Pour la première fois depuis son adhésion à l’ONU, le Burundi a été élu à la présidence de la 3ème Commission de l’Assemblée Générale. Cette élection présente des avantages significatifs mais suscite aussi des critiques, notamment en raison de la situation actuelle des droits de l’Homme dans le pays.
L’élection du Burundi à la tête de la 3ème Commission confère plusieurs avantages significatifs au pays, selon la délégation burundaise aux Nations unies. « Cela renforce la dynamique nationale en faveur de la démocratie, de l’État de droit et des droits de l’Homme », indique une publication de la délégation sur X (anciennement Twitter). Elle souligne également que la présidence de cette Commission offre au Burundi une visibilité accrue et une position stratégique pour influencer les politiques mondiales, notamment en matière de droits de l’Homme, de développement social et d’affaires humanitaires.
Sonia Niyubahwe, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a souligné que cette élection « montre que la confiance de la communauté internationale a été recouvrée ». Elle a ajouté que le Burundi sera désormais consulté sur des sujets traités au sein de la Commission, ce qui constitue un grand honneur et offre une grande visibilité au pays. Cette élection marque une étape importante dans la réhabilitation de l’image internationale du Burundi. Malgré les critiques persistantes sur les violations des droits de l’homme et les troubles politiques, l’élection du Burundi à la présidence de la 3ème Commission témoigne de sa reconnaissance en tant qu’acteur engagé dans la promotion des droits humains. Cela suggère une évolution de la perception internationale du pays vers un engagement sérieux dans ce domaine.
Sixte Vigny Nimuraba, président de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme du Burundi (CNIDH), souligne que cette reconnaissance internationale facilite la coopération en matière de protection des droits de l’Homme. Pour lui, l’élection du Burundi témoigne également de l’intérêt profond du pays pour le respect, la protection et la promotion des droits de l’Homme. « Je pense que le Burundi et ses institutions vont également contribuer à l’amélioration là où il faut », ajoute Nimuraba.
Défis et critiques
Pascal Niyonizigiye, expert en relations internationales, a exprimé des réserves liées à cette élection. « cette élection c’est une opportunité dont il faut profiter sur le plan diplomatique. Mais il ne faut pas oublier que cette élection se fait à tour de rôle. Ce n’est pas une question de mérite spécial. » Signale-t-il.
Il rappelle que des élections similaires ont lieu par rotation, comme en 1971 lorsque le Burundi a présidé le Conseil de sécurité des Nations Unies lors de l’admission de la Chine populaire.
Pascal estime que le Burundi peut en profiter sur le plan diplomatique, mais les rapports entre le Burundi et les puissances occidentales sur la question des droits de l’homme ne vont pas s’améliorer pour autant.
Niyonizigiye ajoute que l’élection offre une opportunité pour le Burundi de jouer un rôle plus actif dans la diplomatie en particulier les droits de l’homme et la stabilité régionale. Cependant, il souligne que le Burundi doit d’abord améliorer son image en matière de respect des droits de l’homme et lutter contre les violations des droits de l’homme pour vraiment mériter cette position. Selon lui, sans ces améliorations, « le Burundi sera à la tête de cette 3ème Commission, mais sans pouvoir faire améliorer son image. » Estime-t-il.
Cette élection suscite également des interrogations, notamment de la part de Lambert Nigarura, activiste des droits de l’Homme et président de la Coalition burundaise pour la Cour pénale internationale (CPI). Selon lui, il est difficile de comprendre les raisons derrière cette élection, rappelant que la situation des droits de l’Homme ne s’est jamais améliorée au Burundi. « En 2023, le rapporteur spécial des Nations unies sur le Burundi a précisé lors du dialogue au sein du Conseil des droits de l’homme que la situation des droits de l’homme ne s’est jamais améliorée au Burundi. Comment alors confier au Burundi la présidence de la Commission des droits de l’homme au sein des Nations unies ? », s’étonne-t-il.
Nigarura considère cette élection comme une contradiction, étant donné que le même organisme international accuse le Burundi de graves violations des droits de l’Homme et de l’impunité. Sur le plan intérieur, cette élection pourrait stimuler des réformes politiques et sociales. Le gouvernement burundais pourrait être encouragé à intensifier ses efforts pour améliorer la situation des droits de l’Homme et promouvoir une gouvernance plus transparente et inclusive. « Pour surmonter cela, je crois qu’il est primordial de se surpasser et de garantir le respect des droits humains au Burundi, de promouvoir la bonne gouvernance et de lutter contre l’impunité, sans quoi le Burundi n’aura rien à faire à ce poste », souligne Nigarura.
Lambert Nigarura reste sceptique quant à l’impact positif de cette élection sur les politiques et pratiques en matière de droits de l’homme au Burundi. Il exprime des doutes quant à la capacité du Burundi à utiliser cette position pour promouvoir les droits humains : « Je pense plutôt qu’il pourrait utiliser cette position pour continuer à nier l’évidence et fermer les yeux face aux multiples violations des droits humains commises en toute impunité au Burundi et ailleurs », ajoute cet activiste. Cependant, il reconnaît que c’est une opportunité pour le Burundi : « C’est une bonne occasion pour le Burundi de saisir la balle au bond et de garantir le respect des droits humains pour servir de modèle, mais je doute fort. »
Enfin, pour maximiser son impact, il estime que le Burundi doit se détacher de certaines personnes au sommet de l’État impliquées dans les violations graves des droits humains. « À mon humble avis, le pays doit d’abord se détacher de ces personnes au sommet de l’État impliquées dans les violations graves des droits humains. C’est la première étape et la plus importante pour faire progresser les droits humains, d’abord au Burundi puis au niveau international », suggère-t-il.
La 3ème Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies, également connue sous le nom de Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles, se concentre sur les droits humains, le développement social et les affaires humanitaires. Elle examine les rapports des rapporteurs spéciaux, représentants spéciaux, groupes de travail et procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. La Commission débat des questions liées à la protection des droits des enfants, à l’élimination des discriminations raciales, au droit à l’autodétermination et aux droits des femmes. Elle adopte des résolutions qui sont ensuite soumises à l’Assemblée générale pour adoption finale. En outre, elle engage des dialogues avec les titulaires de mandat sur les problématiques liées aux droits humains et aux enjeux environnementaux, comme l’accès à l’eau potable et les changements climatiques.
1. Pourquoi pas le Burundi? Tous les grands violeurs des droits de l’homme ont dirige cette commission: Iran, Arabie Saoudite, etc. Un regime issu d’un coup d’etat constitutionel et electoral et accuse de crimes contre l’humanite cherche toujours a redorer son blason. Les Nations unies, disaient le general de Gaulle, est un grand machin. Garant des accords d’Arusha, elles les a laisse etre violes impunement avec les consequences desastreuses actuelle: un pays en faillite economique, sociale et politique totale.
2. Les rapporteurs des NU au Burundi sont persona non grata mais les NU nomment le Burundi a la Commission des droits de l’homme.
3. Le regime a la specialite de toujours se tirer une balle dans le pied, exemple la fermeture des frontieres avec le Rwanda. Un pays sans le sou ne peut se permettre le luxe de diriger de telles commissions. Je suis sur que les ambassades burundaises vivent actuellement dans l’indigence. Du temps de Mobutu, les diplomates zairois dormaient dans leurs voitures faute de loyers.