En marge des rencontres avec les officiels et opérateurs économiques burundais, le chef de la délégation commerciale belge s’est confié à Iwacu. Selon Maurice Vermeesch, le développement de l’économie burundaise est au prix de celui des Petites et Moyennes Entreprises- PME. <doc3171|left>{Quel bilan faites-vous de cette édition de la Semaine belge ?} J’étais là lors de la première édition. Nous étions une vingtaine de personnes. Deux ans après, nous sommes 70. En 2010, la délégation est restée pendant trois jours. Maintenant, les deux-tiers passeront toute une semaine, la plupart monteront en province. Cela démontre l’intérêt de notre démarche. {Quelles sont les retombées pratiques de ces missions ?} Je retiens par exemple qu’une entreprise opérant dans les télécommunications a l’intention de créer une unité de production au Burundi. Un autre exemple : l’année dernière, la MXS, société belge spécialisée dans l’informatique médicale a conclu un accord de partenariat avec une entreprise burundaise, la Bustec. Pour cette 3ème semaine, les deux sont présentes sous un seul label : Open It. Cela me prouve que le guichet unique fonctionne et qu’il y a de très bonnes perspectives d’investissement au Burundi. {Quelle analyse faites-vous du secteur économique burundais ?} Il existe trois facteurs qui expliquent le peu d’investissements au Burundi. Premièrement, il y a la guerre, et ses multiples conséquences. Ensuite, la chose la plus importante, c’est le manque de la méso-finance à l’intention des entrepreneurs burundais, c’est à dire des petits prêts allant de 30.000 à 250.000 Euros. Partout au monde, les pays développés se sont appuyés sur les PME. Je pense de même que le Burundi n’a pas besoin de projets fantaisistes en millions d’Euros, mais plutôt d’entreprises rentables et adaptées au pays. {Le problème étant l’accès au crédit..}. Justement. C’est pourquoi je tiens beaucoup à des projets comme celui de la Belgian Bankers Academy, qui vise à renforcer le secteur financier burundais. Les prêts de 2 ans accordés au Burundi sont trop courts pour pouvoir financer des PME. Sur ce plan, nous avons la bénédiction du gouvernement burundais, et nous entendons aider à créer des conditions qui permettent l’octroi des prêts à moyen et long terme. {Le dernier facteur..}. Et bien, c’est tout simplement parce que le Burundi n’est pas connu en Belgique. En affaires, qui a l’information a la force. On ne peut pas traiter avec quelqu’un qu’on ne connaît pas, et c’est le problème de nombreux pays africains. Comme solution, le principal moyen de promotion, c’est le site web. Diffuser les opportunités d’affaires au Burundi, c’est aussi le rôle de l’API. Attention : non seulement on veut de l’information, mais surtout des données précises. Les entreprises burundaises devraient pouvoir se manifester, dire : nous offrons ceci, et nous cherchons tel profil de marché, ou de partenaire, etc. {Quelle vision pour l’investissement du secteur privé belge au Burundi ?} Le pays a un très beau lac. Maintenant, il faut créer de l’activité autour. L’idée est de mettre le Burundi tellement en avant pour qu’il devienne une plaque tournante de la région. Cela entraînera le développement du tourisme, l’industrie de l’hôtellerie, les transports, les services, etc. Le secteur privé belge peut, à cet effet, apporter une expertise à l’API pour faire connaître les potentialités du Burundi en terme d’investissements. {La question de la sécurité au Burundi : sentez-vous les investisseurs assurés ?} Si vous parlez de sécurité physique, on ne se fait pas beaucoup de soucis. Vous savez, qu’un bandit me tienne un revolver aux tempes en me demandant mon porte-monnaie, cela peut m’arriver à la sortie de cet hôtel ou en Belgique. Donc le banditisme n’existe pas seulement ici. Si vous parlez de sécurité au niveau juridique et judiciaire, nous avons une certaine garantie avec les dernières réformes engagées au niveau du Code Pénal, la création d’institutions protégeant l’investisseur ou encore les réformes dans la magistrature. Maintenant, il faudra voir comment cela se traduit en faits concrets. Plus généralement, on peut affirmer que le Burundi progresse, malgré des hauts et des bas, notamment au niveau des relations entre le gouvernement et l’opposition.