plus en plus complexe », a-t-il observé.

Selon Dr Guillaume, la question de l’extradition pourrait jouer un rôle central dans le rétablissement de la confiance entre le Burundi et le Rwanda, condition sine qua non pour une normalisation des relations bilatérales.

« On n’a qu’à s’en tenir à la parole de nos dirigeants pour croire effectivement que c’est cela qui bloque. Et donc on ne pourra le constater véritablement sur le terrain que lorsque cette extradition aura eu lieu », a-t-il ajouté.

Il a souligné la complexité et les multiples dimensions des relations entre les deux pays : « La rationalité derrière les tensions entre le Burundi et le Rwanda est toujours questionnable, indépendamment des conditions que les uns et les autres posent. Peut-être que les points de tension entre les deux pays se trouvent ailleurs qu’autour de cette problématique d’extradition des putschistes ».

L’extradition des putschistes de 2015 reste un point de tension entre le Burundi et Rwanda. Malgré les garanties burundaises sur le respect des droits humains, Kigali exige une protection formelle pour ces putschistes, mettant en lumière des défis dans la coopération et la confiance entre les deux pays frères, essentielle pour une vraie réconciliation.

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