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Le bras de fer continue à Mbuga (Rumonge), atour du quartier haut standing en projet

05/05/2013 Commentaires fermés sur Le bras de fer continue à Mbuga (Rumonge), atour du quartier haut standing en projet

Les habitants de la zone Mbuga accusent le ministère de l’Aménagement du Territoire de vouloir les spolier afin de construire un quartier haut standing sur leurs terres. Celui-ci dément et parle d’une évacuation vers un autre lieu.

<doc4806|right>François Marabe, président du comité des propriétaires des terres à Mbuga n’y va pas par quatre chemins : « Le ministère veut nous spolier en nous évacuant de force. Nous ne l’accepterons jamais. » Secteur Mwange, à 6 kilomètres du chef-lieu de la commune Rumonge. La colère gronde auprès de la population vivant autour du stade académique de la place.
Selon ce sexagénaire, il est inadmissible que des milliers de personnes soient chassées sur un espace de 100 hectares, qu’elles occupent pour certains depuis 1945, afin d’y installer les plus nantis.

Le bras de fer dure depuis trois ans avec la construction dudit stade académique par le Président de la République. A l’époque, ces habitants dénoncent une expropriation illégale. Dans la foulée, ils apprennent qu’un quartier haut standing va être érigé aux alentours du stade. L’administration communale leur demande de quitter les lieux pour une prochaine viabilisation. Certains sont même emprisonnés le 3 août 2011.

Le 10 février 2012, après plusieurs tractations, une délégation du ministère de l’Aménagement du Territoire rencontre les représentants de ces habitants. Ceux-ci exigent qu’il y ait des négociations devant aboutir à un accord de partage des terres avant toute viabilisation. Le ministère refuse et exige à son tour un levé topographique pour déterminer la superficie du site. Les deux parties se conviennent de mettre en place un comité tripartite de 20 membres pour trouver une solution.

« La loi a été violée »

Mais, depuis deux mois, confie Médiatrice Ndagijimana, avocate et vice-présidente de la commission représentant ces habitants, ces gens vivent dans la crainte d’être évacués à tout moment. Pourtant, explique-t-elle, le nouveau Code Foncier de 2011, en son article 441, stipule qu’une propriété peut faire l’objet d’expropriation pour cause d’utilité publique au bénéfice de l’Etat ou de toute autre personne publique, moyennant le versement d’une juste et préalable indemnité. Or, selon elle, le projet consiste en la construction des maisons des particuliers. Ipso facto, assure-t-elle, la loi a été violée.
Pis encore, ajoute-t-elle, hormis les cas où l’expropriation a pour but de constituer une zone protégée, seul le terrain nécessaire aux infrastructures d’utilité publique et leurs dépendances peut faire l’objet d’expropriation. Pourtant, elle rappelle que ce secteur s’étend sur plus de 100 hectares.

Pour sortir du bras de fer, Médiatrice Ndagijimana propose que 60% des parcelles qui y seront aménagées leur soient attribuées et que le ministère gère le reste, une fois la viabilisation terminée. Quant à la volonté du ministère de les évacuer, l’avocate trouve étrange que ce ministère se donne autant de peine pour des gens qui se sont installés illégalement sur des terres de l’Etat. « Pourquoi ne pas nous chasser tout simplement. Cela démontre que nous avons raison quand nous disons que ce sont nos terres », explique-t-elle.

Le ministère promet une solution

Gérard Ndikumana, administrateur communal de Rumonge n’est pas de cet avis. Pour lui, la question du vrai propriétaire des parcelles de Mbuga ne se pose plus, car ces terres appartiennent à l’Etat : « Cette question est déjà tranchée et nous leur avons trouvé d’autres terres », indique-t-il. Et de préciser que l’OHP (office de l’huile de palme) a accepté de rendre disponible des terres qui seront distribuées aux actuels habitants de Mbuga.

Omer Niyonkuru, chef du département de l’Aménagement du Territoire ne confirme ni dément les propos de l’administrateur communal de Rumonge. Toutefois, il accuse quatre personnes de Mbuga d’intoxiquer les habitants de cette localité : « Ce n’est pas un quartier haut standing qui y sera érigé comme le laisse entendre certains mais un site touristique avec des hôtels, des restaurants VIP, des écoles, etc. » Pour lui, il s’agit donc des infrastructures d’utilité publique.

Concernant une éventuelle évacuation, M. Omer Niyonkuru estime que cette tâche ne peut pas être réalisée avant un levé topographique pour connaître combien d’hectares ces habitants occupent et la superficie qu’il leur faut. A cet effet, fait-il savoir, il compte opérer une descente à Rumonge pour s’entretenir avec ces habitants et l’administration communale.

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