Cette attaque menée ce mercredi 7 mars 2012 vers 22 heures par un groupe d’hommes armés était dirigée contre le bureau communal et contre une maison en construction appartenant au chef de poste, c’est à la 5ème transversale. Le bureau communal n’était gardé que par ces quatre policiers.
Il y avait beaucoup de sang à plusieurs endroits dans les buissons situés à quelques mètres, derrière le bureau communal. Les murs portaient beaucoup d’impact de balles. Les vitres ont été cassées, le planton avait du mal à tout nettoyer. C’est vers 9 heures du matin que les bureaux ont été ouverts.
Des sources sur place nous indiquent que deux policiers auraient été égorgés dans ces buissons. Un autre policier a tenté de résister mais il a été ligoté à l’aide du drapeau national que ces hommes armés venaient de s’emparer, avant d’être tué. Le quatrième a été enlevé.
L’administrateur de la commune Gihanga, Bonaventure Ntirandekura n’est pas de cet avis, il donne une toute autre version des faits : il parle de "2 policiers blessés par des bandits armés". Selon lui, ces derniers voulaient piller les boutiques, le dépôt de la BRARUDI et les bureaux communaux.
Un cadavre a été retrouvé tout près de l’ITAB (Institut des techniques agricoles du Burundi) Gihanga non loin du bureau communal. Selon des sources sur place, il s’agirait du corps de l’un des policiers qui assuraient la garde de ce bureau communal mais le Commissaire provincial de la police s’est empressé à affirmer qu’il s’agit plutôt d’un des assaillants tué.
L’administrateur de la commune Gihanga fustige l’attitude de la population. D’après lui, les habitants de cette localité avaient des informations sur cette attaque mais ils n’ont pas voulu communiquer. « Il y en a qui les ont hébergé et ravitaillé ». Un militant du FNL a d’ailleurs été arrêté par la police ce matin même à Gihanga.
La population affirme que ces hommes armés s’étaient infiltrés dans ce secteur bien avant 22 heures. « Il y avait un mouvement bizarre de personnes qui n’était pas du coin », lance un habitant de Gihanga. « Les gens étaient encore au cabaret, mais c’était juste pour un dernier verre avant de rentrer, on dirait qu’il y avait quelque chose qui clochait, une sorte d’inquiétude, tout le monde semblait se douter de quelque chose », souligne un autre habitant de cette localité.
C’est vers 22 heures que les premiers coups de feu ont retenti. « Des tirs nourris ponctués de chants religieux caractéristiques des attaques des FNL du temps où ils étaient encore au maquis. Des alléluias étaient scandés comme cri de guerre et ces hommes armés affirmaient être des combattants du FNL et qu’ils étaient de retour », souligne un témoin, il était encore au bistrot quand cette attaque a été lancée.
Les tirs ont duré toute une heure. L’administrateur de la commune Gihanga parle de 15 minutes. Après avoir saccagé le bureau communal, ces hommes armés se sont dirigés vers la maison du chef de poste en construction. Ils se sont par la suite repliés vers la réserve de la Rukoko.
Des sources sur place indiquent que ces hommes armés en voulaient à ce chef de poste, Guillaume Magorwa, accusé par la population d’être à la base de nombreuses arrestations et disparitions des militants du FNL fidèles à Agathon Rwasa ces derniers temps dans ce secteur.